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§ XVIII. La fête de la Dédicace.

10, 22-39.

22 Or, il y avait la Dédicace à Jérusalem; c'était l'hiver. 23 Et Jésus se trouvait au Temple, dans le portique de Salomon. 24 Les Juifs l'entourèrent et lui dirent : « Jusques à quand nous tiendras-tu en suspens? Si tu es le Christ, dis-nous-le ouvertement. » 25 Jésus leur répondit : « Je vous l'ai dit*, et vous ne me croyez pas; les œuvres que je fais au nom de mon Père témoignent pour moi. 26 Mais vous ne croyez pas, car vous n'êtes pas de mes brebis, comme je vous l'ai dit*. 27Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent, 28 et je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et personne ne me les ravira. 29 Ce que mon Père m'a donné est au-dessus de tout, et personne ne peut rien ravir de la main de mon Père. 30 Moi et le Père, nous sommes un. » 31 De nouveau, les Juifs prirent des pierres pour le lapider. 32 Jésus leur dit : « Je vous ai montré, de par mon Père, plusieurs bonnes œuvres; quelle est celle pour laquelle vous me lapidez? » 33 Les Juifs lui répondirent : « Ce n'est point pour une bonne œuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème, parce que, étant homme, tu te prétends Dieu. » Jésus leur répliqua : « N'est-il pas écrit dans votre Loi : J'ai dit : vous êtes des dieux ?* 35 Si elle proclame dieux ceux auxquels la parole de Dieu a été adressée-et l'Écriture est indestructible 36 comment pouvez-vous dire qu'il blasphème en déclarant qu'il est Fils de Dieu, celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde? 37Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas; 38 mais, si je les fais et que vous ne me croyiez pas, croyez aux œuvres,

25. D, It., Tert. lisent: λaλ Suiv.

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26. Quelques mss. omettent les trois derniers mots, załóg ɛlлov úμiv. 29. Quelques témoins lisent ő (celui qui), au lieu de % (ce que). Les memes témoins qui lisent ὅς ont le masc. μείζων, au lieu du neutre μειζόν. 34. Ps. LXXXII, 6.

afin que vous reconnaissiez que le Père est en moi et que je suis en lui. » 39 Ils cherchaient donc à le saisir, mais il s'échappa de leurs mains.

Tout ce que nous venons de voir, depuis le commencement du chap. 7, se rattache à la fête des Tabernacles, qui se célébrait au commencement du mois d'octobre. Le paragraphe que nous abordons retrace les nouveaux incidents qui se produisirent à Jérusalem entre le Sauveur et les Juifs à l'occasion de la solennité de la Dédicace. Cette fête commençait le 25 jour du mois de kisleu, c'est-à-dire vers le milieu de décembre. Il y a donc entre les deux récits 7—10, 21 et 10, 22-39, une période de deux mois environ, au sujet de laquelle le IVe Évang. ne nous apprend rien. Voilà du moins ce qui est à conclure du v. 22. On a observé cependant que les deux parties du chap. 10 dont ce verset paraît être le point d'intersection se correspondent et se complètent: le passage 26-28 n'est qu'une application de l'allégorie exposée 1-18; le v. 26 notamment est inintelligible séparé de l'image de Jésus bon pasteur. On en a conclu que les deux parties du chap. 10 appartenaient, non seulement à un même enseignement, mais à un même discours. En effet, Jésus n'a pu tenir aux Juifs un langage qu'ils n'auraient pu comprendre qu'en se référant à une allégorie exposée deux mois auparavant. Par conséquent, ajoute-t-on, le v. 22 n'est pas à sa place; et on propose de le transporter au début du chap. 8. De la sorte, le contenu des chapitres 8, 9 et 10 se rattacherait à la fête de la Dédicace, et il y aurait dans ce passage une unité non plus seulement logique et doctrinale, mais réelle et chronologique'. Il importe de noter avant tout qu'il n'existe aucune donnée diplomatique sur laquelle on puisse baser cette transposition. La difficulté que soulève la comparaison des deux parties dont se compose le chap. 10 dépend uniquement du point de vue auquel on se place pour apprécier le texte. Si l'on veut tenir un compte rigoureux de tous les détails que présentent les propos du Sauveur dans le IV Évang., on se heurtera à des difficultés insurmontables. Mais le vrai point de vue est celui auquel se plaçait l'Évangéliste en rapportant les discours et les discussions de Jésus. Pour l'écrivain sacré, il s'agit d'une même doctrine s'affirmant à l'occasion de

