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§ XX. Entrée triomphale de Jésus à Jérusalem.

1° 12, 1-11.

1 Cependant, six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare*, qu'il avait ressuscité des morts. On lui fit donc là un souper, et Marthe servait; Lazare était du nombre des convives. 3Or Marie, ayant pris une livre d'essence de nard pur [et] précieux, oignit les pieds de Jésus, qu'elle essuya de ses cheveux; et la maison fut remplie de l'odeur du parfum. Sur ce, un de ses disciples, Judas l'Iscariote*, celui qui devait le livrer, dit : « Pourquoi ce parfum n'a-t-il pas été vendu trois cents deniers, que l'on aurait donnés aux pauvres? » Il dit cela, non qu'il eût souci des pauvres, mais parce qu'il était voleur et qu'ayant la bourse, il était chargé de ce qu'on y mettait. Mais Jésus répondit : « Laissela; elle l'a gardé* pour le jour de ma sépulture. 8*Car vous aurez toujours des pauvres avec vous, mais moi, vous ne m'aurez pas toujours. » Or, un grand nombre de Juifs, ayant appris qu'il était là, vinrent, non pas seulement à cause de Jésus, mais pour voir Lazare, qu'il avait ressuscité des morts. 10 Mais les prêtres décidèrent de mettre à mort Lazare, 11 car, à cause de lui, beaucoup de Juifs s'en allaient et croyaient en Jésus.

1. De nombreux témoins ajoutent : ó tevηxos.

4. Nous suivons la leçon de

Ἰούδας Σίμωνος Ισκαριώτης.

BL; cependant plusieurs témoins ont:

6. b ff exportabat; a c e auferebat.

7. Nous suivons la leçon tet√pxev, autorisée par douze mss. mjj. et les vers. Syr. pesch. et Syr. sin.; les autres mss., parmi lesquels & B D, la plupart des mnn., It. Vulg. Sah. Cop. Arm. lisent va... τηρήσῃ.

8. D et Syr. sin. omettent ce verset.

9. D, bde, Syr. sin. suppriment póvov.

Jésus vient à Béthanie, où il est reçu dans la maison de Lazare (1-11). D'après la marche du récit évangélique, le point de départ de ce voyage est la ville d'Ephraïm, où le Sauveur a résidé depuis la dernière fête de la Dédicace (11, 54). Mais l'auteur ne dit pas par quel chemin le

trajet s'est effectué. Les Synopt., qui racontent, eux aussi, l'entrée solennelle de Jésus à Jérusalem, représentent le cortège comme venant de Jéricho. Il en résulte que le Sauveur aurait fait un détour pour se rendre d'Ephraïm à Jérusalem, suivant la route que s. Épiphane fit plus tard en sens inverse (v. supra, p. 339, note). En passant par la vallée du Jourdain, il se serait adjoint à une caravane de pèlerins venant de Galilée. Telles sont les considérations que l'on fait valoir pour concilier le récit du IVe Évang. avec celui des Synopt. (Mt. 20, 29-34; Mc. 10, 46-52; Lc. 18, 35-43). S. Jean nous fournit un détail particulièrement important, lorsqu'il désigne le jour de l'arrivée du Sauveur à Béthanie. Malheureusement cette donnée chronologique manque de précision et peut s'interpréter de différentes manières : πρὸ ἓξ ἡμερῶν τοῦ πάσχα, inversion pour ἓξ ἡμέρας πρὸ τοῦ πάσχα, siæ jours avant la Pâque. Faut-il comprendre dans cette période le jour de l'arrivée à Béthanie et le jour au soir duquel commençait la Pâque juive? C'est là une question sur laquelle les exégètes sont divisés. De plus, doit-on entendre ici comme premier jour de la fête, le jour de la préparation, c'est-à-dire le 14 de nisan, ou bien le jour où commençait la solennité proprement dite, c'est-à-dire le 15? Enfin, l'auteur a-t-il en vue le jour officiel? Selon la réponse que l'on donne à chacune de ces questions, l'arrivée de Jésus à Béthanie varie du 10 au 8 du mois de nisan. Cependant, nous croyons qu'il ne faut pas chercher ici les éléments d'une chronologie rigoureuse. En signalant la présence de Jésus à Béthanie, l'auteur a principalement en vue le repas de l'onction, et non le moment précis de son arrivée. Comme nous l'établirons plus loin, en étudiant la chronologie de la semaine sainte, le festin eut lieu chez Lazare dès la veille. Toutefois, il importe de remarquer que « la Pâque » s'entend plutôt du 14 que du 15 de nisan. Cela ressort de Num. 33, 3, où le 15 est appelé « le lendemain de la Pâque », d'après les LXX, τῇ ἐπαύριον τοῦ πάσχα.

