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Ils avoient naturellement un fonds d'équité, de bonté, de douceur : & cependant, entraînés par les difcours féditieux des harangueurs, ils fe por

toient aux derniéres violences & auxcruautés les plus exceffives, dont ils se repentoient un moment après.

Quand ils étoient abandonnés à eux-mêmes, leur liberté, qui pour lors ne connoiffoit plus de bornes dégénéroit bientôt en caprice, en fougue, en violence, je pourrois même dire en phrénéfie. Au contraire, quand on étoit venu à bout de les réduire fous le joug, ils devenoient lâches, timides, foumis, rampans jufqu'à la fervilité. Mais, comme cet état étoit violent, & directement oppofé au caractére & au naturel de la nation Grecque, née & nourrie dans la liberté, dont le fentiment n'étoit point éteint en eux, mais fimplement endormi, ils fe réveilloient de tems en tems de ce fommeil léthargique, rompoient leurs chaînes, & s'en fervoient, s'il eft permis de s'exprimer ainfi, pour tuer & affommer ces maîtres injuftes qui les avoient mis aux fers.

Pour peu que l'on falle attention

fur toute la fuite de l'Hiftoire des Sy racufains, on voit aifément (comme Galba depuis l'a dit des Romains) qu'ils n'étoient point capables de porter ni une liberté entiére, ni une entiére fervitude. Ainfi l'habileté & la politique de ceux qui les gouvernoient confiftoit à faire prendre au peuple un fage milieu entre ces deux extrémités, en paroiffant le laiffer maître des réfolutions, & ne fe réferver que le foin de lui en montrer l'u tilité & de lui en faciliter l'exécution. Et c'est à quoi réuffirent merveilleufement les Magiftrats & les Rois dont j'ai parlé, fous le gouvernement defquels les Syracufains furent toujours tranquilles & paifibles, obéiffans au Prince, & parfaitement foumis aux loix. C'est ce qui me fait conclure que les troubles & les révolutions de Syracuse arrivoient moins par la légèreté du peuple, que par la faute de ceux qui les gouvernoient, à qui manquoit l'art de manier les ef prits & de gagner les cœurs, qui eft proprement la science des Rois & de tous ceux qui commandent.

a Imperaturus es hominibus, qui nec totam fervitutem pati poffunt,

nec totam libertatem. Tacit. Hift. lib. 1. cap. 16.

LIVRE

LIVRE VINGTET UNIEME.

SUITE

DE L'HISTOIRE

DES SUCCESSEURS

D'ALEXANDRE.

ELIVRE renferme deux Articles: dont le premier contient l'hiftoire de Mithridate Roi de Pont, le fecond les régnes de

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Ptolémée Auléte & de la fameufe Cléopatre en Egypte, où fe termine l'Histoire Grecque.

ARTICLE PREMIER. CET ARTICLE Comprend l'ef de foixante ans, qui eft le tems pace qu'a duré le régne de Mithridate; trois ans par dela: depuis l'an du Monde 3880 jufqu'à l'an 3943. Tome X.

A

&

§. I.

Mithridate, âgé de douze ans, monte fur le trône de Pont. Il s'empare de la Cappadoce & de la Bithynie, en aiant chaffe les Rois. Les Romains les rétabliffent. Il fait égorger en un même jour tout ce qu'il y avoit de Romains & d'Italiens dans l'Afie Mineure. Predes Romains contre Mi

miére

من

guerre thridate, qui s'étoit rendu maître de Afie Mineure & de la Grèce, avoit pris Athènes. Sylla eft charge de cette guerre. Il affiége & reprend Athénes. Il gagne trois grandes batailles contre les Généraux de Mithridate. Il accorde la paix à ce Prince la quariéme année de la guerre. Bibliothéque d'Athénes, où fe trouvoient les ouvrages d'Ariftote. Sylla la fait porter .

Rome.

MITHRIDATI roi de Pont, dont je commence à raporter l'hiftoire, & qui s'eft rendu fi célébre par la guerre qu'il foutint contre les Romains pendant près de trente ans, avoit pour furnom Eupator. Il étoit d'une maison qui avoit donné une longue fuite de Rois au roiaume de Pont.

Le premier fut, felon quelques hiftoriens, Artabaze, un des fept Princes qui tuérent les Mages, & mirent la Couronne de Perfe fur la tête de Darius fils d'Hyftaspe, qui lui donna pour récompenfe la Souveraineté de Pont. Mais, outre qu'entre les fept Perfes on ne trouve point d'Artabaze, plufieurs raifons font croire que le Prince dont nous parlons étoit fils de Darius, le même qui eft nommé Artabazane, qui fut le concurrent de Xerxès pour le trône de Perfe, & qui fut fait roi de Pont ou par fon pere, ou par fon frere, pour le confoler de la préférence donnée à Xerxès fur lui. Sa poftérité à joui de ce roiaume pendant dix-fept générations. Mithridate Eupator, dont il s'agit ici, étoit le feiziéme.

Av.J.C.124.

Il n'avoit que douze ans, quand il AN.M.3883. commença à régner. Son pere, avant que de mourir, l'avoit nommé pour fon fucceffeur, & lui avoit donné fa mere pour Tutrice, qui devoit gouverner conjointement avec lui. Il Memnon in commença fon régne par faire mou-tii, cap. 32. rir fa mere & fon frere; & la fuite ne répondit que trop à ce commencement. On ne fait rien des premié

Excerptis Pho

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