1. The Journal of theological Studies, octobre 1900, p. 137 ss.

différentes circonstances historiques. Il a soin de nous indiquer avec précision ces circonstances, mais les intervalles de temps qu'elles supposent n'ont pas pour effet d'interrompre le développement de sa pensée. Ainsi, au ch. 10, les paroles de Jésus, v. 25 ss., sont séparées par un intervalle de deux mois du discours rapporté plus haut, 1-18; elles n'en sont pas moins la suite logique. Étant donné l'état de l'opinion parmi les Juifs de Jérusalem, on peut considérer a priori comme invraisemblable que le Sauveur ait séjourné pendant tout ce temps dans la capitale. Mais il y a lieu de se demander s'il est retourné en Galilée ou s'il est resté en Judée. On admet en général que Jésus n'a pas quitté la Judée et l'on rapporte à cette période la partie du III Évang. (Lc. 10, 17–13, 21) où se trouve raconté le ministère de Jésus parmi les Juifs hors de Jérusalem'. Quoi qu'il en soit de l'enchaînement des faits qui constituent la vie du Sauveur, les données chronologiques de notre texte (22) sont aussi précises qu'on peut le désirer Jésus n'est séparé de sa Passion que par un intervalle de trois

mois.

La fête de la Dédicace (tà èyxxívia) se célébrait en souvenir de la consécration solennelle, que Judas Macchabée avait ordonnée en l'an 164, pour purifier le temple des profanations exercées par Antiochus Epiphane 2. Le v. 23 détermine exactement le lieu de la scène. Le portique de Salomon était une galerie qui longeait le mur oriental de la cour des Gentils; il devait sa dénomination à une opinion populaire qui faisait remonter son origine au roi Salomon 3. C'est là que se tient Jésus, lorsqu'il est abordé par ses ennemis. Nous trouvons ici une reproduction des enseignements développés dans les discussions antérieures. Dans la première partie de son allocution (24-31), le Sauveur condamne l'incrédulité des Pharisiens. Les Juifs, dit l'Évan

1. C'est notamment l'opinion du P. Patrizi : « ..... intelligimus Christum inter absolutum sacrum solemne scenopegia interque enconia, siquidem, ut reipsa factum est, Hierosolyma abfuit, non diutius abesse potuisse quam duobus mensibus, facileque hinc colliges minime reversum esse in Galilæam per id tempus. Utrumque hoc comprobat Lucæ narratio quæ est 10, 1713, 21, inter primum et alterum iter, quæque cum novis exibet extra illa urbem attamen intra Judæam. » De Evang., III, diss. XLVIII, 22.

