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L'AGRICULTURE. 335 à-dire de quatre mille foixante livres; cet intérêt dis-je, à fix pour cent par an, monte à mille neuf cens quarante quatre fefterces, & quelque chofe de plus ; c'est-à-dire à deux cens quarante troislivres. L'intérêt de cette même fomme, que l'on tire par an du produit de fept arpens de vignes, est de fix mille trois cens fefterces; c'està-dire de fept cens quatre-vingts fept livres dix fols, Par où l'on voit com- 243. liv. bien ce dernier intérêt furpaffe l'au- 787. liv. tre; qui étoit pourtant le commun & l'ordinaire dans l'ufage. Et c'eft ce que Columelle vouloit prouver,

Outre ce produit, Columelle compte encore un autre profit qu'on tiroit des marcottes. La marcotte eft Viviradices. un rejetton, une branche de vigne qu'on couche en terre, & qui prend racine quand on veut provigner. Chaque arpent produifoit par an dix mille marcottes au moins, qui fe vendoient trois mille fefterces, ou trois cens foixante & quinze livres. Les marcottes produifoient donc pour les fept arpens vingt & un mille fefterces ou deux mille fix cens vingt cinq livres. Columelle met le produit de ces marcottes au plus bas prix: car pour

Lui il affure qu'il en tiroit réguliérement le double. Il parle des vignes d'Italie feulement, & non de celles des provinces.

En joignant ces deux produits, l'un du vin, l'autre des marcottes, fept arpens de vignes donnoient de profit par an trois mille quatre cens douze livres.

Le produit de ces marcottes, inconnu chez nos vignerons, venoit fans doute de ce que les vignes étant alors fort rares dans un grand nombre de provinces, & la réputation des vins d'Italie s'étant répandue au loin, on y venoit de tous côtés pour s'y fournir de ces marcottes, & pour fe mettre par ce moien en état de faire de bons plans de vignes dans des endroits qui n'en avoient point eu jufques-là, ou qui n'en avoient eu que de médio

cres.

ARTICLE QUATRIE'ME. - De la nourriture des beftiaux. J'AI DIT que la nourriture des beftiaux faifoit partie de l'Agriculture. Elle en eft certainement une partie effentielle, non feulement parce que ce font ces beftiaux qui par un

fumier

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fumier abondant fourniffent à la terre les engrais qui lui font néceffaires pour conferver & renouveller fes forces, mais encore parce qu'ils partagent avec l'homme les travaux du labour, & lui en épargnent la plus grande peine. De la tient que le a beuf, laborieux compagnon de l'homme dans l'agriculture, étoit fi fort confidéré chez les anciens, que qui conque avoit tué un beuf étoit puni de mort comme s'il avoit tué un citoien, par cette raifon fans doute, qu'il étoit regardé comme un meurtrier du genre humain, dont la nourriture & la vie ont un besoin absolu du fecours de cet animal,

Plus bon remonte dans l'antiquité, plus on voit que chez tous les peuples la nourriture des beftiaux produifoit des revenus confidérables. Sans parler ni d'Abraham, dont le nombreux domestique montre combien le devoient être fes troupeaux, ni de Laban fon petit neveu; l'Ecri- Job. 1. 3.

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ture nous fait remarquer que la plus grande partie des richeffes de Job confiftoit en troupeaux, & qu'il poffédoit fept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cens paires de beufs, & cinq cens aneffes.

C'eit par l que la terre promise, quoique d'une étendue affez médiocre, enrichiffoit les Princes & les habitans du pays, dont le nombre étoit prefque incroiable, & montoit à plus de trois millions de perfonnes, en comptant les femmes & les enfans. 4. Reg. 3.4. Nous lifons qu'Achab, roi d'Ifrael, fe faifoit paier chaque année par les Moabites qu'il avoit vaincus un tribut de cent mille brebis. Combien, en peu de tems, ce nombre multiplioit-il, & quelle abondance devoit il répandre dans tout le pays!

II. Paralip.

MYI. 10.

L'Ecriture Sainte, en nous repréfentant Ozias comme un Prince accompli pour toutes les parties d'un fage gouvernement, ne manque pas de faire obferver qu'il avoit un grand nombre de laboureurs & de vignerons, & qu'il nourriffoit beaucoup de troupeaux. Il fit bâtir dans les -campagnes de grandes enceintes, de vafLes étables, & des logemens fortifiés

de tours, pour y retirer les beftiaux & les pafteurs, & pour les y mettre à couvert & en fûreté; & il eut foin auffi d'y faire creufer beaucoup de

citernes travaux moins éclatans mais non moins eftimables que les plus fuperbes palais. Ce fut fans doute la protection particuliére qu'il accorda à tous ceux qui étoient emploiés à la culture de la terre & à la nourriture des troupeaux, qui rendit fon régne un des plus opulens qu'on eût encore vûs dans Juda. Et il agit de la forte, ajoute l'Ecriture Sainte, » parce qu'il fe plaifoit fort à l'agriculture. Erat quippe homo agriculture deditus. Le texte hébreu eft encore plus fort: quia diligebat terram. » Il aimoit la terre. Il s'y plaifoit: peutêtre la cultivoit-il de fes propres mains: du moins il en mettoit la culture en honneur, il en connoiffoit tout le prix, & comprenoit que la terre cultivée avec foin & avec intelligence étoit une fource affurée de richelles & pour le Prince & pour le peuple: ainfi il regardoit cette attention comme un des principaux devoirs de la roiauté, quoique fouvent il foit un des plus négligés.

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