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propose l'écrivain sacré, en rapportant cette polémique? N'a-t-il pas en vue l'union du Logos avec la nature humaine? Les Juifs prétendent connaître le père de Jésus, et le Sauveur répond que personne n'a jamais vu le Père (46). Or, c'est du Père qu'il tient sa mission (44). C'est donc par ce Père invisible aux mortels qu'il est descendu du ciel pour se donner en nourriture, c'est en vertu de cette paternité toute spirituelle qu'il est devenu un aliment céleste. Comme on le voit, l'intention de l'évangéliste est de nous faire connaître de quelle manière, selon l'expression de l'épître aux Hébreux (2, 14), le Christ a été fait participant de la chair et du sang. La déclaration du Sauveur : Je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel (51) est le complément et l'explication de la formule par laquelle l'auteur résume, dès le commencement du livre, sa doctrine christologique : Et le Verbe devint chair. C'est pourquoi il faut croire, non seulement que le Verbe s'est manifesté dans la chair, mais aussi, conformément au précepte énoncé dans les épîtres johanniques, que Jésus-Christ est venu dans la chair, év capxí (IJo. 4, 2; II Jo. 7), que l'avènement du Messie s'est opéré en Jésus dès le premier moment de son existence.

3o 6, 60-71.

60 Beaucoup de ses disciples, l'ayant entendu, dirent: ce langage est dur; qui peut l'écouter? 61 Mais Jésus, sachant en luimême que ses disciples murmuraient à ce sujet, leur dit : « Cela vous choque! 62 Et si vous voyiez le fils de l'homme monter là où il était auparavant...? 63 C'est l'esprit qui vivifie*, la chair ne sert de rien*; les paroles que je vous ai dites* sont esprit et vie. Mais il y en a parmi vous certains qui ne croient pas. » Car Jésus savait dès le principe quels étaient ceux qui ne croyaient pas* et quel était celui qui le trahirait. 65 Et il disait : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi, à moins que cela ne lui soit donné par le Père. »66 Dès ce moment, beaucoup de ses disciples se retirèrent et n'allaient plus avec lui. 67 Jésus dit donc aux Douze : « Ne voulez-vous point vous retirer, vous aussi ? »

63. D'après Syr. cur: « c'est l'esprit qui vivifie le corps. »—— D'après Syr. sin. « c'est l'esprit qui vivifie le corps, mais vous dites: le corps ne sert de rien. » — Quelques mss. de second ordre ont λαλῶ, au lieu de λελάληκα.

64. Plusieurs anciens témoins omettent la négation; Syr. sin. omet la prop. τίνες εἰσὶν οἱ μὴ πιστεύοντες.

68 Simon Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous? Tu as des paroles de vie éternelle. 69 Pour nous, nous avons cru et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu* » 70 Jésus leur répondit : <«< N'est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze? et l'un de vous est un démon! » "Or, il parlait de Judas, fils de Simon l'Iscariote, car c'était lui, un des Douze, qui devait le trahir.