2. I Mac. 1, 21 ss.; 4, 36-59; II Mac. 10, 1-8; Josèphe, Ant., XII, 7, 6-7. 3. Act. Ap. 3, 11; Josèphe, Ant., XX, 9, 7.

P. CALMES. Évangile selon saint Jean.

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géliste, entourèrent Jésus, éxúxλwsav; l'emploi de cette expression paraît être intentionnel; il fait ressortir la conduite insidieuse des Juifs qui cernent le Sauveur, pour le forcer à s'expliquer et lui arracher des paroles compromettantes. Leur langage répond parfaitement à leur démarche : Si tu es le Christ, dis-le ouvertement ! Ce n'est pas tant une demande qu'une provocation: ose déclarer que tu es le Messie! on explique dans le même sens le membre de phrase w πότε τὴν ψυχὴν ἡμῶν αἴρεις; Ce qui fait le tourment des Juifs ce n'est pas le désir de la vérité, mais plutôt l'impatience qu'ils éprouvent devant la popularité tous les jours grandissante de Jésus. La réponse qu'ils reçoivent reflète, par plusieurs de ses traits, l'allégorie du bon Pasteur. Il faut se rappeler que Jésus, à Jérusalem, a toujours affaire à cette même catégorie de personnes que l'auteur sacré désigne par le nom collectif de « Juifs » ou de « Pharisiens » et il n'y a pas lieu de s'étonner qu'il suppose connue de ses interlocuteurs la comparaison qui justifie son langage. C'est ce qui ressort du terme par lequel débute l'allocution, sinov úuiv, aor. que la Vulg. rend par le prés., loquor vobis. Comme toujours, Jésus en appelle à ses œuvres, à ses miracles. Nous savons ce qu'il faut entendre par brebis. L'emploi figuré de ce mot présente au v. 26 une difficulté sur laquelle nous reviendrons tout à l'heure. Le v. 27, pour toute explication, demande a être rapproché des versets 4 et 14 du même chap. ; il contient deux idées connaissance réciproque et fidélité des brebis à suivre le pasteur. Les versets 27-28 offrent une suite de propositions qui se succèdent rapidement et s'enchaînent, de manière à former une sorte de gradation ascendante: pour prix de leur docilité, les brebis recevront du divin Pasteur la vie éternelle. Le même ordre d'idées se poursuit au v. 29. L'emploi du genre neutre rend la phrase assez obscure. Le Texte Reçu, reproduisant la legon de plusieurs manuscrits, a : ὁ πατήρ μου, ὃς δέδωχέν μοι, μείζων πávτwv kctív, mon Père, qui me [les] a données, est plus grand que tous [les autres êtres]. Mais nous sommes en présence d'un de ces cas où le texte le plus difficile a beaucoup de chances d'être le vrai. Nous croyons donc que le v. 29 ne fait que répéter à un autre point de vue ce qui vient d'être dit au verset précédent : ce que le Père me donne est en dehors de toute atteinte (comp. 6, 37). La mention de la main par rapport au Père est un anthropomorphisme biblique, qui exprime la toute-puissance. La même expression, quand Jésus l'emploie en par

lant de lui-même (28), répond à l'idée de possession, de propriété. Le Père céleste a le domaine suprême du troupeau dont le Fils n'est que le berger. Moi et le Père nous sommes un (30). Bornons-nous, pour le moment, à constater la clarté avec laquelle cette proposition exprime l'unité dans la dualité (comp. 14, 10a; 17, 22b). S. Epiphane se plaît à rappeler ce texte avec une variante qui le rend encore plus significatif of dúo v suev, ambo unum sumus'. V. 31 : ils apportèrent de nouveau, par allusion à une manifestation semblable mentionnée plus haut, 8, 59. Les Juifs gardent envers Jésus l'attitude hostile qu'ils ont prise dès le commencement de son ministère (5, 18). L'altercation qui s'engage (32-33) amène le Sauveur à justifier ses prétentions (34-38); dans sa réponse, il écarte d'abord l'accusation de blasphème (34-36); puis il établit positivement son union avec le Père (37-38). Son langage est tour à tour apologétique et doctrinal. La formule : il est écrit dans votre Loi annonce un argument ad hominem. La Loi proprement dite était le Pentateuque; ce mot est ici employé par synecdoque pour désigner l'ensemble des écrits de l'A. T. Le passage allégué est tiré des Psaumes que l'on rattachait d'ordinaire à la collection des Prophètes (ON). Iahvé, s'adressant aux juges théocratiques d'Israël, leur rappelle la dignité dont ils sont investis en leur disant : « vous êtes des dieux >> (Ps. LXXXII, 6). Ces paroles, rapportées par la sainte Écriture, ne sauraient être vaines. Si donc, poursuit Jésus (36), les fonctionnaires théocratiques, hommes souvent prévaricateurs et indignes, ont pu être appelés des dieux, comment osez-vous m'accuser de blasphème, parce que je me dis fils de Dieu. Dans cette première partie de l'argumentation, le Sauveur revendique uniquement le droit à employer la formule qui fait le scandale des Pharisiens; sa citation a simplement pour but de démontrer que l'expression n'est pas inouïe. Il fait provisoirement abstraction du sens qu'il entend lui donner en se l'appliquant à lui-même. Cependant, le début emphatique du v. 36 montre qu'il prétend tirer une conclusion a minori ad majus. Le verbe sanctifia répond aux termes hébreux p (hiph. de ip), ou л, consacra en vue de sa mission. Les deux versets qui suivent ont trait à ce qui fait le fond du débat; Jésus y justifie non plus la forme de

1. Hær. LXIV, 9; LXIX, 19, med.

2. Lc. 24, 44-45.

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