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PRÉFACE

Ceux qui suivent avec attention la marche de l'exégèse biblique ont pu reconnaître chez plusieurs critiques récents une tendance marquée à l'allégorie dans l'interprétation du quatrième Évangile. S'il faut en croire M. Jean Réville et M. l'abbé Loisy, l'auteur de ce livre aurait conçu son œuvre dans un sens systématiquement allégorique le cadre chronologique, qui embrasse une durée de trois ans et demi, représenterait une demi-semaine d'années, et la déclaration des Juifs 8, 57 insinuerait, comme le voulait saint Irénée, que Jésus est mort à l'âge de quarante-neuf ans, après avoir vécu exactement sept semaines d'années, conformément à la prophétie de Daniel, 9, 25; les différentes phases de l'histoire évangélique, récits ou discours, seraient des représentations figurées ou des exposés théoriques du dogme chrétien; les détails circonstanciés, que l'on considérait volontiers comme les indices d'un témoignage authentique, devraient s'expliquer par l'allégorie.

Chose remarquable, ce système ne vient pas d'Allemagne, bien que certains travaux, comme celui de M. Kreyenbühl1, aient pu le faire pressentir. C'est en France qu'il a été conçu et élaboré. M. Jean Réville en donnait une esquisse, voilà déjà trois ans 2. Mais il y a quelques mois à peine que M. Loisy l'a exposé dans toute son ampleur3.

On s'apercevra au premier coup d'œil que notre commentaire

1. Das Evangelium der Wahrheit. Berlin, 1901. Cf. Rev. bibl., X, p. 453 ss. 2. Le quatrième Évangile, son origine et sa valeur historique. Paris, 1901. Cf. Rev. bibl., XI, p. 116 ss.

3. Le quatrième Évangile. Paris, 1903.

n'est pas basé sur un tel système, dont le principal inconvénient n'est pas celui de la nouveauté. Tout en mettant largement à profit les travaux récents, 'nous avons évité toute interprétation aventureuse, persuadé qu'un livre destiné à l'usage classique doit fournir avant tout des explications éprouvées, et que les recueils périodiques suffisent à la discussion des problèmes nouveaux, que la critique soulève tous les jours. Quelques-uns s'étonneront de nous voir maintenir l'opinion traditionnelle, qui attribue à Jean l'apôtre la composition de notre Évangile. L'authenticité du livre est sujette à des difficultés que nous nous sommes bien gardé de dissimuler ou d'amoindrir. Mais, ici encore, nous n'avons pas cru avoir des motifs suffisants pour nous départir du sentiment commun conforme aux affirmations catégoriques des plus anciens témoins.

Le présent ouvrage était entièrement imprimé quand a paru le commentaire de M. Loisy. Il nous a donc été impossible de mettre à contribution cette importante étude, si ce n'est pour les parties qui avaient été auparavant livrées au public en articles détachés. La lecture attentive de l'ouvrage n'a pas modifié sensiblement notre point de vue. Il y a des allégories et des symboles dans l'Évangile johannique, cela est vrai, plus vrai peut-être qu'on ne l'avait pensé jusqu'ici. Mais jusqu'où s'étendent ces allégories et ces symboles, et dans quelle mesure s'opposent-ils à la valeur historique du livre? C'est là le point délicat. Il ne suffit pas de dire que les personnages du quatrième Évangile sont des types, pour conclure que les « types » étrangers aux Synoptiques, tels que Nathanaël ou Nicodème, n'ont aucune réalité. De même, il ne suffit pas de constater que, dans la Bible, sept est un nombre parfait, pour voir un symbole dans chaque détail chronologique. Mais c'est surtout dans la géographie et la topographie que le système de M. Loisy trahit ses excès. On est bien obligé d'admettre que Jean connaît la Palestine, et en particulier la ville de Jérusalem. Si donc la partie pour laquelle nous avons un élément de contrôle se trouve con

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