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bien aguerries, & leur livra bataille dans la plaine de Myle. Une grande partie des ennemis refta fur la place, & les Généraux furent faits prifonniers. A fon retour, il fut déclaré Roi par tous les citoiens de Syracufe, & enfuite par tous les Alliés. Il s'étoit paffé fept ans depuis qu'il avoit été élevé à la fuprême Magiftrature.

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Il feroit difficile de justifier la maniéte dont il y monta. Soit qu'il eût mis lui même les foldats étrangers en mouvement, ce qui paroit affez vraifemblable; foit qu'il fe fût prété fimplement à leur zêle, c'étoit une infidélité criminelle contre fa patrie & contre l'autorité publique à laquelle il donnoit une mortelle aeinte par fon exemple. Il eft vrai que l'irrégularité de fon entrée dans les Charges fut un peu corrigée par le confentement que le peuple & les Alliés y donnérent après coup. Mais peut-on dire que, dans de telles conjonctures ce confentement fût parfaitement libre? Pour fon élection à la roiauté elle n'eut rien de forcé. Si fon ambi tion fecrette y eut quelque part, cette faute fut bien réparée par la maniére fage & defintéressée dont il s'y

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AN.M.3736.
Av. J.C,368x

conduifit pendant la longue durée de fon régne & de la vie.

La perte de la bataille dont nous avons parlé, dérangea entiérement les affaires des Mamertins. Les uns eurent recours aux Carthaginois, auxquels ils livrérent leur citadelle : les autres réfolurent d'abandonner la vil le aux Romains, & les firent prier de venir à leur fecours. C'est ce qui donDans l'hifna lieu à la premiére guerre Punique, #oire des Car- comme je l'ai expofé ailleurs.

thaginois.

4.

Frontin. Stra Appius Claudius Conful fe mit en Tag... mer pour aller au fecours des Mamertins. Ne pouvant paffer le détroit de Meffine occupé par les Carthaginois, il fit mine d'abandonner cette entreprife, & de retourner du côté de Rome avec tout ce qu'il avoit de troupes de débarquement. Sur cette nouvelle, les ennemis qui bloquoient Meffine du côté de la mer, s'étant retirés comme s'il n'y avoit plus rien à craindre, Appius revira de bord, & paffa fans danger.

pag.10.11.

Polyb. lib. 1. Les Mamertins aiant partie par menaces, partie par furprife, chaffé de la Citadelle l'Officier qui y commandoit de la part des Carthaginois, appellérent Appius, & lui ouvrirent les portes de la ville. Peu de tems après

les Carthaginois en formérent le fiége, & firent un traité d'alliance avec Hiéron, qui joignit fes troupes aux leurs. Le Conful Romain prit le parti de donner bataille, & attaqua premiérement les Syracufains. Le combat fut rude. Hiéron montra tout le courage poffible, mais ne put réfifter à la valeur des Romains, & fut obligé de céder, & de fe retirer à Syracufe. Claudius aiant remporté une femblable victoire fur les Carthaginois, fe vit maître de la campagne, s'avança jufqu'à Syracufe, & fongea même à l'affréger.

Polyb. lib. 1.

La nouvelle des heureux fuccès d'Appius dans la Sicile étant arrivée à Rome, y répandit une grande joie. Pour en profiter, on crut devoir faire AN.M.574. de nouveaux efforts. Les deux Con- Av.J.C.263 fuls qu'on venoit de nommer Manius- pag, 19, 16. Otacilius & Manius-Valerius, eurent ordre de paffer en Sicile. A leur arrivée, plufieurs villes des Carthaginois & des Syracufains fe rendirent à dif <crétion.

La confternation de la Sicile, jointe au nombre & à la force des Légions Romaines, fit concevoir à Hiéron «quel feroit le succès de la guerre qui,

commençoit. Ce Prince reconnut qu'il pouvoit compter fur une amitié plus fidéle & plus conftante de la part des Romains. Il favoit que les Carthaginois n'avoient pas renoncé au dessein qu'ils avoient formé anciennement d'envahir toute la Sicile ; &, s'ils se rendoient maîtres de Messine, il sentoit bien que fa puiffance ne tiendroit à rien avec des voifins fi dangereux & fi redoutables.. Il ne vit point d'autre expédient pour conferver fon roiaume, que de laiffer les Carthaginois. aux prifes avec les Romains, bien affuré que la guerre feroit longue & opiniâtre entre ces deux Républiques. égales en force, & que tant qu'elles feroient aux mains, il n'avoit point à craindre d'être opprimé ni. par l'une ni par l'autre. Il envoia donc aux Confuls des Ambaffadeurs, pour traiter de paix & d'alliance. On n'eut gar de de refufer leurs offres.. On crai gnoit trop que les Carthaginois tenant la mer ne fermaflent tous les paffages pour les vivres : crainte d'autant mieux: fondée, que les premiéres troupes qui avoient traversé le détroit, avoient beaucoup fouffert de la difette. Une alliance avec Hiéron mettoit de ce cô

té-là les Légions en fureté. On y donna d'abord les mains. Les conditions furent que le Roi rendroit aux Romains fans rançon ce qu'il avoit fait fur eux de prifonniers, & qu'il leur paieroit cent talens d'argent.

Depuis ce tems, Hiéron ne vit plus la guerre dans les Etats. Il n'y prit d'autre part que d'envoier dans l'occafion des fecours aux Romains. Du reste il régna en Roi qui ne cherche & n'ambitionne que l'eftime & l'amour de fes fujets. Jamais Prince ne s'eft ren du plus recommandable, & n'a joui plus lontems des fruits de fa fageffe & de fa prudence. Pendant plus de cinquante ans qu'il vécut après avoir été nommé Roi, tout étant en feu autour de lui par les cruelles guerres que fe fi rent les deux plus puiflans peuples du monde, il fut affez prudent & affez heureux pour n'en être que fimple fpectateur, & pour entendre feulement le bruit des armes qui ébranloit toutes les régions voisines, fe confervant lui & fon peuple dans une paix profonde..

Cent mille écus.

Les Romains fentirent en plus d'une Polyb. 18 occasion pendant la premiére guerre. Punique, & fur tout dans le fiége

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