69. Vulg. et Syr. sin. lisent : ὁ χριστὸς ὁ υἱὸς τοῦ θεοῦ τοῦ ζῶντος.

Le discours est terminé. L'effet qu'il a produit se manifeste aussitôt dans le cercle des disciples. Aussi bien le Sauveur connaissait-il par intuition les dispositions intimes de ses auditeurs : ce langage est dur, langage inouï, doctrine étrange! Cette réflexion se rapporte évidemment aux paroles par lesquelles le Sauveur a déclaré nécessaire de manger sa chair et de boire son sang. Le mécontentement que Jésus lit au fond des cœurs l'oblige à entrer dans de nouvelles explications avec ses disciples. Il leur propose une chose plus étonnante encore que celle qu'ils viennent d'entendre; il leur prédit son ascension glorieuse : mon langage vous surprend; que direz-vous donc lorsque vous me verrez monter au ciel? Les disciples n'ont pas pénétré le sens des paroles qui les offusquent. Le Maître les rassure charitablement, sans rien rétracter, ni rien mitiger de sa doctrine. Cependant, le v. 63 présente une sérieuse difficulté. Jésus ne semble-t-il pas revenir sur ce qu'il a dit pour réduire tout son discours à une simple métaphore? Après avoir opposé la chair à l'esprit, il déclare que son enseignement relève de l'esprit, et non pas de la chair, d'où il faut conclure que ses paroles doivent être entendues au sens spirituel. Qu'est-ce à dire? D'abord, les termes de l'opposition sont pris dans l'ordre métaphysique, dans le domaine des généralités. On remarquera que, dans ce verset, la chair seule est mentionnée; le sang est omis. Cependant saint Paul, dans une déclaration analogue à celle-ci, emploie les deux termes (I Cor. 15, 50). L'évangéliste doit avoir quelque motif pour ne pas opposer le sang à l'esprit. Peut-être a-t-il en vue la croyance universellement admise chez les Juifs qui voyait dans le sang le siège de l'âme. Cette doctrine étant admise, les termes veux et aux, loin de s'exclure, se correspondent. La chair n'est pas la même chose ici que dans les affirmations antérieures, où le Sauveur a dit ma chair. Ce terme désigne ce qui est matériel, ce qui tombe sous les sens, par compa

raison à ce qui ne se voit pas. La chair et l'esprit sont comparés au point de vue d'une fin à obtenir, qui est la vie éternelle. Sous ce rapport, l'esprit seul a de l'efficacité, car, dans l'ordre des choses mystiques et surnaturelles, la « chair » par elle-même ne saurait rien produire. On comprendra maintenant le véritable sens de l'autre partie du verset: les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie, « les paroles que je vous ai adressées sont des paroles de vie, parce qu'elles sont esprit ». Après la déclaration faite dans la première moitié du verset, le mot esprit doit être pris pour le terme moyen d'un syllogisme dont les mots paroles et vie sont les termes extrêmes. Les paroles (tà pýμara) sont mises ici pour les « choses dites ». Ce qui a provoqué les protestations des disciples, c'est que Jésus a assimilé son corps à une véritable nourriture. Donc, en dernière analyse, le contenu du v. 63 se réduit à ceci : « Mon corps est un véritable aliment et mon sang est un véritable breuvage », ces paroles sont «< esprit et vie » ou plutôt ce sont là des paroles de vie, parce qu'elles sont esprit; elles doivent donc être entendues d'une façon spirituelle, mystique, surnaturelle, bien qu'elles expriment une réalité physique, concrète. Il faut juger une chose par la fin à laquelle elle est destinée : les disciples, en entendant les paroles du Maître, avaient conçu l'idée d'une manducation matérielle et naturelle, destinée à la réfection du corps; ils se trompaient. De fait, il s'agit d'une manducation spirituelle, quoique très réelle, destinée à vivifier l'âme. La foi doit présider à cette manducation d'une nourriture invisible. Dans ce qui suit, Jésus s'adresse en même temps au commun des disciples et aux apôtres; en effet, au v. 64, il reproche à plusieurs leur infidélité. Ainsi le Sauveur est ramené à l'idée qui fait le fond de tous ces discours, à la foi comme élément primordial du salut. Le terme i άpys se rapporte au début du ministère de Jésus. Les disciples récalcitrants sont dès lors séparés du Maître, ou, plus vraisemblablement, ils n'ont jamais été en communion avec

1. « Reprehendit itaque Christus in eis non quod realem realis suæ carnis manducationem apprehenderint; sed quod apprehenderint futuram modo carnali, sicut aliæ carnes in propria specie, et absque spiritu, seu vita comeduntur; quum tamen modus manducandi carnem Christi (licet realis), futurus esset magis spiritualis, et reconditus, nempe sub specie sacramenti, credendo istud, sicut re vera accidit, continere corpus Christi. » Salmanticenses, De Eucharistia, Disp. I, cap. 1, § 1, no 2, fin.

