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cas, le régisseur annonce soit qu'on délivrera au contrôle, à ceux qui y consentiront, des billets pour une représentation ultérieure, soit qu'on rendra l'argent aux spectateurs qui l'exigeront. Quelquefois, le régisseur propose un changement de spectacle, qui quelquefois est accepté.

continuer le spectacle promis. Dans ce dernier | moins rudimentaire, subsista jusqu'à la Révolution, et Lemazurier, dans son Opinion du Parterre, en parle ainsi en ce qui concerne la Comédie-Française : « La suppression de l'annonce date de la même époque (1792). C'était encore une coutume religieusement observée : entre les deux pièces, un acteur s'avançait sur le bord du théâtre. S'il était reçu [c'est-à-dire s'il était sociétaire], il s'exprimait ainsi : Messieurs, nous aurons l'honneur de vous donner demain, etc. S'il n'était encore qu'au nombre des pensionnaires, il employait la formule sui

Il va sans dire que ces faits sont très rares, et que, comme nous le disions, l'annonce est aujourd'hui tout à fait accidentelle. Il n'en était pas de même autrefois, où l'annonce était régulière, quotidienne, et où elle consistait en ceci que chaque soir, à la fin de la représentation, l'un des acteurs de la troupe, spécialement chargé de ce soin, l'orateur, venait annoncer au public le spectacle du lendemain. « Dans l'annonce ordinaire (car il y en avait d'extraordinaires), écrivait Chappuzeau en 1674, l'orateur promet de loin des pièces nouvelles de divers auteurs pour tenir le monde en haleine, et faire valoir le mérite de la troupe, pour laquelle on s'empresse de travailler. L'affiche suit l'annonce, et est de même nature... Cy-devant, quand l'orateur venoit annoncer, toute l'assemblée prestoit un très grand silence, et son compliment court et bien tourné estoit quelquefois écouté avec autant de plaisir qu'en avoit donné la comédie. Il produisoit chaque jour quelque trait nouveau qui réveilloit l'auditeur, et marquoit la fécondité de son esprit, et soit dans l'annonce, soit dans l'affiche (1), il se montroit modeste dans les éloges que la coutume veut que l'on donne à l'autheur et à son ouvrage, et à la troupe qui le doit représenter. Quand ces éloges excèdent, on s'imagine que l'orateur en veut faire accroire, et l'on est moins persuadé de ce qu'il tasche d'insinuer dans les esprits. Mais comme les modes changent, toutes ces régularitez ne sont plus guère en usage; ny dans l'annonce ny dans l'affiche il ne se fait plus de longs discours, et l'on se contente de nommer simplement à l'assemblée la pièce qui se doit représenter. >>

Cependant, la coutume de l'annonce, au

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(1) C'était l'a orateur » qui était chargé tout à la fois et de faire l'annonce et de rédiger l'affiche.

Lekain.

vante : On aura l'honneur. Cet usage fournit au parterre une occasion bien honorable pour Lekain de manifester l'estime qu'il accordait à ses talents. Il annonçait le spectacle, et se servait de la phrase consacrée pour les pensionnaires, parmi lesquels il se trouvait alors le public voulut absolument qu'il employât l'autre, et témoigna de cette manière combien sa réception définitive lui serait agréable. Aujourd'hui (1812) l'affiche remplace modestement cette annonce solennelle, et va plus loin, puisqu'on y trouve l'indication de tous les spectacles de la semaine.» (Voy. COMPLIMENT, ORATEUR, PARLER AU PUBLIC.)

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APARTÉ. primitivement révérées sur l'Hélicon, par les anciens Grecs. Elle personnifiait le chant.

APARTÉ. L'aparté est une remarque, une réflexion qu'un personnage se fait à luimême, lorsqu'il est en scène avec un ou plusieurs autres, de façon à n'être pas entendu de ceux-ci. L'aparté est indispensable au théâtre pour faire connaître au public les sentiments secrets qui agitent un personnage et qui ne doivent pas être dévoilés à ses interlocuteurs. On a toujours discuté sur le plus ou moins de vraisemblance de ce procédé, mais on l'a tou

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jours employé, parce que la nécessité en est absolue; l'essentiel est que l'acteur chargé d'un aparté n'ait pas l'air de l'adresser au public, et que, tout en l'entendant, on voie bien qu'il se parle à lui-même.

