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AN.M.3700.

ARTICLE PREMIER

§. I.

Hieron, fecond du nom, eft choisi pour Capitaine Général à Syracuse, & bientôt après nommé Roi. Il fait alliance avec les Romains au commencement de la première guerre Punique.

HIERON II defcendoit de la Av.J.C.304. famille de Gélon, qui avoit autrefois Juftin. 1. 23. cap. 4. régné à Syracufe. Comme fa mere étoit d'une condition servile, Hiérocle fon pere, felon la barbare cou tume de ces tems-là, le fit expofer peu de tems après fa naiffance, croiant que cet enfant deshonoroit la nobleffe de fa race. Si l'on en croit le récit fabuleux de Juftin, des abeilles le nourrirent pendant plufieurs jours. L'Oracle aiant déclaré que cet événement fingulier étoit un présage affuré de fa future grandeur, Hiérocle le fit reporter à fon logis, & l'éleva avec tous les foins poffibles.

L'enfant tira de cette éducation tout le fruit qu'on en pouvoit attendre. Il fe diftingua dans la fuite entre tous fes égaux par fon adreffe dans tous les exercices militaires, & par fon coura ge dans les combats. Il mérita l'efti

me de Pyrrhus, & reçut de fa main plufieurs récompenfes. Il étoit beau de visage, d'une grande taille, & d'une complexion robufte. Il a faifoit paroitre beaucoup de douceur & d'honnêteté dans les converfations, de juftice dans le maniement des affaires de modération dans le commandement: de forte qu'il ne lui manquoit que la qualité de Roi, en aiant déja toutes les vertus.

La diffenfion s'étant mife entre les Ax.M.37%9a citoiens de Syracufe & leurs troupes Polyb.lib. 1. Av.J.C.275celles-ci, qui étoient dans le voilina- pag. 8. 9 ge, élevérent Artémidore & Hiéron au fouverain Commandement, ce qui renfermoit toute l'autorité civile & militaire. Le dernier étoit alors âgé de trente ans, mais d'une prudence & d'une maturité qui annoncoit un grand Roi. Honoré du commandement, il entra dans la ville par le moien de quelques amis, & aiant fû gagner ceux qui étoient d'un parti contraire, & qui ne cherchoient qu'à brouiller, il fe conduifit avec tant de fageffe & de grandeur d'ame, que les Syracufains, quoique très mécontens

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fus ut nihil ei regium de-
effe, præter regnum, vi
deretur. Juftin.

de la liberté que s'étoient donné les foldats de faire une élection qui n'étoit pas de leur compétence, ne laifférent pas de lui conférer d'un confentement unanime le titre & le pou voir de fouverain Commandant.

Dès fes premiéres démarches, il fut aifé de juger que le nouveau Magiftrat afpiroit à quelque chofe de plus qu'à cette charge. En effet, voiant qu'à peine les troupes étoient forties de la ville, que Syracufe étoit troublée par des efprits féditieux & ama teurs de la nouveauté, il fentit de quelle importance il étoit qu'en fon abfence, & en celle de l'armée, il pût compter fur quelqu'un qui retint la bourgeoifie dans le devoir. Leptine lui parut fort propre pour ce ministére. Il avoit beaucoup de gens dévoués à fes intérêts, & un grand crédit auprès du peuple. Hieron fe l'attacha pour toujours en époufant fa fille, & par cette même alliance il affura la tranquillité publique pour les tems où il feroit obligé de s'éloigner de Syracufe, & de marcher à la tête des armées.

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Un autre coup de politique bien plus hardi, mais bien moins légitime, le mit en fureté & en repos pour tou

jours. Il avoit tout à craindre de la part des foldats étrangers, efprits remuans & mal intentionnés, fans ref pect pour leurs Commandans, fans affection pour un Etat dont ils ne faifoient point partie, uniquement occupés du defir de dominer ou d'amaffer de l'argent, & toujours préparés à la revolte; qui aiant été affez hardis pour s'arroger par l'élection des Magiftrats un droit qui ne leur appartenoit point, étoient capables fur le moindre mécontentement, de tout entreprendre contre lui même. Il comprit aisément qu'il n'en feroit jamais le maître, parce qu'ils étoient trop bien unis; que s'il entreprenoir de punir les plus coupables; leur châ timent ne manqueroit pas d'irriter le refte; & que l'unique moien de faire ceffer les troubles, étoit d'exterminer entiérement cette milice factieufe dont la licence & l'efprit de rébellion ne pouvoit que corrompre les autres, & les porter à de pernicieux excès. Trompé par un faux zêle & un amour aveugle du bien public, & touché vivement auffi par la vûe des dangers auxquels il feroit expofé à tout moment, il crut devoir en venir, pour le

falut de la patrie & pour fa propre fureté, à cette dure & facheufe extré mité, qui étoit contraire à fon caractére auffi bien qu'à l'équité, mais qui lui parut néceffaire dans la conjoncture préfente. Il fe mit donc en campagne fous prétexte d'attaquer les * Mamertins. Quand il fut arrivé à la vûe des ennemis, il partagea fon armée en deux : pofta d'un côté les foldats qui étoient Syracufains, & de l'autre ceux qui ne l'étoient pas. Il se mit à la tête des premiers comme pour faire une attaque, & laiffa les autres expofés aux Mamertins qui les taillérent tous en piéces : après quoi il retourna tranquillement à Syracuse avec les troupes de la ville.

L'armée ainfi purgée de tout ce qui pouvoit y caufer des troubles & des féditions, il leva par lui-même un nombre fuffifant de nouvelles troupes, & remplit enfuite paisiblement les devoirs de fa charge. Les Mamertins fiers de leurs premiers fuccès, fe répandant dans la campagne, il marcha contre eux avec les troupes Syracufaines, qu'il avoit bien armées &

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toient emparéos de Messine, après en avoir égorgé les principaux habitans.

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