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Nation était chaque soir le centre de scènes tumultueuses, certains journaux le dénonçaient incessamment à la vindicte publique, quand un incident plus grave que les précédents donna à la situation un terme violent : le 3 septembre 1793, tous les artistes furent arrêtés, et le théâtre fut fermé.

celle-là même qu'occupe encore aujourd'hui la | vint mettre le feu aux poudres. Le Théâtre de la Comédie. Pendant ce temps, ceux qui étaient restés fidèles à la salle du faubourg Saint-Germain, qui avait pris le nom de Théâtre de la Nation, c'est-à-dire Molé, Dazincourt, Fleury, Vanhove, Saint-Prix, Naudet, Mmes Suin, la Chassaigne, Raucourt, Contat, Devienne, etc., avaient maille à partir avec le populaire, qui trouvait leur répertoire réactionnaire et en- Nos comédiens subirent une captivité de onze taché de « feuillantisme ». Plusieurs pièces déjà, mois; ils n'eurent aucun mal cependant, et fuentre autres l'Ami des Lois, de Laya, avaient rent relâchés. Mais leur histoire est très difficile mis les jacobins en fureur, lorsque la représen- à faire alors; pendant plusieurs années, sous tation de Paméla, de François de Neufchâteau, la direction successive de la Montansier, de

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Mile Raucourt, de Picard, de Sageret, ils rouvrent et ferment à diverses reprises la salle du faubourg Saint-Germain, qui avait pris le nom d'Odéon (et qui brûle le 18 mars 1799), puis jouent sur divers théâtres, à Louvois, à la Cité, au Marais, à Feydeau, et s'en vont même en province. Enfin, le 30 mai 1799, eut lieu, dans la salle actuelle, la réunion des anciens acteurs du Théâtre de la Nation et de ceux qui avaient formé le Théâtre de la République, et depuis lors

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sont des comédies héroïques.

l'intrigue, purement romanesque, est dépour- | ragon de Corneille et l'Ambitieux de Destouches vue de ce comique qui provoque le rire, et dont le dénouement heureux ne coûte ni de sang aux personnages, ni de larmes aux spectateurs. Ce genre se soutient par des aventures extraordinaires, des bravades, des sentiments généreux. Il fut fort en vogue avant Corneille. Dom Bernard de Cabrera, Laure persécutée [de Rotrou], et plusieurs autres pièces, sont dans ce goût. Ces espèces de comédies furent inventées par les Espagnols. Il y en a beaucoup dans Lopès de Vega. Ce genre mitoyen peut avoir ses beautés. D. Sanche d'A

COMÉDIE D'INTRIGUE. La comédie d'intrigue est celle où la fécondité des incidents, naissant les uns des autres et embrouillant comme à plaisir les fils de l'action, jette le spectateur dans un étonnement toujours nouveau, double son plaisir par un inattendu continuel, sans lui laisser la possibilité de deviner de quelle façon l'auteur pourra s'y prendre pour remettre chaque chose à sa place et atteindre un dénouement qui semble tout à la

fois naturel et raisonnable. Amphitryon, de Molière, les Ménechmes, de Regnard, peuvent passer pour des comédies d'intrigue. Le Barbier de Séville et le Mariage de Figaro, de Beaumarchais, pourraient être proposés pour les types du genre. Dumaniant a écrit aussi plusieurs comédies d'intrigue, dont une entre autres, Guerre ouverte ou Ruse contre Ruse, obtint jadis un grand succès. Les anciens comiques espagnols étaient passés maîtres en ce genre, et une comédie de Calderon, la Maison à deux portes, est surtout célèbre sous ce rapport.

COMÉDIE-ITALIENNE (LA). Nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire de nous excuser sur les développements qu'il nous semble utile de donner au présent article. L'ancien théâtre de la Comédie-Italienne a tenu chez nous une place trop large et trop brillante, il est lié d'une façon trop étroite à l'histoire du théâtre en France, il a rendu trop de services à notre art (et notre cher Molière lui-même reconnaîtrait sans peine tout ce qu'il lui doit), enfin ses transformations successives sont trop intéressantes à étudier jusqu'au jour où, devenu l'Opéra-Comique, il a été l'asile et le refuge

qu'il en soit plus question. Mais en 1576 Henri III, ayant succédé à son frère et s'apprêtant à ouvrir à Blois les états généraux, eut la singulière pensée de faire venir d'Italie en cette ville une troupe célèbre au delà des Alpes, et surtout à Venise, sous le nom d'i Gelosi (jaloux de plaire). Le moment pouvait sembler étrangement choisi la France se trouvait en pleine guerre civile, le Midi était en feu, et les pauvres Gelosi, surpris aux environs de Lyon par un parti de huguenots, furent faits prisonniers par eux et si soigneusement gardés, que Henri III dut négocier et payer une rançon pour les faire mettre en liberté et leur permettre de l'aller rejoindre. Aussi les états généraux étaient-ils déjà réunis depuis plus de deux mois lorsque les Gelosi

Personnages de la Comédie-Italienne.

de la musique française, pour qu'on nous sache Signora Lavinia. - Capitan Ceremonia. - Capitan Cocodrillo. mauvais gré de rappeler ici son passé avec tous les détails qui nous semblent nécessaires. C'est tout un chapitre de notre histoire dramatique, et un chapitre assez peu connu, que la Comédie-Italienne nous donne l'occasion de

retracer.