Nous retrouvons, au début de ce chapitre, les mêmes personnages qui ont figuré dans la narration du miracle. D'abord Lazare, qui est désormais comme un signe placé entre le Sauveur et les Juifs, un objet de scandale pour les uns, une occasion de salut pour les autres'.

1. D'après une tradition rapportée par s. Épiphane (Hær. LXVI, 34, fin.), Lazare aurait vécu encore trente années après sa résurrection. Pour ce qui

Quant à Marthe et Marie, il convient de remarquer la conformité de leur attitude avec le portrait qu'en a tracé s. Luc (10, 39-42). Marthe servait, expression qui semble empruntée à l'épisode du III Évang. De la part de Marie, c'est la même pitié expansive. L'étude comparée des récits évangéliques oblige à distinguer l'onction racontée dans le III® Évang. (7, 37-39) de celle qui eut lieu dans la maison de Lazare; mais, d'autre part, l'harmonie des Évang. invite à reconnaître dans les passages Mt. 26, 6-13; Mc. 14, 3-9; Jo. 12, 3-5 trois narrations d'un même fait. Ce dernier point est généralement admis. Voici d'ailleurs les récits parallèles.

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Jo. 12, 1-8. 'Cependant, six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare, qu'il avait ressuscité des morts. On lui fit donc là un souper, et Marthe servait; Lazare était du nombre des convives. 'Or Marie, ayant pris une livre d'essence de nard pur et précieux, oignit les pieds de Jésus, qu'elle essuya de ses cheveux; et la maison fut remplie de l'odeur du parfum.

'Sur ce, un de ses disciples, Judas l'Iscariote, celui qui devait le livrer, dit : « Pourquoi ce parfum n'a-t-il pas été vendu

trois cents deniers, que l'on aurait donnés aux pauvres ? »

"Il dit cela, non qu'il eût souci des pauvres, mais parce qu'il était voleur et qu'ayant la bourse, il était chargé de ce qu'on y mettait.

concerne les légendes provençales, auxquelles son nom a été mêlé, elles paraissent définitivement écartées du champ de la critique. Cf. Duchesne, Les fastes épicospaux de l'ancienne Gaule, t. I, chap. 10.

