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Corps, mais Dieu, pour la confervation du Corps de l'Homme, comme nous l'avons déja dit, a donné à fon Ame un pouvoir fur ce Corps; de forte qu'elle peut y produire ou arrêter de certains mouvemens

felon qu'elle le juge à propos. Mais, dira-t'on, il faut bien qu'il y ait dans les Bêtes quelque principe qui foit distingué de la machine; car l'on voit en elles des chofes qui ne fçauroient être des effets d'un pur méchanisme : nous voyons que les animaux ne font point toujours les mêmes actions de la même maniere; ce qui devroit cependant arriver, fi ces actions étoient des effets d'une pure machine; il se paffe dans les Bêtes quantité de chofes caufées par des mouvemens qui ne font nullement réguliers. Qu'un Chien, par exemple, auprès

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d'une Riviere apperçoive fon Maître à l'autre bord de cette Riviere, il cherchera avec empreffement un endroit par où il puiffe paffer pour rejoindre fon Maître, il ne fe jettera point tout d'un coup au milieu de l'eau; ce qui cependant devroit arriver, fi ce Chien agiffoit felon les regles de la méchanique; car une des loix du méchanisme, c'eft qu'un Corps mis en mouvement, doit toujours tendre à fuivre la ligne droite.

Il est étonnant que l'Homme pour qui toutes les parties qui compofent l'Univers, font autant de mifteres qu'il ne fçauroit pénétrer, ofe décider qu'un mouvement n'eft pas régulier, parce que ce mouvement ne lui paroît pas conforme à quelques loix que la nature lui a laiffé entrevoir.

Souvent la cause de nos erreurs vient de ce que nous jugeons des ouvrages & des deffeins de Dieu fur ceux des Hommes. Si on nous préfente, par exemple, une Horloge, nous connoî trons toutes les Parties qui compofent cette machine, nous concevrons toutes leurs fonctions & toutes les relations qu'elles ont les unes avec les autres;nous fçaurons,par exemple,que la fonction d'une premiere roue eft de communiquer fon mouvement à une feconde, & par la maniere dont ces roues font conftruites, nous concevrons fort bien les différentes modifications de mouvement que ces roues doivent fe communiquer l'une à l'autre ; de forte, que fi nous appercevons qu'elles ne produisent point l'effet qu'a dû fe propofer l'Ouvrier, nous jugeons que leur mouvement n'eft pas régulier; mais il

la matiere étant capable d'une infinité de combinaisons, il peut s'y produire par conféquent des mouvemens modifiés différemment à l'infini. Il n'y a pas lieu de douter que tous les effets ordinaires qui fe produisent dans la nature & qui n'ont point la volonté de l'Homme pour caufe, n'ont d'autres principes que ces différentes modifications de mouvement. C'est delà que proviennent la circulation de la fêve dans les plantes, la circulation du fang, le battement de l'artere, la respiration, & une infinité d'autres chofes dans les animaux. C'eft, par exemple, en vertu des différentes difpofitions des parties de fon Corps que l'Abeille reçoit les differentes modifications de mouvemens propres à produire fon ouvrage. Enfin, c'eft delà que dépendent une infinité d'effets que

l'on regarde mal-à-propos comme des productions d'une Ame qui connoît.

Si l'on réfléchiffoit férieusement fur ces chofes, on reconnoîtroit facilement, que fi la plûpart des actions des Bêtes ne nous paroiffent point régulieres, ce n'est que parce que nous n'avons qu'une idée très-imparfaite du méchanisme qui s'opére dans la nature.

On pourroit descendre dans un détail plus particulier, & traiter cette matiere plus exactement & plus à fond. Mais je crois que ce qu'on a dit pourra fuffire, pour porter ceux qui croyent que les Bêtes ont des Ames capables de connoiffance, à fufpendre au moins leur jugement, à l'examiner sérieusement & à fe défabufer.

Si j'ai mal expliqué les actions des Bêtes dont on a parlé, il

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