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été retranchée du texte primitif, à cause du scandale pharisaïque qu'elle aurait provoqué chez certains esprits. Cette raison est inapplicable au dernier verset du chap. 7 et ils s'en retournèrent chacun dans leur maison; il n'y a là rien de choquant. De plus, cette phrase est destinée à clore le récit qui précède et n'a aucun rapport avec l'histoire racontée au début du chapitre suivant. Cependant ce verset a eu le même sort que les onze versets, où est contenu le fameux épisode. L'explication n'est donc pas satisfaisante. Mais, autant il est difficile d'admettre que le dernier verset du chap. 7 ait été retranché, autant il est aisé de comprendre qu'il ait été introduit : au moment où la péricope de la femme pécheresse s'est fixée à sa place actuelle, ou l'aura rattachée au récit précédent par cette phrase de transition.

*

Les chapitres 7-10 forment un tout homogène sous le rapport de l'enseignement qui s'y trouve contenu. On a supposé (Spitta) qu'entre 7, 52 et 8, 12 un feuillet du livre s'était égaré dès l'origine, et que la présence de cette lacune avait fourni l'occasion d'insérer l'épisode relatif à la femme adultère. Cette hypothèse n'est pas suffisamment justifiée pour qu'on la prenne en considération. Si l'on fait abstraction de la péricope 7, 53–8, 11, les quatre chapitres 7-10 présentent le développement systématique d'une même doctrine: la discussion entre Jésus et les Pharisiens introduite au chap. 7 se poursuit au chap. 8 et se ravive au chap. 9, à l'occasion de l'aveugle-né; les protestations des Pharisiens, 9, 40, donnent lieu à l'allégorie du Bon Pasteur, 10, 1-21; d'autre part, la comparaison de 8, 59 avec 10, 31 révèle une situation identique dans les deux endroits en disant (10, 31) que les Juifs se mettent de nouveau en mesure de lapider Jésus, l'évangéliste fait allusion à une attitude analogue qui s'est déjà manifestée dans l'auditoire du Sauveur (8, 59). Le rapprochement des deux versets 7, 20 et 10, 20 pourrait donner lieu à une observation du même genre. Enfin, à ne considérer que le chap. 10, la notice du v. 22 semble le diviser en deux parties bien tranchées. Cependant, ces deux parties sont inséparables l'une de l'autre; les versets 26-28 ne sont que l'application de la parabole développée dans la première moitié, 1-18. Nous reviendrons sur ce fait particulier. Il nous suffit de constater, pour le moment, que les

quatre chapitres en question appartiennent à un seul et même développement doctrinal et forment, dans la bouche du Sauveur, un seul et même discours. Il est vrai qu'à lire la deuxième moitié du chap. 7, on conclurait assez naturellement que, la fête des Tabernacles une fois terminée (37), Jésus a quitté Jérusalem et que, par conséquent, le miracle de l'aveugle-né (ch. 9) se rattache à un autre voyage. Cette remarque perd sa valeur si l'on se place au point de vue de l'évangéliste, pour lequel les faits sont subordonnés à l'enseignement et lui servent de thème.

§ XVI. Jésus discute avec les Pharisiens.

Après l'épisode de la femme adultère, la controverse entre Jésus et les Juifs recommence et se continue jusqu'à la fin du chapitre. Elle se distingue par les oppositions et les contrastes: lumière et ténèbres, choses d'en haut et choses d'en bas, liberté et esclavage, enfants de Dieu et enfants du diable. Pour plus de méthode nous diviserons ce paragraphe en quatre sections; a) 12-20; b) 21-30; c) 31-47; d) 48-59.

1° 8, 12-20.

12 Jésus donc leur parla de nouveau*, disant : « Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marchera* pas dans l'obscurité, mais il aura la lumière de la vie. » 13 Les Pharisiens* lui répondirent : « Tu te rends témoignage à toi-même; ton témoignage n'est pas vrai. » 14 Jésus, répondant, leur dit : «< Bien que je me rende témoignage à moi-même, mon témoignage est vrai, car je sais d'où je suis venu et où je vais, tandis que vous, vous ne savez pas d'où je viens ni où je vais. 15 Vous jugez selon la chair; moi, je ne juge personne. 16 Et, si je juge, mon jugement est vrai, parce que je ne suis pas seul, mais que j'ai avec moi le Père*, qui m'a envoyé. 17 Il est écrit dans votre Loi que le témoignage de deux hommes est vrai; 18je me rends témoignage à moi-même, mais le Père, qui m'a envoyé, rend aussi témoignage pour moi. » 19 Ils lui dirent : « Où est ton père? » Jésus répondit : « Vous ne connaissez ni moi, ni mon père; si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon père. » 2011 prononça ces paroles dans le gazophylacium, tandis qu'il enseignait dans le temple*, et personne ne s'empara de lui, parce que son heure n'était pas encore venue.

12. It., cod. veron. : rursus autem congregatis illis loquebatur Jesus. Cod. palat., cum convenissent. Vulg. ambulat.

13. Syr., sin. met les Juifs à la place des Pharisiens.

16. D, Syr. sin. omettent le mot atР.

20.

supprime didάoxov év tp iɛpo. Syr. sin. omet didάσxwv.