Au sujet des longues discussions auxquelles cet usage scénique a donné lieu, on a souvent raconté une anecdote que l'abbé de Laporte retrace ainsi : « La Fontaine, Boileau, Molière et d'autres beaux-esprits raisonnoient sur les aparté, que plusieurs personnes trouvent peu naturels, peu nécessaires. La Fontaine se déclaroit contre, et s'échauffoit beaucoup pour en

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Scène sur le théâtre de l'hôtel de Bourgogne. Les deux personnages à droite et à gauche dans le décor font des aparté.

leur par une suffisance qui touche de près à la vanité. Ceux-là paraissent croire que le public est trop heureux de les contempler et de les entendre, et, sans s'en douter, ils diminuent d'autant le mérite qu'ils peuvent avoir.

prouver le peu de vraisemblance. Pendant | cent l'aisance par l'aplomb, c'est-à-dire la qu'il parloit avec tant de vivacité, Boileau, conscience qu'un artiste doit avoir de sa vaqui étoit à côté de lui, disoit tout haut: Le butor de la Fontaine, l'entêté, l'extravaguant, que ce la Fontaine! etc.; et la Fontaine poursuivoit toujours sans l'entendre. Tout le monde se prit à rire, et la Fontaine en demandant la cause « Vous déclamez, lui dit Boileau, con«tre les aparté, et il y a une heure que je << vous débite aux oreilles une kyrielle d'inju<< res sans que vous y ayez fait attention. >>

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APOTHÉOSE. C'est ainsi qu'on appelle, dans les féeries, le tableau final, celui où se produit le plus riche et le plus fastueux déploiement de mise en scène, où l'art du décorateur, Certains comédiens rempla- du costumier, du metteur en scène se donnent

carrière de la façon la plus complète. Les couleurs harmonieuses et la riche architecture d'une somptueuse décoration, l'heureux groupement d'un personnel nombreux, couvert de costumes étincelants, les attitudes et les poses gracieuses des danseuses, la lumière électrique prodiguant ses feux sur cet ensemble auquel la musique ajoute sa verve et son éclat, tout cela constitue un spectacle superbe, qui, en éblouissant le spectateur, agit en même temps sur ses nerfs et appelle forcément le succès. C'est là ce qu'on nomme au théâtre une apothéose.

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APPAREIL SCÉNIQUE. On doit entendre par « appareil scénique » la réunion de tous les éléments matériels qui concourent à la beauté du spectacle, et dont l'emploi intelligent tend à frapper l'imagination du spectateur et à lui donner le sentiment de la réalité des choses qui sont offertes à sa vue. Décors, costumes, accessoires, éclairage, trucs ingénieux, tout, jusqu'au groupement harmonique des masses et à l'habileté de leur mise en mouvement, tout a son rôle dans l'illusion théâtrale, et, à part la personnalité humaine prise

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Apparition d'un dieu et d'une déesse au quatrième acte d'Atys, opéra de Quinault et Lully.

en elle-même et isolément, tout cela fait partie | quer que des sifflets se sont fait entendre. Dans de cette chose insaisissable matériellement, mais dont le sens est très compréhensible, qu'on caractérise sous le nom d'appareil scénique.

ses Mémoires, qui sont assurément ce qu'on a écrit de plus charmant en ce genre, le grand comédien Fleury nous fait connaître l'origine de cette locution amusante. D'après ce qu'il rapporte, un acteur qui portait ce même nom de Fleury, mais qui n'était pas destiné à l'illustrer de la même façon que lui, jouait le grand em

APPARITION.-On appelle ainsi l'arrivée instantanée, au milieu d'une grotte, d'un bosquet, ou de toute autre partie d'un décor, d'une forme humaine qui surgit tout à coup et s'of-ploi tragique à la Comédie-Française vers 1735. fre aux regards du public. Dans un des plus jolis ballets de l'Opéra, la Source, se trouve un effet de ce genre.

APPELER AZOR.- C'est un euphémisme dont on se sert parfois au théâtre pour indi

Ce malheureux n'avait pas le don de plaire au public, qui, comme c'était l'usage alors, le lui faisait souvent sentir par de vigoureuses bordées de sifflets. En revanche il avait un père, à la fois aubergiste et Cent-Suisse, qui l'aimait beaucoup et qui jura de le venger. Notre

APPLAUDISSEMENTS.

homme un jour endosse son costume, fourbit consciencieusement son épée, se rend au théâtre en compagnie de son chien, un chien superbe qui avait reçu le nom de Tarquin, et se plante dans les coulisses, tenant l'animal en laisse et attendant le moment d'agir. Ici, il faut laisser Fleury raconter lui-même les infortunes de son homonyme :