Dès 1570, sous le règne de Charles IX, on voit arriver à Paris une petite troupe de comédiens italiens dirigés par un nommé Ganassa, lesquels étaient attirés par leur royale compatriote, la sombre et farouche Catherine de Médicis, qui riait de leurs farces et de leurs lazzi tout en préparant le drame funèbre et sanglant de la Saint-Barthélemy. Ceci n'était que le prologue de la longue série d'incursions que les artistes italiens allaient faire en France pendant plus d'un siècle, jusqu'au jour où ils y seraient régulièrement fixés et définitivement établis. Après avoir donné ici quelques spectacles publics, les comédiens de Ganassa repassent les monts, et six années s'écoulent sans

arrivèrent à Blois et commencèrent leurs représentations, dans la salle même des États, en février 1577. Ceux-ci étaient sous la conduite d'un artiste fameux, Flaminio Scala, connu au théâtre sous le nom de Flavio, et le roi leur permit de prendre un demi-teston pour l'entrée à leur spectacle, ce qui équivalait à 75 centimes de notre monnaie actuelle.

Après la tenue des états, Henri III amena ses Gelosi à Paris, et les installa dans la salle du Petit-Bourbon, qui attenait au Louvre. « Le dimanche 19 mai, dit l'Estoile, les comédiens italiens commencèrent leurs comédies à l'Hostel de Bourbon. Ils prenoient quatre sols de salaire par teste de tous les François, et il y avoit tel concours que les quatre meilleurs prédicateurs de Paris n'en avoient pas tous ensemble autant quand ils preschoient. » On juge que ces quatre prédicateurs gagés par la Ligue devaient se montrer peu satisfaits de la concurrence victo

COMÉDIE-ITALIENNE (LA).

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rieuse que leur faisaient les farceurs italiens; | renouvelé, reparurent à Blois lors de la seconde mais quoi? le Parisien, on le sait, a toujours tenue des États-Généraux de 1588; mais les été fou de spectacle, et les misères d'alors n'étaient pas tellement gaies qu'il ne dût préférer cent fois les lazzi du dottor Gratiano ou du compagnon Franca-Trippa aux prêches sévères des révérends Rose, grand maître du collège de Navarre, Aubry, curé de Saint-André des Arcs, Lincestre, curé de Saint-Gervais, et Pigenat, curé de Sainte-Geneviève. Toutefois, ce n'est pas avec ceux-ci que les Gelosi se trouvèrent avoir maille à partir, mais avec les Confrères de la Passion, qui donnaient alors leurs représentations à l'Hôtel de Bourgogne, et à qui ces nouveaux venus portaient un tort considérable. Les Confrères, qui étaient en possession d'un privilège exclusif, portèrent

événements dramatiques de cette époque terrible, le meurtre du duc de Guise, les troubles qui suivirent, l'état lamentable alors de la France, les engagèrent bientôt à regagner leur pays. Enfin, la tranquillité ayant reparu après l'entrée de Henri IV à Paris, les Gelosi revinrent pour la troisième fois parmi nous. Ils étaient toujours dirigés par Flaminio Scala, et leur troupe était composée d'artistes de premier ordre: Giulio Pasquati, qui jouait le Pantalon; Girolamo Salembino, qui faisait Zanobio; Lodovico de Bologne, qui représentait le Docteur; un autre, dont on ignore le nom, qui paraissait en Cassandro; Francesco Andreini, qui personnifiait le Capitan, artiste exceptionnel, savant

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plainte au Parlement; celui-ci fit défense aux Gelosi de continuer leur jeux; les Gelosi présentèrent les lettres patentes qu'ils tenaient du roi; le Parlement, non seulement refusa de recevoir ces lettres, mais encore défendit aux Italiens de s'en prévaloir, sous peine d'une amende de dix mille livres parisis; et enfin les Gelosi poursuivirent leurs spectacles jusque pendant le mois de septembre, « par jussion expresse du roi,» selon les expressions de l'Estoile, après quoi ils partirent au cours de l'automne pour s'en retourner dans leur pays.

