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Je ne penssons pas vous ponsions faire des reprother dant intemps on vous me factes tant de bien, mais enfin Je fromme que vossoms et vos boutes demandent House autre chose de moy que de soufrir patiement vaske filence. Je viens din faire mes pleenter a gounille quy va passer en languedoc in Lorence et en Dauphiné et quisera cependant kans trois semaines a Danis, it me parle fydonteusement du Jour du

FRAGMENT D'UNE LETTRE DE LA ROCHEFOUCAULD
A MADAME DE SABLÉ

Mme de Longueville, de Mme de Chevreuse) des considérations générales à la Salluste, et des traits à la Montesquieu. Il abonde en pensées; on en ferait un recueil à mettre à côté de celui de La Rochefoucauld et qui ne lui cèderait ni en talent ni en noirceur. On connaît sa phrase célèbre sur les débuts de la Fronde; elle donne bien l'idée qu'on doit avoir de lui à la fois comme philosophe politique et comme écrivain; car elle est à la fois profonde et pittoresque: « L'on chercha en s'éveillant comme à tâtons les lois; on ne les trouva plus, on s'effara, on cria, on se les demanda. Le peuple entra dans le sanctuaire; il leva le voile qui doit toujours couvrir tout ce que l'on peut croire du droit du peuple et de celui des rois, qui ne s'accordent jamais si bien ensemble que dans le silence. »

Retz ne fut pas le grand homme que nous a peint Bossuet dans une magnifique période, « vaincu, mais étonnant encore son ennemi victorieux de ses tristes et intrépides regards »; mais ce fut un moraliste singulièrement délié et incisif et un très grand écrivain.

Mme de Sévigné était la joie et le rayon de soleil de cette société si distinguée et si polie. Appartenant encore à la première moitié du XVIIe siècle par sa tournure d'esprit et ses sympathies littéraires, amoureuse de Corneille, grand amateur de La Calprenède, familière de l'Hôtel de Rambouillet déclinant, mais aussi « Port-Royaliste » déclarée, entêtée de Nicole, et encore, si elle ne comprenait pas Racine, admiratrice de La Fontaine et enthousiaste de Bourdaloue, la charmante marquise réunissait en elle presque tout ce que le siècle entier avait produit de distingué, d'aimable et d'élevé. A cela elle ajouta un grand cœur, vertueux et généreux sans le moindre effort et par simple obéissance à sa nature, un esprit toujours prêt et

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d'une fécondité incroyable, et le style le plus original, le plus franc, le plus direct, le plus libre, le plus riche aussi et le plus pittoresque que personne ait eu en France depuis Montaigne.

Toutes ses lettres sont des chefs-d'oeuvre tantôt d'aimable badinage, tantôt de narration vive et vivante, tantôt de passion maternelle, tantôt d'éloquence sans le savoir, c'est-à-dire d'éloquence vraie. On a trouvé quelquefois que ses effusions de tendresse à sa fille (la troisième Mme de Grignan) finissaient par devenir un peu monotones. « Mais lisez-les comme elles ont été écrites, répondait judicieusement le président Bouhier. Elles n'ont pas été envoyées en volume. Il faut en lire une tous les huit jours ». Et même à les lire de suite on pourrait dire comme Joseph de Maistre : « Qui j'aurais voulu être, de Mme de Sévigné ou de Mme de Grignan? Mais, s'il vous plaît, la fille, pour recevoir des lettres de la mère. »

Ajoutons que ces lettres célèbres, à travers lesquelles passent tous les événements du XVII' siècle, sont les mémoires les plus intéressants du monde pour l'histoire politique, l'histoire des mœurs, l'histoire des modes, l'histoire du goût et l'histoire littéraire, mémoires au jour le jour, qui sont les meilleurs, n'étant pas arrangés après coup et après l'événement; et plût à Dieu que tous les mémoires fussent rédigés d'un style qui approchât seulement de ce style-là!

A cette société et à ce groupe d'esprit appartenait encore celui qu'on pourrait appeler le Voltaire nonchalant du XVIIe siècle, M. Charles de Marguetel de Saint-Denis de Saint-Évremond. Officier brillant pendant sa jeunesse, mêlé aux événements de la Fronde et fidèle à la cause royale pendant cette période, il fut, pour une raison demeu

rée mystérieuse, malgré toutes les explications qu'on a données, forcé de s'exiler en 1661, se fixa à Londres et y resta jusqu'à sa mort sans vouloir, quand il le pouvait et que tout le monde désirait son retour, rentrer en France. Il a peu écrit, mais assez pour qu'on sache qu'il était un critique de premier ordre, un historien intelligent, un moraliste très spirituel et un humoriste délicieux. On a de ui la Comédie des Académistes, satire en vers très divertissante, des Réflexions sur la tragédie ancienne et moderne, des Réflexions sur les poèmes des anciens, des Observations sur Plutarque, Salluste, Tacite, etc., qui sont avec Boileau ce que la critique du XVIIe siècle a donné de plus remarquable; des Réflexions sur les divers génies du peuple romain qui font songer à la Grandeur et décadence de Montesquieu et auxquelles Montesquieu a songé certainement avant d'écrire Grandeur et décadence; enfin des œuvres de fantaisie satirique ou divertissante comme la Retraite de M. de Longueville en Normandie et cette admirable Conversation du père Canaye avec le maréchal de Hocquincourt qui est comme la dernière des Provinciales. Il faut lire encore ses charmantes Lettres dont quelques-unes sont adressées à La Fontaine et qui sont des merveilles de style alerte, de bonne grâce et de spirituelle plaisanterie. Lui aussi n'a pas laissé de contribuer à ce « retour au naturel » et à ce goût d'observation morale qui devaient caractériser toute la littérature de la fin du XVII° siècle.

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