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on doit juger par fon récit que le coup partit d'un efcadron qui fuyoit devant l'Empereur, & ne ceffoit de tirer en fuyant: ce qui faifoit qu'on crioit de tous côtez à ce Prince, qu'il prît garde à lui. Et quand on le vic tomber, toute l'armée ne douta pas d'où venoit le coup, & ne fongea tb.x. 16. plus qu'à vanger fa mort fur les ennemis. Eutrope qui l'avoit fuivi dans cette guerre, dit expreffément que cet Empereur en s'expofant inconfidérément, fut tué de la main d'un en'Aur.in Ju- nemi hoftili manu. Aurelius Victor ljano. ajoûte que ce fut par un ennemi qui fuyoit devant lui avec les autres, Cétoit pourtant un payen auffi-bien qu'Eutrope. Voila trois payens, auteurs du temps ou des temps voifins, qui juftifient les chrêtiens contre la calomnie de M, Bafnage, & Rufus Ruf. Feft. Feftus pareillement auteur du temps, brev.adVal. & appatement payen comme les

Aug.

autres, confirme leurs témoignages Comme il s'étoit, dit-il, éloigné des fiens, il fut percé d'un dard par un cavalier ennemi qui vint à sa ren

perfonne, c'est l'Eglife; & on ne craint point d'affeurer fur de fi foibles témoignages que l'Eglife non contente de fe revolter contre l'Empereur (ce qui n'avoit jamais efté ) a mefme trempé fes mains dans fon fang: ce qu'on ne peut penfer fans horreur. Tel eft le raifonnement de noftre Miniftre; mais pour enfin venir au détail que j'ai promis, tout eft faux dans fon difcours : il eft faux d'abord qu'un foldat chreftien foit coupable de la mort de Julien. Aucun hiftorien ni payen ni chrêtien ne le dit. Zozime l'ennemi le plus Zoz. 111 declaré du chriftianifme & des chrêtiens, ne le dit, ni à l'endroit où il raconte la mort de Julien, ni en aucun autre. Il eût eu honte de reprocher aux Chrétiens un crime que perfonne ne leur imputoit. Ammian Marcellin auteur du temps, & payen auffi-bien que Zozime, en rappor- Lib. XXV tant avec foin tout ce qu'on a fçû de la mort de Julien, ne marque en aucune forte cette circonftance qu'il n'auroit pas oubliée ; au contraire

on doit juger par fon récit que le coup partit d'un efcadron qui fuyoit devant l'Empereur, & ne ceffoit de tirer en fuyant ce qui faifoit qu'on crioit de tous côtez à ce Prince, qu'il prit garde à lui. Et quand on le vit tomber, toute l'armée ne douta pas d'où venoit le coup, & ne fongea [b.x. 16. plus qu'à vanger fa mort fur les ennemis. Eutrope qui l'avoit fuivi dans cette guerre, dit expreffément que cet Empereur en s'expofant inconfidérément, fut tué de la main d'un en'Aur.in Ju- nemi hoftili manu. Aurelius Victor Hange ajoûte que ce fut par un ennemi qui fuyoit devant lui avec les autres, Cétoit pourtant un payen auffi-bien qu'Eutrope. Voila trois payens, auteurs du temps ou des temps voifins, qui juftifient les chrêtiens contre la calomnie de M, Bafnage, & Rufus Ruf. Feft. Feftus pareillement auteur du temps, brev.adval. & apparement payen comme les autres confirme leurs témoignages Comme il s'étoit, dit-il, éloigné des fiens, il fut percé d'un dard par un cavalier ennemi qui vint à fa ren

Aug.

Philoft.

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contre. Loin qu'on pût foupçonner les fiens d'avoir fait le coup, on voit par cet hiftorien qu'il en eftoit éloigné lors qu'il le receut. Philoftorge lib. VII. 6. raconte auffi, qu'il fut tué par un Sarrazin qui fervoit dans l'armée de Perfe, & qu'aprés que ce Sarrazin ent fait fon coup, un des gardes de l'empereur lui coupa la tefte. Quoique cet hiftorien foit Arrien, il eft auffi bon qu'un autre, hors les interefts de fa fecte, fur tout eftant foûtenu par tant d'autres hiftoriens auffi peu fuf. pects. Toute l'armée comme on vient de voir, n'en eut pas une autre opinion: Julien mefme qui n'auroit pas ménagé les Galiléens, ne les accufa de rien, encore qu'aprés ibid. fa bleffure il ait eu de longs entrétiens avec les amis, & mefme avec le Philofophe Maxime, qui l'aigriffoit le plus qu'il pouvoit contre les chrêtiens;mais il ne fut rien dit contre eux en cette occafion. Le feul qui attribue le coup à un chrêtien, c'eft Li- Liban. Jul banius que M. Bafnage n'a ofé citer; Epitaph. parce qu'il fçait bien que ce n'eft pas

Amm. Marc

Ibid

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un hiftorien, mais un déclamateur
& un fophifte, & qui pis eft, un fo-
phifte calomniateur manifefte des
chrêtiens, qui porte par confequent
fon reproche dans fon nom; qu'au-
cun hiftorien ne fuit, que les hifto-
riens démentent; qui ne fait pas une
hiftoire, mais une déclamation où
encore il ne dit rien de pofitif, &
nous allégue pour toutes preuves fes
conjectures & fa haine. Mais ent
core quelles conjectures: Perfonne
dit-il, ne s'eft vanté parmi les Perfes
d'un coup qui lui auroit attiré tant de
récompenfes. Comme fi celui qui le
fit en fuyant
fuyant, comme on vient de
voir, n'avoit pas pû le faire au ha-
zard, & fans le fçavoir lui-même
ou qu'il n'eût pas pû périr auffi- tôt
aprés, à la maniere que dit Philof-
torge, ou par cent autres accidens.
Mais quand Libanius auroit bien
prouvé que Julien fut tué par un
des fiens; pour en venir à un chrê-
tien, il n'avoit plus pour guide que
fa haine: On ne peut, dit-il, accufer
de cette mort que ceux à qui fa vie

n'étoit

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