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AMPHITHEATRE.

sombre, qu'on doit attribuer l'origine des amphithéâtres; c'est à eux que les Romains empruntèrent la forme des leurs, et c'est d'Étrurie que ceux-ci firent venir des ouvriers pour les construire et des gladiateurs pour s'y exercer, Les Grecs, tout d'abord, ne connurent point ce genre d'édifice, non plus que le spectacle auquel il était destiné; ce n'est que lorsqu'ils eurent été soumis à la domination romaine qu'ils en élevèrent un certain nombre.

On tient pour certain que les premiers amphithéâtres furent ou creusés dans le sol, ou construits en bois ; mais de nombreux accidents étant résultés de ces constructions de bois, Statilius Taurus, qui vivait sous Auguste, vers l'an 725 de la fondation de Rome, eut l'idée de faire ériger dans le Champ de Mars un amphithéâtre dont les murs extérieurs fussent de pierre, ce qui ne l'empêcha pas d'être incendié. sous Néron. Quant au premier amphithéâtre entièrement construit en pierre, comme ils le furent tous par la suite, c'est l'admirable monument connu sous le nom de Colisée, qui, commencé à Rome sous Vespasien, fut achevé sous son fils Titus.

A partir de ce moment, tous les amphithéâtres furent construits d'après les mêmes principes et reproduisirent les mêmes dispositions. L'extérieur, formé d'une gigantesque muraille ovale, était divisé en un ou plusieurs étages d'arcades, suivant les proportions de l'édifice, et décoré, selon le goût de l'architecte, de pilastres, de colonnes ou d'autres ornements. Quant à l'intérieur, il formait comme une sorte de cavité elliptique qu'entouraient les sièges destinés aux spectateurs et dont chaque rangée s'élevait en gradins l'une au-dessus de l'autre. Les divisions principales étaient les suivantes : au fond, sur le sol, l'arena, espace plat et ovale qui occupait le centre de l'édifice et qui servait aux combattants; tout autour de l'arena et l'enveloppant immédiatement, le podium, première série de gradins réservés aux sénateurs et aux personnages importants; puis, les gradus, cercles de sièges destinés au public et qui, lorsque le monument avait de vastes proportions, étaient divisés en deux ou plusieurs étages séparés par de larges paliers et des murs élevés verticalement; enfin, au-des

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trente, cinquante, et jusqu'à quatre-vingt mille spectateurs.

Aujourd'hui, nous donnons, par analogie, le nom d'amphithéâtre à cette partie d'une salle

Jongleur faisant danser un chien.

de spectacle qui s'élève au fond, en face de la | sus des autres. Cette disposition est très heuscène, au-dessus du parterre, et qui contient reuse, empreinte tout à la fois d'élégance et de plusieurs rangs de sièges élevés les uns au-des- majesté, et on peut l'apprécier à notre Opéra,

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salle, comme dans celle du Châtelet, où il pro- ques, où l'on ne rencontre au moins une ou duit aussi une belle impression.

deux baraques dont les propriétaires procèdent

ANIMAUX SAVANTS.

à l'exhibition d'animaux savants de toute taille, de toute espèce et de toute nature. Depuis la puce qui traîne un char en papier jusqu'à l'éléphant qui avale une bouteille de champagne après l'avoir débouchée, tout le règne animal y passe, dans ses plus curieux échantillons.

Ce n'est pas d'aujourd'hui que certains industriels ont consacré leurs veilles à cette occupation intéressante qui consiste à dresser un animal à l'exécution des tours les plus singuliers. Sans parler de l'habileté que les jongleurs du moyen âge déployaient sous ce rapport, Paris, il y a cent ans, était littéralement peuplé d'a

