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ciens distingués, Rebel et Francœur, qui furent tous deux surintendants de la musique du roi et dont le premier fut directeur de l'Opéra, écrivirent une douzaine d'ouvrages représentés à ce théâtre; et, chose singulière, aucun des deux n'a jamais rien produit seul. Plus tard, lorsque les gouvernements de Napoléon 1er et de Louis XVIII poussèrent jusqu'à la manie l'habitude de faire représenter sur tous les théâtres des pièces de circonstance destinées à célébrer tout événement intéressant le souverain ou la dynastie mariage, naissance, baptême, etc., on fut obligé, ces sortes d'ouvrages devant être fabriqués très vite, d'associer ensemble plusieurs musiciens quand il s'agissait d'un opéra. C'est ainsi, pour n'en citer que deux exemples, que Bayard à Mezières fut l'œuvre de Boieldieu, Cherubini, Catel et Nicolo, et que Pharamond fut écrit par Berton, Boieldieu et Kreutzer. Parmi les collaborations volontaires, on peut citer celles de Boieldieu et d'Herold (Charles de France), de Boieldieu et Mme Gail (Angela), de Boieldieu et Cherubini, (la Prisonnière), de Cherubini et Méhul (Epicure), etc. Deux faits de collaboration très nombreuse sont à mentionner à l'actif des musiciens le premier a trait à un opéra révolutionnaire, le Congrès des Rois, représenté au théâtre Favart en 1794, et dont la musique était écrite par Berton, Blasius, Cherubini, Dalayrac, Deshayes, Devienne, Grétry, Jadin, Kreutzer, Méhul, Solié et Trial fils; le second se rapporte à un ouvrage en trois actes, la Marquise de Brinvilliers, donné à l'Opéra-Comique en 1837, et dont le poème, dû à Scribe et CastilBlaze, était mis en musique par Auber, Batton, Berton, Blangini, Boieldieu, Carafa, Cherubini, Herold et Paër. La collaboration musicale n'en reste pas moins un fait rare et, aujourd'hui surtout, absolument exceptionnel.

COLLATION DES ROLES. Lorsqu'une pièce va entrer en répétition, et que la lecture en a été faite, par l'auteur ou par son mandataire, devant tous les artistes qui seront chargés de participer à son interprétation, on distribue les rôles à chacun de ceux-ci. Dès le lendemain, on procède à ce qu'on appelle la collation des rôles. C'est-à-dire qu'on fait une nouvelle lec

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un vif succès dans ce personnage, en 1683, tandis que sa sœur aînée débutait dans celui d'Isabelle. Elle y fit preuve de tant de talent, que lors de la suppression de la première Comédie-Italienne (1697), comme elle avait épousé la Thorillière, excellent acteur de la ComédieFrançaise, on la pressa d'entrer à ce théâtre pour y tenir l'emploi des soubrettes, qui rentrait précisément dans le caractère de Colombine; mais elle s'y refusa obstinément, et renonça au théâtre.

De la Comédie-Italienne, où Marivaux luimême l'employa (dans sa seconde Surprise de l'amour), le type de Colombine passa rapide

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ment sur les théâtres de la Foire, et particu- | Arlequin, qu'elle payait de retour et qu'elle lièrement à l'Opéra-Comique, où ce rôle rencon- finissait toujours par épouser.

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Jeunes-Artistes annonçait une pièce impor- | bes paraissent sur la montagne les troupes tante « Arlequin à Maroc ou la Pyramide enchantée, folie-féerie en trois actes, sans entr'actes, à grand spectacle, avec des intermèdes imités du genre italien, et ornée de marches, combats, évolutions, cérémonies turques, travestissements à vue, par M. J.-B. Hapdé, musique de M. Foignet fils. » Voici une indication de la pièce qui donne un échantillon d'un de ces combats, et qui prouve que les petits théâtres ne se refusaient rien : « La vedette tire un coup de pistolet. Aussitôt on voit un grand mouvement dans le camp. Les troupes ara