En 1584 et 1585, une nouvelle troupe de comédiens italiens vient visiter Paris; ceux-ci s'appelaient li Comici confidenti, et un de leurs meilleurs acteurs, auteur d'une pièce intitulée Angelica, jouée par eux chez le duc de Joyeuse, avait nom Fabritio di Fornaris et jouait le rôle du Capitan sous celui de Cocodrillo. Puis, les Gelosi, dont le personnel avait été en partie

et lettré, qui jouait de tous les instruments, et, outre l'italien, parlait cinq langues, le français, l'espagnol, l'esclavon, le grec et le turc; l'épouse de celui-ci, Isabella Andreini, femme supérieure aussi, remarquable par sa beauté, ses grâces, ses talents, sa vertu, qui faisait partie de l'Académie des Intenti, de Pavie, et qui était un écrivain et un poète fort distingué; elle jouait les amoureuses; Burattino, bouffon excellent; Simone, qui faisait l'Arlecchino; la signora Silvia Roncagli, qui jouait les soubrettes et les travestis, sous le nom de Franceschina; une autre, Maria Antonazzoni, qui la doublait, sous celui de Ricciolina; une autre encore, Antonella Bajardi, chargée des rôles de caractères sous celui de Vittoria; enfin, plusieurs autres acteurs qui tenaient des emplois de moindre importance et dont les noms sont oubliés.

Protégés par le roi, ces nouveaux Gelosi

n'eurent point, comme les premiers, à lutter | la reine Marie de Médicis. Celle-ci était dirigée

contre la mauvaise humeur des Confrères de la Passion, qui avaient cédé leur privilège aux comédiens de l'Hôtel de Bourgogne, situé rue Mauconseil. Ils s'arrangèrent avec ceux-ci pour occuper le théâtre concurremment avec eux, et les deux troupes jouèrent alternativement sur cette scène, qui devait devenir une des plus fameuses de Paris. C'est alors que ces excellents acteurs commencèrent à enchanter le public français à l'aide de ces pièces dont les canevas seulement étaient écrits, et dont ils improvisaient le dialogue et les incidents en scène, en présence des spectateurs, avec une crânerie, une faconde, une gaieté, une verve inépuisables et sans cesse renaissantes. Ce fut

par Giovanbattista Andreini, fils des deux artistes dont il a été question plus haut, et demeura jusque vers 1618, après quoi elle retourna en Italie. Elle revint en 1621, alla passer en Italie l'été de 1623, fut de retour avant la fin de cette année, et s'éloigna de nouveau en 1625. Ces comédiens revinrent-ils encore en France après cette époque? On ne sait trop. Mais un des leurs, nommé Nicolo Barbieri, qui semble avoir inventé le caractère de Beltrame, et qui s'était séparé d'eux, forma en Italie une troupe nouvelle avec laquelle il vint à Paris, où il fut fort bien reçu par Louis XIII. Tous ces chefs de troupe étaient non seulement d'excellents acteurs, mais des auteurs distin

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le beau temps de cette commedia dell'Arte (Voy. ce mot), que Molière, plus tard, devait étudier avec tant de fruit chez leurs successeurs, et qui devait féconder son admirable génie. Pendant cinq ans, les Gelosi obtinrent ici des succès ininterrompus, et leur séjour fut très profitable aussi à nos farceurs de l'Hôtel de Bourgogne, dont l'originalité n'avait rien à perdre et trouvait tout à gagner à s'assimiler quelques-unes des qualités qui faisaient la fortune de leurs émules italiens. Ce sont ces fréquents établissements à Paris de comédiens ultramontains qui assouplirent le talent de nos propres acteurs, qui le varièrent, le fortifièrent, et qui, finalement, étant données nos qualités nationales, fécondées par l'étude et la comparaison, finirent par faire de nos comédiens les premiers du monde.

En 1604, les Gelosi quittaient de nouveau la France. Vers 1614, une autre troupe, li Comici Fedeli, venait à son tour à Paris, appelée par

gués; Nicolo Barbieri ne démentit pas, sous ce double rapport, les souvenirs qu'avaient laissés Fabritio di Fornaris et les deux Andreini.

Combien de temps Barbieri resta-t-il en France? Il est difficile de le dire, aussi bien que de signaler les nombreuses compagnies de comédiens italiens qui se pressèrent à Paris après la mort de Richelieu et de Louis XIII, sous le ministère de Mazarin. Mais on ne saurait passer sous silence celle qui, comme les premiers Gelosi, vint s'installer au Petit-Bourbon, en 1645. Celle-là était aussi remarquable par le nombre que par le talent de ses artistes, et, avec la comédie, elle nous apportait, sinon l'opéra proprement dit, du moins le modèle de ces pièces à musique et « à machines >> qui devaient être imitées chez nous avec tant de succès et émerveiller le public pendant plus de trente ans.

Ces nouveaux venus étaient dirigés par un

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