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Soldats qui deviennent eftropiez au fervice du Roy dans fes Armées de Terre. Ils y font entretenus, nourris & logez jufqu'au nombre de trois mille, avec beaucoup de propreté, d'ordre, & de foin ; ce qui monte à une dépense prefqu'incroyable.

Les fondemens de cet Hôtel furent jettez en 1671, fur feize arpens en quarré, fur lefquels on a élevé cet admirable monument de la grandeur d'ame & de la piété de Louis XIV. Le bâtiment eft féparé par plufieurs cours, entourées de logemens bien bâtis, uniformes & à quatre étages, avec des manfar des audeffus. Les trois faces exterieures font percées de plus de cinq cens croisées: elles font entourées d'un large foffé, revêtu de pierres, avec des parapets folides, aux extrêmitez defquels il y a des Guérites, où l'on fait garde jour & nuit comme dans les plus fortes places de Guerre.

La façade du milieu eft un grand corps de bâtiment d'une belle fimétrie, fitué au devant d'une grande esplanade, avec deux efpeces de pavillons aux extrémitez; il y a une Porte Royale au milieu, par laquelle vous entrerez dans une grande cour entourée de quatre corps de logis, fur le devant defquels font deux rangs d'arcades l'un fur l'autre, qui forment des Corridors

où Galeries qui régnent tout autour. Le milieu de chaque face eft accompagné d'un efpéce de corps avancé, avec un Fronton: les combles font ornez de tous côtez. Toute cette belle Architecture eft du deffein de Libéral Bruand fameux Architecte, qui y a imité en quelque chofe le Palais du Pape à Montecavallo. Les appartemens, qui ont quatre étages, font commodément dif pofez: les Chambres des Officiers fervent pour trois ou quatre; celles des Soldats font garnies pour un plus grand nombre.

Les plus curieux endroits de cet Hôtel font,laChambredu Confeil, que l'on y tient tous les jeudis; où le Chef du Confeil de la Guerre régle les affaires de cet Hôtel avec les Officiers qui en ont la direction. & le gouvernement. Après, ce font les quatre Réfectoires, deux de chaque côté de la cour au rez de chauffée, dans lesquels vous verrez peints à frefque les Siéges & les Batailles des derniéres guerres. Les Infirmeries, compofées de plufieurs grandes falles garnies de lits;il y a des Autels que les malades peuvent voir de tous côtez: vous ferez charmé de la propreté qui y régne dans toute fa perfection, par les foins des Sœurs de la Charité qui en ont la direction; de même que de l'Apotiquairerie & de la Lingerie, qui font des endroits à voir.

Mais l'Eglife mérite particulierement votre attention; elle eft comme féparée en deux, dont l'une eft intérieure & à l'ufage de ceux de l'Hôtel; l'autre eft extérieure & nouvelle. Le portique, qui eft en face de la grande cour par où vous êtes entré, conduit à l'Eglife intérieure: il eft compofé de deux differens corps d'architecture, de huit colonnes chacun, accompagné d'ornemens & d'un cadran: cette Eglife, deftinée à ceux de l'Hôtel, eft une espéce de Nef de trente-deux toifes de longueur, & de foixante-fix de hauteur, fur foixantedouze pas de largeur, en y comprenant les bas côtez; elle eft ornée d'une Architecture d'ordre corinthien, avec dix-huit arcades, revêtues de vingt pilaftres du même ordre, qui foutiennent une Galerie ou coridor de chaque côté, les Officiers & les perfonnes de dehors s'y placent pendant le Service Divin. Ces arcades forment des aîles ou bas côtez, dans lefquels les Soldats, qui occupent auffi la nef,ont chacun leur place & leur fiége. Cette Eglife eft éclairée par cinquante-quatre fenêtres, vingt-fept de chaque côté. Il y a une fort grande tribune audeffus de l'entrée, où eft un orgue d'une grande beauté : la chaire du Prédicateur eft d'une menuiferie toute dorée fur un fond blanc; le dais eft comblé d'une couronne

de France foutenue par des Chérubins: tous ces ouvrages font entierement couverts d'or.

L'Autel de cette Eglife, qui joint celui de la nouvelle par deux petits dégrez de marbre, eft d'un excellent deffein, & orné de marbre & de bronze. Les Peres de la Miffion de S. Lazare, qui défervent cette Eglife, ont le foin fpirituel de ceux qui demeurent dans cet Hôtel : ils font l'Office Divin avec une régularité & une dévotion toute édifiante.

LA NOUVELLE EGLISE.

C'est ici que vous devez redoubler votre attention pour examiner le fujet le plus digne de votre curiofité; je veux dire ce nouveau Temple achevé depuis peu, & qui fait l'admiration de tous ceux qui ont vû les plus belles Eglifes, même d'Italie & d'ailleurs. Je vous avertis que l'on n'y entre qu'à dix heures du matin ou à trois heures après midi les jours ouvrables : & à quatre heures les Dimanches & les Fêtes, immédiatement après les Vêpres & le Sermon: fouvenez-vous que les Dames n'y entrent qu'en caroffe. Si vous y êtes avant ce tempslà, occupez-vous à voir les beautez de la face extérieure de cette Eglife & celles du Dôme dont voici l'explication;

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