de Mahomet viennent occuper la plaine, l'action s'engage, la redoute fait jouer ses batteries, les canons de l'armée marocaine ripostent vigoureusement. Mêlée générale; bataille sur la montagne. Les Arabes incendient leurs tentes; Mahomet, suivi de son peloton d'élite, poursuit les Arabes; leur chef et trois des plus déterminés veulent se mesurer avec le Chérif et ses compagnons d'armes; combat à huit et à toute outrance à la lueur des flambeaux et de l'incendie du camp. Mahomet va périr, Arlequin lui sauve la vie par son courage et son adresse.

Le chef des Arabes expire. Défaite totale des Arabes. Tableau général. Désarmement sur la montagne. >>

Voilà ce que c'était qu'un combat à Paris, au théâtre des Jeunes-Artistes, en l'an de grâce

1804.

COMÉDIE.

|
La comédie nous vient des
Grecs, auxquels il faut toujours remonter lors-
qu'il s'agit d'une œuvre de civilisation sédui-
sante et raffinée. On a essayé d'en donner bien
des définitions et l'on n'y a guère réussi, le
sujet étant tellement vaste, complexe et divers,
qu'il échappe à toute définition précise et ar-
rêtée; telle qui conviendra à la comédie de
mœurs ne conviendra pas à la comédie de ca-
ractère, et telle qui s'appliquera à celle-ci ne
pourra caractériser la comédie d'intrigue. Le
mieux serait sans doute de dire que la comédie
est une fiction scénique, qui peut tour à tour
ou tout à la fois instruire, intéresser et mora-
liser. Mais comme ce Dictionnaire n'est pas un
traité de poétique dramatique, nous n'insiste-
rons pas sur ce point.

Les premiers comiques grecs furent Eupolis, Cratinus et Aristophane, et les œuvres seules du dernier nous sont connues. A en ju

COMBATS DE COQS. On sait quelle est l'humeur belliqueuse des coqs, le courage et l'ardeur qu'ils déploient dans l'attaque et dans la défense, même contre un ennemi de beaucoup supérieur; entre eux ils sont impitoyables, et se livrent souvent des combats acharnés. De toute antiquité, l'homme s'est fait un plaisir cruel du spectacle de ces combats, de mettre deux coqs en présence, de les exciter et de les faire se ruer l'un sur l'autre jusqu'à ce que l'un, parfois tous deux, blessés, déchirés, pantelants, à bout de forces et perdant tout leur sang, tombassent l'un devant l'autre pour ne plus se relever. Très repandu chez les Grecs, et parti-ger par elles, la comédie n'était alors qu'une culièrement chez les Rhodiens, l'usage des satire violente, s'attaquant sans ménagement combats de coqs passa de la Grèce à Rome, où aux mœurs les plus pures et aux personnages il resta en honneur jusqu'à la fin de l'empire. les plus vertueux. La licence d'Aristophane En Chine et dans les îles de la Sonde, ce jeu amena les magistrats à interdire la représenbarbare fait la joie du peuple, et l'on assure tation sur la scène de toute personne vivante. qu'à Java et à Sumatra il est rare de rencon- Les auteurs en furent quittes pour farder leurs trer un Malais voyageant sans porter sous le conceptions scéniques, tout en leur laissant une bras son coq de combat, qu'il est prêt à mettre transparence qui permettait facilement de deen présence du premier adversaire venu; là, viner leur pensée. Un nouvel édit intervint comme toujours en pareille occasion, les pa- alors, et les poètes enfin se virent obligés de rieurs sont nombreux, et acharnés au point de remplacer la satire personnelle et outrageante livrer comme enjeu non seulement tout leur par des sujets puisés dans leur imagination et argent, mais jusqu'à leurs femmes et leurs fil- par l'intérêt d'une intrigue compliquée et diles. En Europe même, les combats de coqs ont vertissante. Ce fut l'époque où Ménandre se trouvé des amateurs et des propagateurs ar- produisit, Ménandre, dont il ne nous est rien dents, surtout chez les Anglais, peuple cruel et resté que quelques rares et courts fragments, froid qui a porté la boxe à la hauteur d'une et pour lequel Plutarque exprimait ainsi son institution et qui semble en vouloir faire un admiration : « Ménandre sait adapter son style des éléments essentiels de la civilisation mo- et proportionner son ton à tous les rôles, sans derne; ici même nous trouvons un raffinement négliger le comique, mais sans l'outrer; il ne dans la cruauté, et les Anglais, afin de rendre perd jamais de vue la nature; la souplesse et la plus sanglants et plus meurtriers les combats flexibilité de son expression ne sauraient être de coqs, arment les pattes de ces animaux d'é- surpassées... Il est fait pour être lu, représenté, perons d'acier finement aiguisés, avec lesquels appris par cœur... >> ils se font des blessures terribles. Il est peutêtre juste de dire pourtant que cet amusement sauvage est aujourd'hui presque abandonné par les hautes classes de la population.

