gne ou par la Route du Nivernois Les Voiës femblent plus tirer leur différence de la diverfité des manieres dont on peut voïager; on va à Rome ou par la Voië, de l'eau ou par la Voië de terre Les Chemins paroiffent particulierement différer entre eux par la diverfité de leur fituation & de leurs contours ; on va à Versailles par le grand Chemin ou par le petit bois.

Dans le fens figuré, la bonne Route conduit fûrement au but; la bonne Voië y mene avec honneur; le bon Chemin y mene facilement.

SAGESSE. PRUDENCE.

La Sageffe fait parler & agir à propos: La Prudence empêche de parler & d'agir mal-à-propos.

La Sageffe, pour aller à fes fins, cherche à découvrir les bonnes

routes, afin de les fuivre: La Prudence, pour ne point manquer fon but; tâche de connoître les mauvaifes routes, afin de s'en écar

ter.

La Sageffe femble être plus éclai rée: La Prudence paroît être plus refervée.

Le Sage employe les moyens qui paroiffent les plus propres pour réuffir; il fe conduit par les pures lumieres de la raifon : Le Prudent prend les voies qu'il croit être les plus fûres ; il ne s'expofe point dans des chemins in

connus.

се

Un Ancien a dit qu'il eft de la Sageffe de ne parler que de çe qu'on fait parfaitement, fur tout lorfqu'on veut fe faire estimer: Et moi je dis qu'il eft de la Prudence de ne parler que de ce qui peut plaire, fur tout quand on a def fein de fe faire aimer,

SECOURIR.

On dit Secourir

AIDER.

dans le dan

ger & dans le befoin: Et l'on dit Aider, dans la peine & dans le travail.

On va au Secours d'un homme qui fe noye; & à l'Aide d'un homme qui eft trop chargé. Il eft grand de Secourir le malheureux, & d'Aider le foi

ble.

SENTIMENT.

SENSATION.

On a du Sentiment, lorsqu'on eft capable de fentir ; & des Senfations, lorfqu'on fent en effet.

Le Sentiment eft la faculté que l'ame a de fentir, par le moyen des fens, la diverfité des objets: La Senfation eft l'effet que les divers objets produifent dans l'ame par la voie des fens.

L'abondance & l'excès des plaifirs en fait quelquefois perdre le

Sentiment: Quand on ne connoît point d'autre félicité que celle de la vie prefente, il ne faut travailler qu'à fe procurer des Senfations agréables.

Le mot de Senfation ne s'employe que par rapport aux effets que les chofes corporelles ou matérielles produifent en nous : Mais le mot de Sentiment fe dit encore par rapport au goût & à la fenfibilité du cœur. Un homme d'efprit & de courage reçoit les honneurs ou foufre les injures avec des Sentiments bien différents de ceux d'une bête ou d'un poltron.

SENTIMENT.

AVIS.

Sentiment & Avis fe difent lorfqu'il eft question de confeiller: Mais on explique fon Sentiment dans la délibération ; & l'on donne fon Avis pour la décifion.

Le Sentiment eft ce qu'on croit; & l'Avis eft ce qu'on témoigne devoir être fait.

Un juge donne quelquefois fon Avis contre fon Sentiment.

SENTIMENT. OPINION.

PENSE' E.

Ces trois mots font d'usage lorfqu'il ne s'agit que d'énoncer & d'expliquer fes idées : Mais le Sentiment eft plus certain; c'est une croyance qu'on a par des raifons ou folides ou apparentes: L'Opinion eft plus douteufe; c'eft un jugement qu'on fait avec quelque fondement : La Penfée eft moins fixe & moins affurée ; elle tient de la conjecture.

On dit fon Sentiment fur quelque chofe ; & on le foûtient contre ceux qui le rejettent: On propose fon Opinion; & on la “défend contre ceux qui l'atta