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que les Payfans recueillent avec beaucoup de foin dans des petits vafes de Porcelaine, où il fe durcit à la longue, & fert dans les maladies caufées par une trop grande chaleur. Pour le fruit il reffemble, comme j'ai déja dit, à une Grenade; cependant il s'amincit & s'allonge vers la queue, qui eft longue, dure, & fort difficile à arracher. Lorsqu'il eft parvenu à un certain degré de maturité, on le cueille, & l'on en fait une espèce de cidre fans aucun mélange d'eau. Cette liqueur fe conferve parfaitement bien, & l'on en ufe dans les maladies que j'ai nommées, avec un très-grand fuccès.

Le Tcha cette Simple fi eftimée à la Chine, eft ici d'un grand fecours, On la garde

dans quelque vafe d'étain pour mieux conferver fa vertu, & c'eft un remède fouverain contre la colique, le sommeil, le mal de tête, la pierre & les catharres.

Le Pourpre eft une maladie fort dangereufe en Europe: ici peu de perfonnes en meurent. Voici la manière dont les Tonquinois s'en guériffent. Ils prennent une moëlle de Jonc, la trempent dans l'huile, l'allument, & l'appliquent fucceffivement fur toutes les marques du Pourpre ; là chair alors fe fend avec un bruit pareil à celui d'une petite fufée; auffi-tôt on en exprime le fang corrompu, & l'on finit par frotter les plaies avec un peu de gingembre. Ce remède doit être fort douloureux; mais j'en ai vu des

effets fi finguliers, que je ne doute nullement de fon efficacité.

Les morfures de Serpens font ici fort communes, mais il eft facile d'en guérir. Nous avons une petite pierre femblable à une châtaigne, dont la vertu m'a toujours paru miraculeufe. On la nomme Pierre de Serpent Quand on a été mordu de quelque reptile vénimeux, on exprime le fang de la plaie, & l'on y applique la pierre dont je viens de parler. D'abord cette pierre bienfaifante s'attache à la bleffu-* re; peu à peu elle en attire le poifon. Lorfqu'elle en eft impregnée, elle tombe, & on la lave dans du lait ou dans de l'eau, où l'on a foin de delayer un peu de chaux; puis on l'applique de nouveau

fur la plaie, dont elle se détache d'elle-même, après en avoir bu tout le venin. J'ai été témoin, il y a quelques jours, de la vertu prodigieufe de cette pierre. Un de nos Chrétiens ayant été mordu d'un Serpent, je la lui fis appliquer, & en moins d'une heure le malade fe trouva fans fièvre & fans douleur.

Les faignées ne font gueres en ufage dans le Tonquin. Les Médecins François qui les recommandent avec tant de foin, feroient bien furpris fi on leur difoit que c'eft ici la dernière reffource des gens de l'Art; encore, avant d'y avoir recours, faut-il être bien affuré que les autres remèdes ne peuvent être au malade d'aucune utilité. A la vérité, les Tonquinois ne doivent pas

avoir

avoir un befoin fi fréquent de la faignée que les Européens; leur fang eft naturellement plus pur, leur nourriture plus faine, leurs exercices plus violens & plus multipliés; d'ailleurs, ils font un fi grand ufage des racines & des fimples, qu'ils font beaucoup moins fujets aux maladies qu'occafionnent en Europe l'abondance & la corruption des humeurs. Outre cela quand les Tonquinois fe fentent oppreffés ou engourdis, ils fe fervent d'un remède dont l'effet eft auffi prompt que falutaire: voici en quoi il confifte. Il y a, comme vous favez, dans la mer qui baigne l'Ifle de Haynan, une espèce de Cancre, dont la vertu eft de purifier la maffe du fang. Cet animal étant jetté par les 30e Rec,

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