Dans cette première partie, nous retrouvons des idées émises dans les discussions précédentes (5 et 7) : Jésus affirme et prouve sa mission. Il se déclare le principe de lumière et de vie. On a supposé que cette déclaration avait été provoquée par quelque circonstance extérieure, par l'illumination de la ville de Jérusalem à l'occasion de quelque solennité, et on s'est demandé à quelle solennité ce détail pouvait le mieux convenir, à la fête des Tabernacles, ou à celle de la Dédicace que Josèphe appelle ta põta (Ant., XII, 7, 7)'. Mais cette métaphore n'a nullement besoin d'être justifiée; elle est dans le style du IVe Évang. C'est, au style direct, l'assertion émise dès le prologue: e! la vie était la lumière des hommes (1, 4). On participe à cette lumière en s'unissant à Jésus par la foi. La vie qu'elle procure est surnaturelle et doit se prolonger au delà de la tombe (5, 29). La symétrie de la phrase suppose entre les termes de ténèbres et de mort la même corrélation qui règne entre ceux de lumière et de vie (comp. 3, 19 et 5, 24). Les Pharisiens comprennent le sens de ce langage figuré et donnent au Sauveur l'occasion de justifier ses prétentions. Le premier membre du v. 14 est en contradiction avec l'assertion contenue au chap. 5, v. 31. Mais, dans ce dernier endroit, nous l'avons vu, Jésus s'abstient par condescendance d'en appeler directement à son propre témoignage, sans toutefois y renoncer. Maintenant qu'il a clairement établi son origine céleste et sa mission divine (7, 27-29), il n'a plus besoin de recourir au témoignage d'autrui. Les Juifs n'ont égard qu'à l'origine de Jésus selon la chair (7, 41), ils ne savent pas s'élever au-dessus des choses matérielles; aussi leur jugement est grossièrement charnel (15). Ici, comme partout dans le IV Évang., le mot xpívetv est équivoque; il signifie d'abord juger (15; comp. 7, 24), puis condamner (15b; comp. 3, 17), puis de nouveau porter un jugement (16a) ou, plus exactement, rendre témoignage, comme le prouve le parallélisme des deux versets 14 et 16. Indépendamment de sa haute valeur, le témoignage de Jésus est irrécusable, car il satisfait aux exigences de la Loi. D'après les prescriptions légales (Deut. 17, 6; 19, 15), il faut un double témoignage pour prononcer un jugement. Il est vrai que dans les passages auxquels il est fait allusion, il s'agit de témoins à charge. Mais, à la faveur de l'équivoque créée par les mots jugement et juger, ces textes

1. The Journal of theological Studies, oct. 1900, p. 138.

sont appliqués au cas présent. Le Deuteronome exige deux témoins pour condamner; ici il est question de juger. On peut appliquer à l'expression dans votre Loi (17) la remarque faite plus haut à propos du terme la Pâque des Juifs (2, 13, supra, p. 169 s.; comp. 5, 1; 7, 2). Cette manière de parler trahit le point de vue de l'auteur. Ici encore, comme au chap. 5, 32-34, Jésus laisse de côté le témoignage des hommes, pour s'en tenir à celui des personnes divines, ce qui fait qu'il se constitue témoin dans sa propre cause. On ne doit pas s'en étonner, après la précaution oratoire du v. 16. La question des Juifs où est ton père? se rapporte au Père céleste, comme l'indique la suite des idées, et non pas au charpentier de Nazareth. N.-S. a clairement affirmé sa filiation divine, et cette prétention est un des principaux griefs qu'on fait valoir contre lui (5, 18). Il renouvelle implicitement cette même affirmation, en se posant comme intermédiaire obligé de la connaissance que les hommes peuvent avoir du Père (comp. 5, 23 ; 14, 9; I Jo. 2, 23; Mt. 11, 27); connaître Jésus, c'est connaître le Père, parce que les deux ne sont qu'un (10, 30). Le mot « forsitan » par lequel la vulgate exprime la particule av, devrait être remplacée par « utique »; il ne répond ni à la lettre du texte grec, ni au sens du discours. Gazophilacium (yalopuλáxiov) est un mot hybride formé du persan « gaza », trésor, et du grec puλássw, garder. On s'en servait pour désigner une cour du temple, la cour des femmes, où étaient disposés treize troncs destinés à recevoir l'argent offert pour le service divin (Mc. 12, 41; Lc. 21, 1)1. Les derniers mots du v. 20 sont la répétition de 7, 30.

2o 8, 21-30.

21 Jésus leur dit donc de nouveau: « Je m'en vais, et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché; là où je vais, vous ne pouvez venir. » 22 Or, les Juifs disaient va-t-il se suicider, qu'il dise: «< là où je vais, vous ne pouvez venir? » 23 Il leur dit : « Vous autres, vous êtes d'en bas; moi, je suis d'en haut; vous, vous êtes de ce monde; moi, je ne suis pas de ce monde. C'est pourquoi je vous ai dit que vous mourrez dans vos péchés;

1. Cf. Trochon, Introd. Gén., II, p. 591 s.

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