On jouait Iphigénie en Aulide; Achille paraissait (Achille, c'était mon homonyme). Le parterre lui fit entendre à sa manière qu'il le reconnaissait. Fleury, en homme accoutumé, n'y fait pas autrement attention, mais le père se lève furieux. Dans l'action, le chien s'échappe, il court à son jeune maître, flaire les personnages, remue joyeusement la queue, et lèche les mains du fils de Thétis. Les spectateurs, peu touchés, n'en continuent que de plus belle. Les entrailles paternelles s'émeuvent, le Cent-Suisse ne peut se contenir; il tire son épée..., quand Gaussin s'approche de lui, retient son bras, et avec cet accent qu'on lui connaissait :

<< Eh! Monsieur, on avait aperçu votre chien; ne comprenez-vous pas qu'on appelle Tarquin? >> Le pauvre père, désarmé, crut d'autant plus cela que Fleury, embarrassé de la bête, criait du théâtre, aussi haut que son rôle :

<< Sifflez donc, mon père, sifflez donc! >> Et le père de se joindre au chorus général, et, par amour paternel, de siffler de toutes les forces

d'un Cent-Suisse.

Depuis, chaque fois que pareille tempête se déchaîne contre un comédien, on nomme cela, en langage de coulisses: appeler Tarquin.

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ans, enlève à cette manifestation, si flatteuse par elle-même, la plus grande partie de son prix, le public, même lorsqu'il est satisfait, répugnant à mêler ses battements de mains à ceux des personnages soldés pour cette besogne. Cependant, il arrive encore que le talent supérieur d'un grand artiste sait acquérir assez de puissance pour électriser une salle entière et la faire éclater en applaudissements unanimes. On a vu même parfois des acteurs exciter à ce point, par leur talent, l'enthousiasme des spectateurs, que ceux-ci, ayant une fois commencé, semblaient ne plus pouvoir se lasser d'applaudir, ne s'arrêtaient un instant que pour recommencer de plus belle, et interrompaient ainsi l'action scénique par leurs bravos pendant plusieurs minutes. Dans de telles circonstances il n'est pas sans exemple de voir un comédien, justement ému par la puissance d'une manifestation si spontanée, si pleine d'éclat, si véritablement honorable pour lui, succomber à l'excès de sa joie et fondre en larmes aux yeux du public.

Chez les anciens, on avait en quelque sorte réglé les applaudissements. « A Rome, dit un chroniqueur, les acclamations étaient fort usitées au théâtre, et particulièrement dans les représentations lyriques. Ce ne furent d'abord que des cris et des applaudissements confus; mais dès le règne d'Auguste on en fit un concert étudié: un musicien donnait le ton, et le peuple, formant deux chœurs, répétait alternativement la formule d'acclamations. Le dernier acteur qui occupait la scène donnait le signal des acclamations par ces mots : Vadete et

Mais Fleury ajoute en note : « Maintenant, cela se nomme: Appeler Azor. Tarquin était trop classique. >> L'expression est restée, et est elle-même de-applaudite. Lorsque Néron jouait de la lyre sur venue classique dans le langage théâtral. Que d'auteurs et d'acteurs ont entendu appeler vigoureusement Azor, qui auraient bien voulu être sourds pour un instant!

APPLAUDISSEMENTS. - Nous n'avons pas à faire ici la physiologie de l'applaudissement; chacun sait en quoi il consiste, et ce que nous en pourrions dire n'apprendrait rien à personne. Les applaudissements, lorsqu'ils sont spontanés et sincères, sont la plus belle récompense qu'un comédien puisse ambitionner. Par malheur, l'ignoble usage de la claque, qui s'est introduit chez nous depuis plus de soixante

le théâtre, Sénèque et Burrhus étaient alors les coryphées ou premiers acclamateurs; de jeunes chevaliers se plaçaient en différents endroits du théâtre pour répéter les acclamations, et des soldats, gagés à cet effet, se mêlaient parmi le peuple afin que le prince entendit un concert. unanime d'applaudissements. Cet usage dura jusqu'au règne de Théodoric. »

Mais ceci rentre dans le domaine de la claque, et nous renvoyons le lecteur à ce mot pour lui faire connaître tout ce qui concerne les applaudissements salariés.

APPLAUDISSEURS GAGÉS. Terme

de dédain qu'on emploie parfois pour désigner les claqueurs. (Voy. ce mot.)

