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cette erreur que Calvin la devoit munir pour lui ôter les armes des mains, & il falloit lui montrer qu'à l'exemple de l'ancienne Eglife, on doit obéir même aux Princes persecuteurs. C'est ce que devoit faire un Reformateur mais c'eft de quoi Calvin ne dit pas un mot dans le paffage allegué par notre Miniftre, & s'il eût eu ce fentiment dans le cœur, il le falloit expliquer en écrivant à un Chef de la revolte; car c'eft le cas d'appliquer les grandes maximes au fait particulier, & d'inftruire à fond de fes devoirs celui qu'on entreprend d'enfeigner.

, que

Mais M. Bafnage répond en fe- ibid. cond lieu que c'étoit affez entreprendre contre le Baron des Adrets de vouloir d'abord réprimer fa fureur : on n'obtient rien, pourfuit-il, quand on demande beaucoup. Je vous entends, M. Bafnage: en effet, c'eft trop demander à la Réforme que de luy preferire de pofer les armes qu'elle a prifes contre la Patrie. Mais fi Calvin n'eût rien obtenu; fi fes difci

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plesavoient perfifté contre fon avis dans une guerre criminelle, la proteftation qu'il eût faite contre leur infidelité eût fervi de témoignage à fon innocence. Je croi ici que M. Bafnage fe moque en fon cœur de notre fimplicité, de demander à Calvin de femblables declarations. Ce n'eft pas le ftyle des Miniftres; nous trouvons bien dans Beze les protestations qu'ils firent contre la paix d'Orleans: afin que la pofterité fût avertie comme ils s'étoient dans cette portez affaire. Mais des proteftations contre la guerre civile, on n'en trouve Var. X.47 point dans leur hiftoire: ce n'étoit pas là leur esprit, ni celui de la Ré

Hift. T. II. Liv.VI.282.

forme.

XXI. M. Bafnage ofe foûtenir cette proProteftation teftation des Miniftres; mais la raides Mini fon qu'il en rend eft admirable. Les ftres contre Miniftres, dit-il, avoient raifon de la paix d'Orleans: rai- s'opposer à ce traité, puisque le Prince fon de M. vouloit les facrifier à fa grandeur. Sans Bafnagepour doute il valoit bien mieux que les la foutenir. Miniftres le facrifiaffent à leurs inIbid. p.s20. terêts avec toute la Nobleffe & le

peuple qui le fuivoit, & que toute la France fût en fang plûtôt que de bleffer la délicateffe de ces Docteurs qui vouloient être les maîtres de tout. L'aveu au moins eft fincere. Mais, pourfuit, M. Bafnage: Leurs demandes étoient juftes dans le fond, puifqu'ils fouhaitoient feulement qu'on obfervât un Edit qu'on leur avoit don. né: il ne s'agiffoit pas de decider fi la guerre étoit jufte, ou non. Quelle erreur de prêcher la guerre fans avoir auparavant decidé qu'elle étoit jufte M. Bafnage fe mocque-t-il d'alleguer de telles raifons? mais les Miniftres, ne fongeoient, continuë-t-il, qu'à pourvoir à la feureté de Var. X. 47. leurs troupeaux. Nous avons fait voir ailleurs que le Prince Y avoit pourvû, & que toute la queftion n'étoit que du plus au moins; mais en quelque façon qu'on le prenne, c'étoit donc un point refolu par fentiment des Miniftres que la guerre étoit legitime, puifqu'à quelque prix que ce fût & aux dépens du

le

XXII.

fang de tous les François ils vouloient qu'on la continuât.

Voyons maintenant les raifons par Trois rai- lefquelles notre Auteur ofe foûtefons du Mi nir que cette guerre étoit jufte : il niftre pour le réduit à trois principales: la prejuftifier les miere, qu'il s'agiffoit de la punition guerres de du maffacre de Vaffi commis par le la Réforme: La premiere Duc de Guife, laquelle la Reine avec qui eft tirée fon confeil avoit folemnellement produ pretendu mife malgré les oppofitions du Roy de massacre de Navarre & du Cardinal de Ferrare,

Vaffi, eft infontenable.

P. 519.

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qu'ainfi les Proteftans avoient droit de la demander, & de fe plaindre fi on ne la faifoit pas. La feconde raifon de M. Bafnage, c'est qu'on ne s'uniffoit que pour un Edit que les Parlemens de France & les Etats avoient verifié. La troifiéme qui paroît la plus vrai femblable, c'eft que le Prince fous la conduite duquel la Réforme se réünit, agiffoit par les ordres de la Reine regente: c'étoit donc lui qui étoit muni de l'autorité publique, & il ne regardoit le Duc de Guile qui étoit le Chef du parti contraire, que comme un par

mot,

ticulier contre lequel on avoit droit de s'élever comme contre un ennemi de l'Etat. Au refte, M. Bafnage declare d'abord qu'il ne prétend pas traiter cette matiere épuisée par d'antres Auteurs, & qu'il touchera feule. ment les reflexions que M. de Meaux Var.X.n.44. a faites. Mais c'eft juftement ce qu'il oublie. Sur le prétendu massacre de Vally, ma principale remarque a été que ce n'étoit pas une entreprife prémeditée, ce que j'établis en un mais d'une maniere invincible par le confentement unanime des hiftoriens non fufpects. Ma preuve eft fi convainquante que M. Burnet s'y eft rendu. Je lui avois fait le re- Var. ibid. proche d'avoir pris le defordre de Vaffi pour une entreprise premeditée & voici comme il y répond il m'accufe (M. de Meaux) de m'être mépris fur le but du massacre de Vassi. Mais il n'y a rien dans l'Anglois qui marque que j'aye cru que ce fût un l'hift. des deffein formé, & je ne fuis refponfa Variat. n. ble que de l'Anglois. Je n'en fçai x1. p. 33. rien, puifqu'il a donné à la version

Crit. de

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