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crime fi noir; comment ofe-t-on aujourd'hui le juftifier? Qui ne voit ici qu'on fe mocque, & qu'il n'y a dans les réponses des Miniftres ni fincerité, ni bonne foy Calvin, je l'avoue, improuva beaucoup l'entreprise, après qu'elle eut manqué & s'en difculpe autant qu'il peut : mais fi Beze avoit remarqué dans le fond & dès l'origine qu'elle luy eût paru criminelle plûtôt que mal concertée, en auroit-il entrepris fi hautement la défenfe? Y avoitil fi peu de concert entre ces deux Chefs de la Réforme fur la regle des mœurs, & fur le devoir des fujets? Beze auroit il propofé comme une chofe approuvée par les plus doctes Theologiens, ce que Calvin auroit détesté jufqu'à en avoir de l'horreur? Calvin tenoit il un fi petit rang parmi les Theologiens de la Réforme ? M. Bafnage felon fa coûtume diffimule tout cela : & fe conEafn. ibid. tente de dire que M. de Meaux fait éclater fon injuftice contre Calvin d'u

Var, ibid. ne maniere trop sensible. Pourquoi ?

parce que je dis que ce pretendu Réformateur à prendre droit par luymême agit trop mollement en cette occafion, & qu'il devoit dénoncer le crime. Mais l'Amiral lui en donnoit l'exemple, puifqu'on vient de voir qu'il étoit en difpofition de tout reveler s'il l'eût fçû: il ne falloit pas qu'un réformateur fçût moins font devoir qu'un courtifan. M. Bafnage devoit répondre à cette raifon, avant que de m'accufer d'une injuftice fi fenfible envers Calvin. Mais il ne penetre rien, & ne fait que fupprimer les difficultez. Cependant comme s'il avoit fatisfait à celle-ci qui eft fi preffante & fi clairement expofée dans l'hiftoire des Variations, il demande avec un ton de confiance: que pouvoit faire Calvin qu'il n'ait fait? Ce qu'il pouvoit ? rompre abfolument l'entreprise en la faifant declarer au Roy ou à la Juftice. L'ordre des Empires le veut : la loy éternelle l'ordonne: fi Calvin en ignoroit les regles feveres, pourquoi prenoit il le titre de Réformateur? I}

n. 64.

S. Avert. étoit François, & faifoit femblant de conferver dans Genéve les fentimens d'un bon citoyen & d'un bon fujet. Quand donc il l'en faudroit croire & fe perfuader fur fa parole qu'il a fait veritablement tout ce qu'il raconte après que le coup a failli, toûjours de fon aveu propre il demeurera impliqué dans le crime, puifqu'il l'a fçû fans le reveler. Lorfqu'on fçait un complot d'affaffinat on n'en eft pas quitte pour l'improuver: il faut avertir celui qui est en peril; & en matiere d'Etat, il faut du moins faire entendre au coupable s'il ne fe defifte d'un fi noir deffein contre fon Roy & fa patrie, on en avertira le Magiftrat; autrement on y participe: & voila le Chef de la Réforme, quoi qu'en dife M. Bafnage, complice manifeftement felon la loy éternelle du crime des conju

XX.

que

rez.

Il l'a été beaucoup davantage des Que Calvin a autorife guerres civiles. Que diriez-vous d'un les guerres Docteur, fi écrivant à un chef de civiles & rebelles ou de voleurs qui fe glori

fieroit d'être fon difciple; au lieu la rebel-
de lui faire fentir l'horreur de fon lion, &
crime il lui prefcrivoit feulement que M. Baf-
nage l'en
comme à un homme autorisé par défend mal.
le public, les loix d'une milice legi-
time? c'eft précisément ce qu'a fait
Calvin. J'ai rapporté une lettre qu'il
écrit au Baron des Adrets, le plus ar Var. X. 35.
dent & le plus cruel de tous les chefs
de la Réforme. Dans cette lettre il
ne blâme que les violences, la dé-
predation desReliquaires & les autres
chofes de cette nature faites fans l'an
torité publique. Mais il fe garde bien
de luy dire, que le titre même du
commandement qu'il ufurpoit, étoit
deftitué de cette autorité : par confe-
quent que la guerre entreprise de

cette forte étoit non-feulement dans
fes excez,
mais encore dans fon
fond une revolte, un attentat, &
en un mot un brigandage plûtôt
qu'une guerre legitime. Au lieu de
lui reprocher fon impieté à tourner
fes armes infideles contre fa patrie
& contre fon Prince, il fe contente
de luy dire comme faint Jean fai

Luc. III.

14.

foit aux foldats legitimement enrôllez fous les étendarts publics, ne faites point de violence, & contentezvous de votre paye. Les Catholiques & les Proteftans concluent d'un commun accord de cette décision de faint Jean avec faint Auguftin & les autres Peres, que la guerre fous un legitime Souverain eft permife: puifque faint Jean n'en reprenant que les excès, il s'enfuit qu'il en approuve le fond. Mais par la même raifon on démontre manifeftement à Calvin qu'il autorifoit la guerre civile. M. Bafnage répond premierement qu'on ne dit pas toujours tout dans une lettre, & que Calvin avoit W.ch. 20. affez expliqué ailleurs, qu'il falloir obéir aux Rois, lors même qu'ils étoient méchans & indignes de porter le feep-. tre. Le Miniftre voudroit nous donner le change. La queftion n'étoit pas s'il falloit obéïr aux mauvaisRois. La Réforme ne prenoit pas pour prétexte de fa revolte leur injuftice en general, mais en particulier la feule perfecution: c'étoit donc contre

Ibid $16.

Calv. inft.

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cette

2

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