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Charmant palmier, tige aimable et fleurie,
Je viens cueillir vos fruits délicieux.

Ciel! que le tems est un bien précieux!
Tout le consume, et l'amour seul l'emploie.
Mes chers amis qui partagez ma joie,
Buvez, chantez, célébrez ses attraits;
Dans les bons vins que votre ame se noie;
Je vais goûter des plaisirs plus parfaits.

LA SULAMITE.

Paix du cœur, volupté pure,
Doux et tendre emportement,
Vous guérissez ma blessure.
Ne scuffrez pas que j'endure
Un nouvel éloignement;
L'absence d'un seul moment
Est un moment de parjure.
Allons voir, allons tous deux
Voir nos myrtes amoureux;
Prenons soin de leur culture;
Redoublons nos tendres nœuds
Sur nos tapis de verdure;
Fuyons le bruyant séjour
De cette superbe ville:
Le village est plus tranquille;
Et la nature et l'amour

L'ont choisi pour leur asile.

Par VOLTAIRE.

PRÉCIS DE L'ECCLÉSIASTE.

DANS ma bouillante jeunesse

J'ai cherché la volupté,

J'ai savouré son ivresse:
De mon bonheur dégoûté,
Dans sa coupe enchanteresse
J'ai trouvé la vanité.

La grandeur et la richesse
Dans l'âge mûr m'ont flatté;
Les embarras, la tristesse,
L'ennui, la satiété

Ont averti ma vieillesse
Que tout était vanité.

J'ai voulu de la science

Pénétrer l'obscurité.

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De quoi m'aura servi ma suprême puissance,
Qui ne dit rien aux sens, qui ne dit rien au cœur,
Brillante opinion, fantôme de bonheur,

Dont jamais en effet on n'a la jouissance?

J'ai cherché ce bonheur, qui fuyait de mes bras,

Dans mes palais de cèdre, aux bords de cent fontaines;
Je le redemandais aux voix de mes sirènes :

Il n'était point dans moi, je ne le trouvais pas.

J'accablai mon esprit de trop de nourriture;
A prévenir mon goût j'épuisai tous mes soins;
Mais mon goût s'émoussait en fuyant la nature:
Il n'est de vrais plaisirs qu'avec de vrais besoins.

Je me suis fait une étude
De connaître les mortels;
J'ai vu leurs chagrins cruels,
Et leur vague inquiétude,
Et la secrète habitude
De leurs penchans criminels.

L'artiste le plus habile
Fut le moins récompensé;
Le serviteur inutile
Etait le plus caressé;
Le juste fut traversé;
Le méchant parut tranquille.

Tu viens de trahir l'amour,
Et tu ris, beauté volage!
Un nouvel amant t'engage,
T'aime et te quitte en un jour;
Et dans l'instant qu'il t'outrage
On le trahit à son tour.

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J'entends siffler partout les serpens de l'envie;
Je vois par ses complots le mérite immolé;
L'innocent confondu traîne une affreuse vie;
Il s'écrie en mourant : Nul ne m'a consolé!

Le travail, la vertu pleurent sans récompense;
La calomnie insulte à leurs cris douloureux,
Et du riche amolli la stupide insolence
Ne sait pas seulement s'il est des malheureux.

Il l'est pourtant lui-même; un éternel orage
Promène de son cœur les desirs inquiets;
Il hait son héritier, qui le hait davantage;
Il vit dans la contrainte, et meurt dans les regrets,

Dans leur course vagabonde

Les mortels sont entraînés,
Frêles vaisseaux que sur l'onde
Battent les vents mutinés,

Et dans l'océan du monde
Au naufrage destinés.

D'espérances mensongères
Nous vivons préoccupés:
Tous les malheurs de nos pères
Ne nous ont point détrompés;
Nous éprouvons les misères
Dont nos fils seront frappés.

Rien de nouveau sur la terre:
On verra ce qu'on a vu;

Le droit affreux de la guerre,

Par qui tout est confondu,

Et le vice et la vertu

En butte aux coups du tonnerre.

Le sage et l'imprudent, et le faible et le fort,
Tous sont précipités dans les mêmes abymes;
Le cœur juste et sans fiel, le cœur pétri de crimes,
Tous sont également les vains jouets du sort.

Le même champ nourrit la brebis innocente
Et le tigre odieux qui déchire son flanc;
Le tombeau réunit la race bienfaisante
Et les brigands cruels enivrés de son sang.

En vain par vos travaux vous courez à la gloire;
Vous mourez : c'en est fait, tout sentiment s'éteint;
Vous n'êtes ni chéri, ni respecté, ni plaint:
La mort ensevelit jusqu'à votre mémoire.

Que la vie a peu d'appas!
Cependant on la desire.

Plus de plaisirs, plus d'empire
Dans les horreurs du trépas:

Un lion mort ne vaut pas
Un moucheron qui respire.

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