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ennemis de la patrie, & ordonnent qu'on les arréte & qu'on les lie. Les foldats s'y oppofent avec de grandes menaces. Ces deux Généraux envoient à Syracufe, pour informer le Sénat de ce qui fe paffe.

Cependant l'armée s'avance vers Mégare, & rencontre fur fa route un homme apofté par Hippocrate,& chargé d'une lettre qui paroiffoit être écri te par les Magiftrats de Syracufe à Marcellus. Ils le louoient du carnage qu'il avoit fait à Léonce, & l'exhortoient à faire le même traitement à tous les foldats mercénaires, pour rendre enfin la liberté à Syracufe. La lecture de cette Lettre fuppofée fouléve les mercénaires, dont ce corps étoit prefque entiérement compofé. Ils veulent fe jetter fur le peu de Syracufains qui s'y trouvent. Hippocrate & Epicyde empéchent cette violence, non par un fentiment de miféricorde ou d'humanité, mais pour ne pas perdre entiérement l'efpérance qu'ils avoient de rentrer dans Syracufe. Ils y envoient un homme qu'ils avoient gagné, qui y raconte le pillage de Léonce conformément à leur premier récit. Ces bruits font écoutés favora

AN.M.3790.
Av. J.C.214.

m. 33.34.

blement de la multitude, qui s'écrie qu'il faut fermer les portes aux Romains. Hippocrate & Epicyde arrivent cependant auprès de la ville, dans la quelle ils entrent moitié par force moitié par les intelligences qu'ils y avoient. Ils tuent les Magiftrats, & s'emparent de la ville. Le lendemain les efclaves font affranchis, les prifonniers délivrés, & dans une affemblée tumultuaire Hippocrate & Epicyde mis dans les premiéres places. Syracuse ainfi, après un court raion de liberté, retomba dans fon ancienne fervitude.

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Le Conful Marcellus forme le fiége de Syracufe. Les pertes confidérables d'hommes & de vaiffeaux, caufées par les terribles machines d'Archimede, obligent Marcellus à changer le fiège en biocus. Enfin il prend la ville par moien des intelligences qu'il y avolt. Mort d'Archimede, tué par un foldat qui ne le connoiffoit point.

le

LES CHOSES étant en cet état, Mar

Liv. lib. 24. cellus crut devoir quitter le pays des Léontins pour s'avancer vers SyracuBell p 30s-fe. Lorsqu'il en fut affez proche, il

Plut.in Mar

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pag·515-518.

envoia des Députés pour faire favoir Polyb. 4. 3. aux habitans qu'il venoit pour rendre la liberté aux Syracufains, & non pour leur faire la guerre. On ne leur permit pas d'entrer dans la ville. Epicyde & Hippocrate allérent au devant d'eux, & aiant entendu leurs propofitions, répondirent fiérement que fi les Romains fongeoient à mestre le fiége devant leur ville, ils s'apercevroient bientôt qu'autre chofe étoit d'attaquer Syracufe & d'attaquer Léonce. Marcellus fe détermina donc à faire l'attaque de la ville par terre & On peut con par mer : par terre du côté de l'Héxa-Sulter la def cription de Sypyle, par mer du côté de l'Achradi- racuse dans le ne, dont les murs font baignés par les me Hots de la mer.

Il laiffa le commandement des troupes de terre à Appius, & fe réferva celui de la flote. Elle étoit compofée de foixante galéres à cinq rangs de rames, qui étoient pleines d'hommes armés d'arcs, de frondes, & de dards, pour nettoier les murailles. Il y en avoit un grand nombre d'autres, chargées de toutes fortes de machines propres à l'attaque des places.

Les Romains montant à l'affaut par deux endroits, la confternation rég

Tome troifie

noit dans Syracufe, par la crainte où l'on étoit de ne pouvoir rien oppofer à une fi terrible puiffance, & à de fi grands efforts. En effet, il auroit été impoffible d'y réfifter, fans un feul homme, dont la merveilleufe induftrie tint lieu de tout à Syracufe: c'étoit Archiméde. Il avoit pris foin de garnir les murs de tout ce qui étoit néceffaire pour une bonne défenfe. Dès qu'il eut commencé à faire jouer du côté de la terre fes machines, elles décochérent contre l'infanterie toutes fortes de traits, & des pierres d'une pefanteur énorme, qui voloient avec tant de bruit, de roideur, & de rapidité, que rien ne pouvant foutenir ce choc, elles renverfoient & écrafoient tous ceux qu'elles rencontroient, & jettoient dans tous les rangs un defordre horrible.

Marcellus ne réuffiffoit pas mieux du côté de la mer. Archimède avoit difpofé des machines pour lancer des traits à quelque diftance que ce fût. Quoique les ennemis fuffent encore loin de la ville, il les atteignoit avec des baliftes & des catapultes plus grandes & plus bandées. Quand les traits paffoient au dela, il en avoit de

plus petites & proportionnées à la distance : ce qui caufoit une fi grande confufion parmi les Romains, qu'ils ne pouvoient rien entreprendre.

Ce n'étoient pas là les plus grands dangers. Archiméde avoit placé derriére les murailles de hautes & fortes machines, qui faifant tomber tout, d'un coup fur les galéres de groffes poutres chargées au bout d'un poids immenfe, les abymoient dans les flots. Outre cela il faifoit partir une main de fer attachée à une chaîne, par laquelle celui qui gouvernoit la machine, aiant attrapé la proue d'un vaiffeau,& l'élevant en l'air par le moien du contrepoids qui retomboit au dedans des murailles, dreffoit le vaiffeau fur la poupe, & le tenoit quelque tems en cet état: puis lâchant la chaîne par le moien d'un moulinet ou d'une poulie, le laiffoit retomber de tout fon poids ou fur la proue, ou fur le côté & fouvent le fubmergeoit entiérement. D'autres fois les machines ramenant le vaiffeau vers la terre avec des cordages & des crocs, après l'avoir fait pirouetter lontems, le brifoient & le fracaffoient contre les pointes des rochers qui s'avançoient

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