Otoi si long-tems redoutée, Déesse paisible des airs, Odune, embellis l'univers, Et de ta lumière argentée Blanchis la surface des mers; L'Amour implore ta puissance. Triste victime de l'absence, Léandre, aimé sans être heureux, 'Frémit de la barrière immense Que Neptune oppose à ses vœux. Mais que la fortune trahisse L'indigne amant qui réfléchit; Sans connaître le précipice Léandre y vole et le franchit. En vain sur les plaines humides Il touche, en étendant les bras, Le sein des jeunes néréides, Et s'égare sur leurs appas: En vain cent beautés ingénues S'élèvent au milieu des flots; Toujours moins homme que héros, Il fuit les belles éperdues Qui, par leur mollesse étendues, Chantent les hymnes de Paphos. La jeune Doris, plus pressante Et plus sensible à ses refus, Lui tend, d'une main caressante, Un piège inventé par Vénus. Cent fois la naïade échappée S'attache à son sein embrasé: S'il plonge il baise une nappée; Et le cœur d'un amant fidelle Echappe au prestige des sens. Donne le signal du délire. En résistant à son ivresse Elle en augmente les transports. Quand elle refuse un baiser Brille tour à tour dans leurs yeux: Le jour renaît, l'air s'embellit, Par BERNIS. LES AMANS TIMIDES. L'ASTRE brûlant vient de descendre Viens, Doris, viens sous cet ombrage, Du Zéphir le souffle amoureux L'émail varié des prairies, D'objets en objets fugitive, Mon ame, en ces momens heureux, A la fois distraite et pensive, Ne se fixe sur aucun d'eux. Partages-tu ce trouble extrême, Plus douce que le plaisir même Que vois-je! il s'émeut, il palpite! Tu voudrais démêler la cause: Sur ton front se peint la pudeur, |