Les Latins reçurent la comédie des Grecs. Nous ne savons rien d'Ennius et de quelques autres, qui se bornèrent à les imiter. Mais le génie de Plaute et de Térence, qui vinrent

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ensuite, nous est assez connu pour que nous | Souci; mais, à part l'admirable farce de l'Apuissions admirer comme ils le méritent ces vocat Patelin, œuvre de génie éclose au milieu grands écrivains. de ces temps obscurs, cent ans et plus s'écouLes siècles de barbarie qui suivirent la déca- leront avant que la comédie véritable fasse endence de Rome furent un temps perdu pour tendre ses premiers essais réguliers. On assure tous les arts. En France, au quinzième siècle, que le Plutus de Ronsard, traduit par lu le théâtre essaie de bégayer avec les jeux des d'Aristophane, est la première comédie en lanConfrères de la Passion et des Enfants-sans-gue française qui ait été représentée (1539).

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Jodelle vient ensuite, qui produit en 1552 une | sieurs, à vous voir assemblés en ce lieu, que comédie en vers de huit syllabes, Eugène ou la Rencontre. Puis on vit paraître les Corrivaux, dont un jeune écrivain, Jean de la Taille, avait puisé le sujet dans l'Arioste, et qui est, dit-on, la première comédie en cinq actes et en prose qui ait vu le jour en France. L'auteur était fort jeune, puisqu'il mourut de la peste à vingt ans, et dans son prologue il s'exprimait ainsi, non sans quelque fierté : « Il semble, Mes

DICTIONNAIRE DU THÉATRE.

vous y soyez venus pour ouïr une comédie. Vraiment, vous ne serez point déçus de votre intention. Une comédie, pour certain; vous y verrez non point une farce, ni une moralité. Nous ne nous amusons point en chose ni si basse, ni si sotte, et qui ne montre qu'une pure ignorance de nos vieux Français. Vous y verrez jouer une comédie faite au patron, à la mode et au portrait des anciens Grecs et Latins: une

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toutes (je le dis hardiment) les farces et les moralités qui furent oncques jouées en France. Aussi avons-nous grand désir de bannir de ce royaume telles badineries et sottises, qui, comme amères épiceries, ne font que corrompre le goût de notre langue. »