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nimaux savants qui faisaient la joie des badauds et des désœuvrés. Le petit almanach intitulé les Spectacles des Foires et des Boulevards, qui parut de 1773 à 1787, est plein de renseignements sur ce sujet. Il nous raconte d'abord les exploits de « la troupe volatile » exposée à la foire Saint-Germain, laquelle se composait de différents petits oiseaux qui faisaient des « exercices de sauteurs, l'estrapade, double estrapade, la voltige, l'exercice militaire et un grand nombre d'équilibres. Un de ces oiseaux travailloit au commandement des dames, et plusieurs autres, posés dans un soleil d'artifice,

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conservoient la même tranquillité que s'ils | gnol, allant le pas, le trot et le galop; se tourne avoient été dans leurs cages. » Puis, c'était un cerf savant, dont son maître, un certain Philippe-Jacob Nast, faisait ainsi l'éloge : « Par les soins les plus assidus, on est parvenu à le rendre poli, obéissant, serviable et reconnoissant; en sorte qu'il ne lui manque que la parole. En entrant, sans être attaché, il salue la compagnie respectueusement en baissant la tête trois fois jusqu'à terre; il se pose ensuite dans l'attitude qu'il prend dans les forêts; va trouver la plus jolie dame de la compagnie, ainsi que l'homme le plus amoureux; il connoît toutes les couleurs, distingue les personnes âgées des jeunes, fait le manège comme un cheval espa

à droite et à gauche; s'arrête au commandement; il saute à travers un cercle avec une vivacité étonnante; il joue aux cartes et aux dez avec le premier de la compagnie qui se présente; met le feu à un canon avec son pied aussi adroitement que le meilleur canonnier; marche derrière celui qui bat de la caisse, comme un soldat; lorsqu'on lui bande les yeux, en feignant de se préparer à lui casser la tête, il se met à genoux, et à la parole de grâce il se relève joyeux et remercie celui qui lui accorde son pardon; il marque la valeur de toutes sortes de monnaies, et rapporte comme un chien la pièce qu'on lui aura prêtée; il tire un coup de pis

tolet avec la bouche, éteint un lustre garni de I lumières, et fait beaucoup d'autres exercices dont le récit serait trop long. » En voilà assez, en effet, pour nous apprendre que ce cerf était bien élevé et de bonne compagnie. Mais il nous semble surpassé encore par une certaine troupe de rats dont il est ainsi parlé : « Un rat d'une grosseur prodigieuse, portant une barbe vénérable, adonisé avec soin, dansoit sur la corde tendue; il tenoit dans ses petites pattes un balancier, et se présentoit avec autant d'assurance que le plus habile danseur de corde; sa grâce et sa gentillesse charmoient tout le monde. Ensuite une douzaine de rats, dressés sur leurs pattes de derrière, dansoient une sarabande au milieu du théâtre, avec une précision, une agilité surprenante. » Enfin, à ces serins, à ce cerf, à ces rats, il convient de joindre un phoque bien dressé, que son cornac annonçait en ces termes : « Il a le regard doux et humain, un instinct tout particulier; il est fort docile, obéit au commandement, donne la patte, salue la compagnie, caresse ceux qui l'appellent, et aime beaucoup la musique.» La dernière réflexion ne manque pas d'intérêt. Nicolet, lui aussi, montrait parfois des animaux savants. Entre autres, à ses danseurs de corde ordinaires et parlants, il joignait un singe nommé Turco, très habile à cet exercice, et qui avait acquis une véritable célébrité, ainsi que nous l'apprend un annaliste, dans un langage irrévérencieux pour les dames du temps:

Turco, singe très habile sur la corde et fameux à la foire, mourut, il y a trois ou quatre ans, d'une indigestion de dragées. Il étoit fort aimé du public, et surtout des dames. Il alloit faire la belle conversation avec celles qui l'appelloient. Il s'asseyoit sur l'appui des loges, et grugeoit toutes les pastilles de ces belles, dont il étoit l'enfant gâté. Plusieurs guenons pleurèrent Turco, et une entr'autres, qui se pique de bel-esprit, lui fit cette épitaphe :

(Air Des Triolets.)

Ci-gît le singe à Nicolet,

Qui plaisoit à plus d'une actrice :
Passans, montrez votre regret ;
Ci-gît le singe à Nicolet.

