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partenances, & quatre Aldées * avec les leur, devinrent un apanage de la Compagnie de France.

M. Paradis, devenu Commandant de Kareikal, fongea d'abord à mettre cette ville en état de défense. Il y avoit une pagode confidérable & fameufe dans le pays; il la convertit en fortereffe. Baftions, chemin couvert, foffés profonds, cafernes, poudriere, chapelle, logemens pour les Officiers, rien ne fut oublié. Un petit Pagotin, à la portée du canon, & fitué au NordQueft, près la rivière, devint un petit Fort dans les règles, & Kareikal fe trouva dès

*Bourgs.

lors à l'abri de toute infulte de la part des Noirs. Quand ces ouvrages furent finis, on nomma deux Miffionnaires pour avoir foin de cette nouvelle Chrétienté, & l'on bâtit une Eglife dans le centre du bourg. On n'y comptoit alors qu'une centaine de Chrétiens; le nombre des Communians y monte aujourd'hui à plus de deux, mille. Au bout de trois ou, quatre ans on fonda une nouvelle Eglife dans l'Aldée ou bourg dont M. Paradis s'étoit rendu maître, & il s'y eft formé une Chrétienté nombreufe, qui donne les plus belles efpérances. C'eft pour partager les travaux multipliés d'un ancien & refpectable Miffionnaire appellé le P.du I rembloy, que les Supérieurs m'ont

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envoyé dans ces quartiers. La réfolution que le Conful de Pondicheri a prise d'en augmenter la garnison, n'a pas peu contribué à m'y fixer.

Je partis de Pondicheri vers Je commencement de Janvier de cette année 1755. Je trouvai, en arrivant au lieu de ma Miffion, mon refpectable Collègue. C'eft un homme d'environ foixante-trois ans, qui, malgré le poids de l'âge & les occupations de la vie la plus dure & la plus laborieufe, ne cède en rien au plus fervent au plus zélé & au plus robufte de nos Miffionnaires. C'eft fous fa direction & par fes foins que je fuis enfin venu à bout d'entendre & de parler une langue qui furpaffe en difficultés prefque toutes celles de

l'Indoftan; rien de plus bizarre que fa conftruction; le nombre de fes termes, & l'étendue de leur fignification déconcerteroient l'homme le plus ftudieux & le plus appliqué; enfin, la prononciation, la variation des tems, la quantité, tout y porte un caractère de barbarie que je ne faurois yous exprimer; mais le defir de fe rendre utile à des ames rachetées au prix du fang d'un homme-Dieu, & de procurer la plus grande gloire du Seigneur, fait dévorer avec plaifir les plus grandes difficultés. Je ne pourrois vous rendre, Monfieur la joie fecrete que je reffens toutes les fois que j'annonce la parole de Dieu dans une langue qui me paroiffoit fi affreufe il y a un an.

Vous comprenez aisément que dans cette Miffion naiffante, nous ne manquons pas d'occupations. A peine ai-je le tems de refpirer; car, outre les travaux inféparables de la charge de trois ou quatre mille Chrétiens, charge que je partage à la vérité avec le P. du Trembloy, mais qui augmente tous les jours, on a jugé à propos de me confier le foin de la garnifon, qui fe trouve compofée de plus de cent cinquante Européens ou Taupas. Cet emploi m'oblige de me rendre au Fort deux fois les Dimanches & Fêtes, pour y chanter la grand'Meffe & les Vêpres, & y faire une inftruction que je termine par la bénédiction du S. Sacrement. Ces chers foldats, que

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