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nous méritons une Couronne éternelle, qui eft le fruit d'une victoire d'autant plus glorieuse que ces ennemis nous auront livré de plus violens affauts.

Suivant ces principes, ce n'est pas une priere raisonnable que de demander à Dieu de n'être point tenté; car c'eft imiter les lâches qui difent qu'ils aiment mieux gagner moins & ne travailler pas tant; mais il faut lui demander de ne point fuccomber à la tentation & d'être délivré du péché, comme le Seigneur nous l'a appris dans l'Oraison qu'il nous a prefcrite. S. Paul faifoit la premiere priere; il femble qu'il en fut repris par JesusChrift, lorfqu'il lui dit Grace lui fuffifoit. La tentation augmente donc le mérite, bien loin de le diminuer.

que

fa

Outre les différens tempéramens qui conviennent à tout le

monde dans les différens âges de la vie, il y en a de particuliers qui proviennent des différens - Climats & des différens Pays qui font même perfonnels. On voit, par exemple, que les François font d'une humeur & d'un tempérament différent de celui des Efpagnols, que les Italiens font différens des Allemands,& les Normands des Picards, &c. Il arrive même dans une famille, qu'un frere eft fi différent de fon frere qu'ils ne peuvent fe fouffrir; cela ne vient que la diverfité des tempéramens de leurs Corps, qui dépendent de tant de caufes, que bien loin de s'étonner que les humeurs foient fi différentes dans les Hommes, il y auroit au contraire fujet d'étre furpris qu'il fe trouvât deux perfonnes au monde d'une même humeur. Or il faut remarquer que la moindre chose est capable

de

de caufer de l'altération dans ce tempérament, & par conféquent de rendre l'Homme d'une autre humeur. Un tems fombre & pluvieux le rend trifte & mélancolique; un tems ferain & agréable le rend de bonne humeur ; c'est ce qu'on veut dire, par cette façon de parler; l'air eft trifte, Lair eft gay, c'est-à-dire, qu'il rend les Hommes tels,en produifant dans leurs Corps des mouvemens dont l'Ame s'atrifte ou fe réjouit. Les objets font la mê me chofe, lorsqu'ils produisent dans notre Corps des mouve mens conformes ou contraires à

fa difpofition. Un Homme trif te, par exemple, changera d'hu meur, fi par un beau tems au lever du Soleil, il fe proméne fur une côte au bas de laquelle il y ait une belle riviere, & d'où il voit une plaine agréablement émaillée d'une infinité de fleurs

= différentes; parce que cela pro- duit dans le Corps de cet Homme des mouvemens conformes à fa difpofition. Un Homme gay changera auffi d'humeur, s'il voit un Homme mort dont les Enfans d'un côté, & de l'autre l'Epoufe inconfolable pouffent des cris & des gémiffemens; -parce que ce spectacle produira des mouvemens contraires à la difpofition de fon Corps.

***

ARTICLE VII.

Où l'on fait voir d'une maniere fenfible, que la plupart des difpofitions de l'Ame viennent de celles du Corps.

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Na déja dit que ce qu'on appelle mouvemens contraires font ceux qui défuniffent ou qui tendent à défunir les parties du Corps : & mouvemens conformes, ceux qui les uniffent ou tendent à les unir. Il est certain que toutes les difpofitions naturelles de l'Ame dépendent de ces mouvemens. Pour en être convaincu, il n'y a qu'à confidérer que la trifteffe même qui femble avoir son origine dans l'Ame, comme, par exemple, celle qui eft caufée par le récit d'une hiftoire funefte ou d'un malheur arrivé à un ami, ne laiffe pas de venir des difpofitions du Corps ; il faut qu'il fe faffe dans ce Corps de certains

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