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les, & par celles des Ifs, accompagnées de falles vertes, où vous verrez quantité de groupes, de figures & d'autres excellens ornemens. LES DOUZE PAVILLONS, que vous voyez joints les uns aux autres par des berceaux, font un merveilleux effet; ils étoient occupez par le Chancelier, le grand Ecuyer, les Officiers de la Couronne, les Miniftres d'Etat, & autres Seigneurs.

Les deux derniers étoient remplis des deux plus beaux Globes qui ayent jamais été. Le Pere Coronnelli, Dominiquain, les avoit fait pour le feu Cardinal d'Eftrées, qui les a donnez à Sa Majesté. Le céleste marque toutes les Etoiles & les Planettes dans leur fituation, à l'heure de la naissance de Louis XIV, qui arriva les Septembre 1638. Ils ont chacun onze pieds, onze pouces, & fix lignes de diamétre, & trentequatre pieds fix pouces de tour. Ces deux magnifiques Globes ont été tranfportez à Paris du vivant de ce Prince: on les a placé dans le Louvre près la Gallerie, en attendant qu'on les puiffe tranfporter dans la Bibliotéque du Roy.

Derriere les fix Pavillons de la droite il faut voir quatre Bofquets. Entre le premier & le fecond vous trouverez LE THEATRE, fur le haut duquel vous remarquerez

un Mercure, Tibere, & Germanicus; il y a une Fontaine au bas.

Un peu plus loin vous verrez LA CASCADE CHAMPESTRE au haut d'une mon-' tagne, où il y a un grand Baffin, accompagné de Statues & de Vafes d'une rare beauté. Tout proche eft une Rotonde dont l'ouvrage & la colonade ne font pas moins curieux.

Entre le troifiéme & le quatriéme Pavillon, voyez les Bains d'Agrippine, c'est une Fontaine où cette Princeffe eft repréfentée fortant du Bain: les ftatues font Fauftine & Lucréce.

Derriére le cinquiéme Pavillon vous verrez la Salle des Muses, ornée des ftatues de Clio, de Thalie, d'Apollon & autres copies d'Antiques un peu après, il y a encore une Fontaine, avec un grand baffin, où font affifes des Naïades: tous excellens morceaux,

De l'autre côté font les fix autres Pavillons; & derrière, c'est le Mail, à la tête duquel une Escarpolette ou Balançoire, occupe l'efpace qui régne le long de ces Pavillons. Ce qui paroît fur la hauteur est LE BELVEDER, nommé auffi le Jardin haut: il eft d'une beauté à ne devoir pas épargner vos peines fi vous êtes curieux. Vous y verrez quatre groupes de bronze qui font

admirables le premier eft Mercure qui enléve Pandore, par J. de Boulogne; le deuxiéme, LE LAOCOON; le troifiéme est Hercule; & le quatrième, Diane, par les Kelers.

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Pour ne rien oublier à voir, il faut revenir à la grande Façade Royale du grand Pavillon, afin d'examiner toutes les beautez des parterres, & des baffins du milieu mais avant que de vous y appliquer, remarquez (fi vous ne l'avez déja fait ) que de l'endroit où vous êtes, vous jouiffez de la vûe du monde la plus belle & la plus charmante. Il n'y a peut-être pas dans l'Europe de perspective plus parfaite & plus agréable que celle que l'on découvre d'ici fur la Campagne & fur le Château de S.

Germain.

Du grand Pavillon vous voyez trois Terraffes & autant de Parterres remplis de groupes, de ftatues, de vases, & d'autres ornemens de bronze doré, tous ouvrages des plus habiles Maîtres, & des Académi

ciens.

Dans le troifiéme parterre, il y a la Fontaine des quatre gerbes ; c'eft un grand baffin, avec plufieurs jets d'eau, orné de vafes de métail bronzé. Après, c'est la grande Piéce d'eau bordée de gazon, au bout de laquelle font deux baffins de Ro

aux autres; le plus bas aïant reçu l'eau immédiatement de la rivière, contient fon corps de pompe, qui la repouffe par des tuyaux couchez le long de la colline,dans les Réfervoirs fupérieurs,& ainfi par reprises jufqu'au Réservoir qui eft fur la Tour de pierre. Ces corps de pompęs ont quatre pouces de diamétre, & quelques-uns fix; les piftons, par leur jeu de quatre pieds, après avoir puifé l'eau, la refoulent & la forcent à remonter dans les Réfervoirs fupérieurs. Tous ces mouvemens fe font par le moyen de cent balanciers verticalement pofez, qui font joints les uns aux autres par des tirans, aufquels d'autres efpéces de balanciers fervent de fupports. Ainfi, lorfque la partie eft fupérieure, les balanciers fe panchent vers la riviére, & leurs parties inférieures remontant vers le haut de la colline, tirent les piftons, & puifent de l'eau dans les corps de pompes; d'où ils la refoulent, lorfque la partie fupérieure des balanciers vient à monter verticalement, & qu'elle s'incline vers le haut de la colline..

Le premier mobile de cette machine eft un bras de la riviére de Seine, que l'on a barré ici par une digue. Cette digue eft ouverte en deux endroits, par lefquels l'eau étant retenue & plus élevée, & coulant avec plus de rapidité, fait tourner dans cha

que Pertuis une rouë de trente pieds de diamétre, & de cinq à fix pieds de longueur d'aîles les extrêmitez des axes de chaque roue, fortent de leur appui, & font tournez en manivelle. La manivelle qui eft du côté de la montagne puife & refoule l'eau dans les premiers corps de pompes ; & l'autre manivelle fert à faire mouvoir le balancier.

Cette Machine a quatorze roües: elle en contiendroit vingt-deux fi elle étoit toute accomplie; tout étant difpofé pour en recevoir les mouvemens. Neuf de ces roues agiflent ordinairement, ce que font affez fouvent les quatorze ; ces roues ont trentefix pieds de diamètre, & près de dix pieds d'aîles elles fourniffent deux cens pieds d'eau à Versailles, en faifant mouvoir deux mille cinq cens piéces de bois verticales, dont il n'y en a que mille qui foient véritablement des balanciers. Les autres piéces ne fervent que de fupports à leurs tirans ; & toutes ces furprenantes piéces font mouvoir les mille balanciers ou leviers, qui, à chaque tour de roues, s'inclinent d'un côté & d'autre ; & après avoir retiré les piftons des corps de pompes, qui reçoivent une colonne d'eau de quatre pieds de hauteur & de quatre pouces de diamètre, la refoulent auffi-tôt. Treize de ces balanciers font

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