comédie, dis-je, qui vous agréera plus que | inépuisable. Traits plaisants, pensées naïves, mots heureux, vers charmants qui naissent sans efforts et se gravent dans le cœur ou dans la mémoire, tout ce qui suffirait pour assurer la gloire d'un autre est son moindre mérite. Molière sait la nature par cœur. Sa critique est vive, mais elle est juste et vraie. Il ne décrit point le ridicule, il le met en action. Il lui suffit quelquefois de ramener sous nos yeux une scène à laquelle nous n'avions pas prêté assez d'attention dans la vie : le poète semble ne se douter de rien, et c'est le spectateur qui fait la critique. Son esprit vaste embrasse tous les temps. Une seule de ses bonnes comédies est l'histoire complète des ridicules de son siècle. et de ces travers qui tiennent plus profondément au cœur humain et s'éternisent avec les générations. Dans ses farces les plus frivoles, on retrouve l'observateur philosophe. Toujours des ridicules, toujours de la morale il ne les cherche pas, ils viennent s'offrir d'eux-mêmes... Seul, il suffit pour donner à notre théâtre la prééminence dans l'art de la comédie; et cependant telle est notre richesse, que sans lui nous pourrions la disputer encore. >>

Les Corrivaux étaient joués en 1562. Bientôt un autre écrivain, Jean de Larivey, se faisait jour et dotait notre théâtre des premières comédies d'imagination qu'il ait entendues; ces comédies, qui avaient pour titre le Laquais, les Esprits, les Écoliers, le Morfondu, la Veuve, furent représentées de 1578 à 1580. Nous touchons au moment décisif, et à l'époque bientôt glorieuse. Corneille paraît, et bien que sa première comédie, Mélite, donnée en 1625, fût loin de faire prévoir le Menteur, elle était tellement supérieure à tout ce qui l'avait précédée qu'elle obtint un succès immense et mérita cet éloge de Fontenelle : << Cette pièce est divine en la comparant à celles du temps. Le théâtre y est mieux entendu, le dialogue mieux tourné, les mouvements mieux conduits, et surtout il y règne un certain air assez noble, et la conversation des honnêtes gens n'y est pas mal représentée. »>

En même temps que Corneille paraissent Rotrou et Scudéry; mais il les laisse vite loin derrière lui, en donnant successivement la Veuve, la Galerie du Palais, la Suivante, la Place royale, l'Illusion comique, et enfin ce chefd'oeuvre, le Menteur (1642)! Quelques années s'écouleront encore, et la France étonnée verra surgir enfin le plus grand poète comique de tous les temps, celui qui la rend glorieuse entre toutes, et qui reste la plus pure et la plus complète émanation du génie national, Molière!

Molière semble poser les dernières limites du genre de la comédie. Il est certain que jusqu'à ce jour on ne les a ni dépassées, ni même atteintes de nouveau. « Molière, a dit Picard, qui s'y connaissait, porte l'art à sa perfection, crée un genre, en marque la dernière limite par ses chefs-d'œuvre, et semble ensevelir son secret avec lui. Sous la plume de cet homme divin, la comédie étend son domaine; une morale élevée, une philosophie sublime, se mêlent pour la première fois aux flots d'un comique

Il ne faut pas, en effet, que l'écrasante supériorité de Molière nous rende injustes envers ceux qui, de près ou de loin, ont tenté de marcher sur ses traces. Tartuffe, le Misanthrope, l'École des Femmes, l'Avare, le Bourgeois gentilhomme, les Fourberies de Scapin, l'École des Maris, le Médecin malgré lui, et tant d'autres, sont sans doute des modèles désespérants; mais bien des poètes de second et de troisième ordre ont droit à notre sympathie. Parmi ses contemporains même, et sans parler de Racine, qui a fait une brillante incursion dans le genre comique avec les Plaideurs, on ne saurait oublier Quinault, Scarron, Boursault, Hauteroche, Montfleury, auxquels succède immédiatement Regnard, celui qui se rapproche le plus de Molière, et qui se fait une place à part dans notre théâtre, grâce au Joueur, au Distrait, aux Folies amoureuses, aux Ménechmes et au Légataire universel.

Viennent ensuite Dufresny, Dancourt, Lesage et son Turcaret, Destouches avec le Glorieux, le Dissipateur, le Philosophe marie; puis la Chaussée, Marivaux, Dorat, Gresset, Piron,

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