bien-élevée a beaucoup d'Agré ment. GRAVE, SERIEUX. PRUDE. On eft Grave, par fageffe & par maturité d'efprit: On eft Sérieux, par humeur & par tempérament: On eft Prude, par goût & par affectation. La legereté eft l'oppofé de la Gravité l'enjouëment l'eft du Sérieux; le badinage l'est de la Pruderie. L'habitude de traiter les affaires du monde nous donne de la Gravité Les réflexions qu'une morale fevere produit rendent Sérieux : Le defir de paffer pour grave fait qu'on devient Prude. GROS. EPAIS. Une chofe eft Groffe, par la quantité de la matiere qui la compofe Elle eft Epaiffe, par l'une de fes dimensions. Un arbre eft Gros : une planche est Epaiffe. Il est difficile d'embraffer ce qui eft Gros: On a de la peine à percer ce qui eft Epais. GROSSIER. EPAIS. Un homme Groffier manque de belles manieres: Un homme Epais manque de conception. Il faut polir l'un, & déboucher l'efprit de l'autre. GUEUX, PAUVRE. INDIGENT. Le Gueux n'a pas de quoi foûtenir l'honneur de fon état ; il fi gure mal, & il mene une vie defagréable. Le Pauvre eft privé des commodités;il ne figure point, & il mene une vie dure. L'Indigent manque du néceffaire; il foufre, & il mene une vie malheureuse. Les Gueux rougiffent de leur fituation: Les Pauvres ne la ca chent point : Les Indigents la pu blient. HABILE. SAVANT. DOCTE Les connoiffances qui fe réduifent en pratique rendent Habile Celles qui ne demandent que de la fpéculation font le Savant: Et celles qui rempliffent la mémoire font l'homme-Docte. Le Prédicateur & l'Avocat font Habiles :Le Philofophe & le Geometre font Savants: L'Hiftorien & le Jurifconfulte font Doctes L'Habile femble plus entendu; le Savant plus profond; & le Docte plus univerfel. Nous devenons Habiles, par l'expérience; Savants, par la méditation; Doctes, par la lecture. On dit de l'Habile homme, qu'il poffede fon art; du Savant, qu'il eft éclairé dans les sciences; & de l'homme Docte, qu'il eft rempli de favoir. Pour devenir Habile, il faut joindre la pratique à la fpéculation: Pour être Savant, il faut que l'étude foit accompagnée de la jufteffe de l'efprit : Pour être Docte, il ne fuffit pas d'être do &eur. HAINE. AVERSION. ANTIPATHIE Il femble que la Haine eft plus volontaire : Que l'Averfion paroît plus au dehors : Ec que l'Antipathie eft plus naturelle. On veut faire du mal aux perfonnes pour qui l'on a de la Haine: On ne fauroit faire du bien aux gens pour qui l'on a de l'Averfion: Et l'on ne peut foufrir les perfonnes avec qui l'on a de l'Antipathie. Nous Haïffons ordinairement nos ennemis : Nous avons de l'Averfion pour les gens qui nous déplaifent: Et nous avons de l'Anripathie pour les personnes qui ne ne nous conviennent pas. La Haine eft l'oppofé de l'amitié L'Averfion eft le contraire de l'amour : L'Antipathie empêche qu'on ne faffe fociété l'un avec l'autre. HARANGUE DISCOURS: Le but de la Harangue eft de perfuader, & d'émouvoir les paffions; elle en veut au cœur ; fa beauté confifte à être vive, forte, & précife. La fin du Discours eft d'inftruire, & d'expliquer ce qu'on veut faire entendre; il s'addreffe à l'efprit ; fa beauté eft d'être clair, jufte, & brïllant. Le Capitaine Harangue fes foldats avant le combat: L'Académicien prononce un Difcours devant fes confreres. Une trop longue Harangue fatigue & l'orateur & l'auditeur: Un Difcours trop fleuri perd la grace du naturel. K |