APPLIQUES. - Ce sont des châssis de toile peinte, formant panneaux, que l'on applique sur certains décors, pour en modifier la configuration ou l'ornement.

C'est une grosse

APPOINTEMENTS. question que celle des appointements au théâtre. Nous nous garderons de la traiter ici au point de vue économique et pratique, ce livre n'étant pas une œuvre de critique, et nous nous bornerons à en envisager le côté historique, qui nous conduira d'ailleurs à certains développements indispensables.

Nous apprenons de Macrobe, dit-il, que Roscius recevait par jour, pour lui seul, du trésor public, mille deniers romains, c'est-à-dire près de neuf cents livres. Le comédien instruit par Roscius, nous apprend Cicéron dans son plaidoyer, pouvait gagner dix-huit pistoles par jour. Et ailleurs : « Croirezvous, dit-il, qu'un homme aussi désintéressé que Roscius veuille s'approprier, aux dépens de son honneur, un esclave de trente pistoles, lui qui, en nous jouant depuis dix ans la comédie pour rien, s'est ainsi généreusement privé d'un gain de quinze cent mille livres! Je n'apprécie pas trop haut le salaire que Roscius aurait reçu: on lui aurait au moins donné ce qu'on donne à Dyonisia. » On voit par cette dernière phrase que cette fameuse comédienne touchait cinquante mille écus par an. Malgré ses immenses prodigalités, causées surtout par le luxe inouï de sa table, Esopus laissa à son fils vingt millions de sesterces (1), amassés uniquement dans la même profession. Jules-César donna cinq cent mille sesterces à Labérius, pour l'engager à jouer dans une pièce qu'il avait composée. Un acteur de grand talent pouvait gagner sans peine cent mille sesterces par an, ce qui n'était que la cinquième ou sixième partie de ce que gagnait Roscius en moyenne.

La condition des comédiens étant dans les origines de notre société devenue infime, les appointements des acteurs tombèrent à rien. Mais à mesure que la civilisation croissait, et que les habitants

des villes, devenus plus raffinés, éprouvèrent un plus impérieux besoin du théâtre, les acteurs, se sentant plus nécessaires, cherchèrent à en profiter et à améliorer leur situation.

Dans l'antiquité, chez les Grecs, à l'époque des origines de leur théâtre, les honoraires des acteurs étaient souvent considérables, et l'on peut citer particulièrement le fait relatif à Polus, l'un des plus fameux comédiens de ce temps, lequel recevait pour deux jours un talent, soit 5,560 francs de notre monnaie actuelle. A cette époque, il est vrai, les représentations théâtrales étaient rares, elles n'avaient lieu qu'à certaines grandes solennités, et l'on devait s'y préparer longtemps à l'avance. Plus tard, à la suite de la guerre du Péloponèse, on vit se modifier la condition des acteurs; ceux-ci, augmentant chaque jour en nombre, formèrent des confréries pour l'exploitation régulière des théâtres, Chappuzeau, dans son Théâtre-François, nous et, soutenus par les libéralités des villes ou des particuliers, qui leur servaient des subventions, renseigne sur la situation matérielle des coméallaient, comme aujourd'hui nos comédiens de diens qui formaient les deux troupes existant à Paris à l'époque où il écrivait (1674). Bien province, donner des représentations en telle ou telle cité qui possédait un théâtre, et y pas- qu'il ne s'agisse pas à proprement parler d'apsaient un temps déterminé, plus ou moins long pointements, puisque ces artistes étaient en selon les conditions du traité conclu. A part société, comme aujourd'hui encore leurs successeurs de la Comédie-Française, ces détails les premiers sujets qui faisaient partie de ces troupes nomades, on sait à peu près certaine- rentrent directement dans notre sujet : « Entre les traits de leur politique, dit-il, ment que le salaire des comédiens ordinaires ne s'élevait guère à plus de sept drachmes parlent point soufrir de pauvres dans leur Estat, celuy-cy mérite d'estre remarqué. Ils ne veu

représentation, soit environ six francs.

Chez les Romains, où la profession d'acteur était beaucoup moins considérée qu'en Grèce, on semble pourtant avoir rétribué largement ceux qui faisaient preuve de talent et parvenaient à la réputation. M. Victor Fournel nous fournit de curieux détails à ce sujet :

et ils empeschent qu'aucun de leur corps ne tombe dans l'indigence. Quand l'âge ou quelque indisposition oblige un comédien de se retirer, la personne qui entre en sa place est

(1) 5,560,000 francs.

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