Il étoit grand, poli, bien fait,
Des singes c'étoit le Narcisse.
Ci-gît le singe à Nicolet.

Hélas! pourquoi faut-il qu'il gisse!

ANNÉE THÉATRALE. La division de l'année théâtrale n'est point conforme à celle de l'année civile. Au dix-septième et au dix-huitième siècle, jusqu'à la Révolution, les théâtres, à Paris comme en province, étaient tenus de fermer leurs portes pendant trois semaines chaque année, depuis le dimanche de la Passion jusqu'au dimanche de Quasimodo, c'est-à-dire quinze jours avant et huit jours après Pâques. L'Église, toute-puissante alors, exigeait ce chômage, et c'est là ce qu'on appelait la fermeture de Pâques. A part cette fermeture, les théâtres de province jouaient toute l'année, comme ceux de Paris, mais ils profitaient de ce moment pour procéder au renouvellement de leur troupe et signer les engagements de leurs artistes pour la campagne suivante. Les théâtres de la capitale, qui se recrutaient alors en province, durent suivre naturellement cette coutume, et, des deux côtés, les directeurs prirent l'habitude de contracter des engagements avec leurs artistes à l'époque la plus rapprochée de Pâques, époque où commençait virtuellement l'année théâtrale. Aujourd'hui, tout est bien changé; les troupes des départements ne jouent guère plus de sept, six, quelquefois même de cinq mois de l'année, et les théâtres de Paris font presque tous une grande fermeture de deux ou trois mois pendant l'été; mais l'année théâtrale continue de courir à partir de Pâques, et c'est toujours, à Paris comme en province, l'époque du renouvellement des engagements.

ANNIVERSAIRES. Depuis longtemps déjà la Comédie-Française a établi chez elle l'excellente coutume de célébrer, de la façon la plus honorable, l'anniversaire de la naissance des trois écrivains qui ont fait sa fortune et qui sont la gloire de la nation: Corneille, Molière et Racine. Le 6 juin, le 15 janvier et le 21 décembre sont dignement fêtés sur ce théâtre qu'on a justement appelé « la maison de Molière, et qui reste le premier du monde. Le spectacle choisi pour ces jours solennels se compose toujours d'une ou deux pièces prises dans l'œuvre du poète glorifié, et l'on y joint d'ordinaire la première représentation d'un petit àpropos dû à un jeune écrivain, et qui retrace

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un épisode de la vie du grand homme. L'Odéon, | les anniversaires de Rameau, de Grétry, de en sa qualité de « second Théâtre-Français », Boieldieu, d'Hérold, seraient bien dignes d'êsuit généralement l'exemple qui lui est donné tre célébrés par elles. par la Comédie-Française, et l'on ne peut que regretter de voir nos deux grandes scènes lyriques se montrer si peu soucieuses de les imiter l'un et l'autre. Il nous semble cependant que

ANNONCE.-L'annonce n'est plus aujourd'hui qu'un fait accidentel. Aussi le public ne manque-t-il jamais de manifester son mécon

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tentement par quelques murmures lorsque, | tantôt un artiste qui, par suite d'accident ou avant le commencement du spectacle ou entre les deux actes d'une pièce, il voit le rideau se lever silencieusement et sans préparatifs jusqu'à moitié de sa hauteur. Il sait alors, à n'en pouvoir douter, qu'il va voir apparaître un régisseur en habit noir, qui, après avoir fait respectueusement les trois saluts d'usage droite, à gauche, en face, va lui apprendre, lui annoncer quelque fâcheuse nouvelle. C'est

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d'indisposition, se trouve dans l'impossibilité de jouer ou de continuer son rôle, et qu'on demande au public la permission de faire remplacer par un de ses camarades; tantôt un chanteur pris d'un enrouement subit, et qui fait réclamer l'indulgence des spectateurs pour le cas où ses moyens viendraient à le trahir; tantôt enfin un accident plus grave qui met le théâtre dans l'impossibilité de donner ou de

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