lui; ils sont allés à lui mus par des sentiments humains; ils n'ont pas été dirigés dans leur démarche par le Père céleste; ils n'ont pas la foi, qui est un don de Dieu (37, 44). Au point où en est arrivée la narration, le collège apostolique est au complet. Les Douze, qui ont été l'objet d'une élection spéciale, déserteront-ils, eux aussi, la cause de Jésus? La réponse de Pierre offre une ressemblance frappante avec la profession de foi que nous lisons Mt. 16, 16. Cependant, à s'en tenir aux manuscrits les plus autorisés, il y a une différence notable dans la forme de l'expression, et il faut lire dans le IVe Évang. : Gú ei ó žylog toŭ bɛou, tu es le Saint de Dieu, c'est-à-dire le Messie. Mais, au fond, les deux formules sont équivalentes. La déclaration rapportée par les Synopt. (Mt. 16, 16; Mc. 8, 29; Lc. 9, 20) est donnée comme se rattachant à une circonstance ultérieure de la vie publique du Sauveur. Nous connaissons déjà nommément plusieurs apôtres Pierre, André, Jean, Philippe et Nathanaël, que nous avons cru devoir identifier avec l'apôtre Barthélemy (1, 35-52; supra, p. 156 ss.). L'évangéliste nous en fait connaître un sixième, le traître Judas. On ne sait pas quels étaient les antécédents de ce personnage, ni dans quelles circonstances il avait été appelé à l'apostolat. Les évangélistes le désignent sous le nom de 'Icxxpiótys, de l'hébreu i, l'homme de Kerioth, ou, d'une manière plus explicite, selon les mss. N et D, Ἰούδας ἀπὸ Καρυώτου, Judas de Kerioth, pour le distinguer de l'apôtre Jude appelé 'lodas 'Taxóbov (sous-ent. żoλpòs). C'est pour marquer la même distinction que l'auteur ajoute au nom de Judas celui de son père Simon, íuovos.

§ XIV. Jésus à la fête des Tabernacles.

Le chap. 7 offre de grandes analogies avec le chap. 5, dont il est, sous un certain rapport, la suite naturelle. Il débute par cette remarque qu'après cela Jésus, ne voulant plus rester en Judée par crainte des Juifs, se retira en Galilée. Les événements, auxquels l'évangéliste fait allusion par cette expression qui lui est familière età tauta, se sont accomplis en Judée et ont eu pour effet de manifester la malveillance des Juifs à l'égard du Sauveur. Cela correspond exactement à la situation exposée au chap. 5. Dans tout le chap. 6, au contraire, la scène est en Galilée. Du reste, à partir du chap. 7, il ne sera plus question de ministère galiléen. L'évangéliste a terminé ce qu'il avait à dire sur cette partie de la vie publique du Sauveur (1, 19-2, 12; 6). Nous ne retournerons en Galilée qu'avec l'appendice du chap. 21.

1° 7, 1-13.

5

1 Après cela, Jésus séjournait en Galilée, car il ne voulait pas séjourner en Judée, parce que les Juifs cherchaient à le mettre à mort. Cependant, la fête des Juifs, la Scénopégie, approchait. 3 Ses frères lui dirent donc : « Pars d'ici et va-t'en en Judée, afin que tes disciples aussi voient les œuvres que tu fais; car on n'opère pas en cachette, quand on aspire à la célébrité; si tu fais de telles choses, manifeste-toi au monde. » Car ses frères ne croyaient pas en lui. Jésus leur dit donc : « Le temps n'est pas encore venu pour moi; mais il est toujours temps pour vous. Le monde ne peut pas vous haïr; il me hait, moi, parce que je rends témoignage sur son compte, en attestant que ses œuvres sont mauvaises. Vous, montez à la fête; moi, je ne monte pas* à cette fête, parce que mon temps n'est pas encore accompli. »> "Leur ayant dit cela, il resta en Galilée. 10 Mais, après que ses frères furent montés à la fête, il y monta, lui aussi, non pas ouverte

8. D, It., Syr. cur., Cop. lisent oux. B et nombreux mss. de second ordre, ainsi que Syr. pesch., ont oño.

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