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Les traits essentiels sont les mêmes dans les trois récits; les détails qui offrent quelque divergence, peuvent se combiner en un même tableau. Il n'y a que la circonstance du temps qui présente une certaine difficulté. D'après s. Jean, la scène se passe six jours avant la Pâque; il semble au contraire que, d'après les deux premiers Synopt., l'onction a eu lieu l'avant-veille de la solennité (Mt. 26, 2; Mc. 14, 1). Mais nous savons qu'en plusieurs endroits Mt. et Mc. suivent un ordre plutôt logique que chronologique. C'est ici le cas : ils suivent l'enchaînement des faits jusqu'au jour où Jésus annonce à ses disciples la trahison prochaine dont il doit être victime, c'est-à-dire jusqu'à l'avantveille de la Pâque; ils prennent de là occasion de raconter, à titre rétrospectif, l'onction de Béthanie, sans prétendre assigner à ce fait une date précise. Autant la narration du IVe Évang. s'accorde avec celle de Mt. et de Mc., autant elle s'écarte de celle que nous trouvons dans Lc. 7, 37-50. Les deux récits ont en commun une circonstance assez frappante. Marie, comme la pécheresse, verse le parfum sur les pieds du Sauveur, qu'elle essuie avec ses cheveux. Mais, au point de vue strictement historique, c'est-à-dire eu égard aux circonstances de temps et de lieu, les deux faits sont séparés par un long intervalle : l'un se rapporte au début du ministère galiléen, l'autre s'accomplit en Judée, quelques jours avant la Passion. — Le quatrième évangéliste signale avec précision la quantité et la qualité du parfum : une livre (λίτρα), poids romain de 12 onces (326 gr.). Μύρου νάρδου πιστικῆς πολυtíuov; le premier mot (uúpov) est générique; il signifie parfum liquide. Le nard (vάpôos) est le plus précieux de ces parfums; il est originaire de

l'Inde et tire sa dénomination du sanscrit (naladâ). L'adjectif motixós, que la Vulgate transcrit, plutôt qu'elle ne le traduit, se retrouve une seule fois dans tout le N. T.; c'est dans le passage parallèle Mc. 14, 3. Étymologiquement il signifie « digne de foi »; dans le texte évangé lique, on doit le prendre dans le sens de « pur »'. La deuxième épithète πολυτίμου se rapporte à νάρδου. D'après la narration de Mc. (14, 3), le parfum était contenu dans un flacon hermétiquement fermé, que Marie brisa pour en vider le contenu d'abord sur la tête, selon la coutume orientale (Ps. XXIII, 5), puis sur les pieds du Sauveur. La remarque de Judas (5) prouve combien était précieux le parfum prodigué par la sœur de Lazare. Au temps de N.-S., le denier équivalait environ à 78 cent. 300 deniers représentaient donc une somme de 234 fr. Le v. 6 est une parenthèse, dans laquelle l'évangéliste caractérise l'apôtre de Kérioth par quelques traits incisifs basés, selon toute apparence, sur des souvenirs personnels. Le mot yλwocóxquov désigne la boîte dans laquelle les disciples de Jésus mettaient en commun l'argent qu'ils recevaient. Judas est nettement qualifié de voleur; peu importe que cette qualification soit impliquée ou non dans le verbe 6άotačev (auferebat ou ferebat). Il est probable que ses condisciples ne connurent ses infidélités qu'après la trahison. La réponse de Jésus (7) est fort obscure dans la Vulg. Cependant elle est basée sur l'autorité de plusieurs bons témoins, & B D, qui lisent va... Typhon. Mais le T. R. est seul intelligible; il est d'ailleurs en parfaite conformité avec la notice parallèle des Synopt., Mt. 26, 12 et Mc. 14, 8; la conjonction va est absente et le verbe est au parf. tetxev. D'après cette leçon, la réponse du Sauveur a le même sens que dans les Synopt.: laissez-la, elle a conservé ce parfum pour ma sépulture, car aujourd'hui elle a embaumé mon corps par anticipation. Jésus fait ainsi une allusion directe à sa mort prochaine. Le v. 8 se rattache à la même idée fondamentale. Il est à noter que cette phrase, qui est omise dans le Codex cantabr., se trouve mot pour mot dans Mt. 26, 11 et Mc. 14, 7. Mais, étant données les ressemblances frappantes qui unissent le récit de l'onction dans Jo. à celui des deux premiers Évang., il y a lieu de se demander, s'il n'y a pas ici

1. Nestle, à la suite de l'exégète hollandais Naber, pense que le mot лisTixй est une fausse transcription de σлETйs. Dans ce cas, le terme correspondant de la Vulg., spicatus, serait lui-même une leçon fautive pour spicitus. Zeitschrift für die neut. Wiss., 1902, p. 169-171.

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