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duisent, il faut convenir que c'eft placer ordinairement fon argent fur une banque bien mal établie. LXXXVII. Si le cœur, ou l'efprit, ou tous les deux, en quelque ordre que ce foit, ont une action continuelle dans l'homme, il a donc continuellement befoin du ministére du bon fens, fans lequel il échouëroit bien-tôt, & ne feroit que des faux-pas. Le fentiment d'honneur occupe fan ceffe l'homme, activement, ou paffivement. Les progrès de la fortune, ou fa décadence, partagent continuellement fon attention. Les objets de commiferation font, pour ainsi dire, de tous les momens; on a fans ceffe amis à cultiver, & parens à fervir toutes occafions d'exercer le bon fens & de faire ufage du jugement fain, fans lequel on briferoit continuellement contre des écuëils d'autant plus dangereux, qu'on femble y être conduit par

les principes les plus purs & les plus refpectables. Il ne faut cependant pas que les regles du bon fens puiffent jamais fervir de prétexte pour manquer à ces principes; car tel qui paroît fouvent n'être retenu que par-là, péche au fond par la corruption, ou par l'endurciffement du cœur. Et c'eft être fauffement fage que de l'être aux dépens des principes, & des qualités du coeur les plus effentielles. Tels font une infinité de faux-fages, ou de fauxvertueux du fiécle, dont les yeux les plus clairvoyans ont fouvent bien de la peine à penétrer le mas

que.

LXXXVIII. Ainfi que le fentiment, pour agir utilement, a befoin d'être dirigé par le bon fens; de même fon miniftére eft néces faire pour retenir l'efprit. La miere chofe, à laquelle le bon fens ait à fe porter pour guider les actions de la vie, eft la connoiffance

pre

des hommes. C'eft une erreur de croire qu'il fuffife de la perfpicacité pour y parvenir pleinement. Le raifonnement réfléchi y eft indifpenfablement néceffaire Il ne faut pour en être perfuadé, que fe rappeller; 10. Combien l'homme eft une efpéce compliquée. 2o. Qu'une vérité, quelle qu'elle foit, ne fe peut développer parfaitement que par une combinaison bien méditée de toutes fes branches. Si le premier dégré, pour réuffir en quelque chofe que ce puiffe être, eft de plaire à fes pareils, il fuit qu'il les faut connoître, pour choisir ce qui peut leur être agréable, & pour fe prêter à eux autant que les principes le peuvent permettre.

LXXXIX. Montrer de la pétulance à quelqu'un qui n'eftime que le phlegme; courir le rifque de fatiguer par la véhémence des propos, quelqu'un qui ne veut qu'une fociété douce & mefurée; en

de

nuyer par les contraires un homme qui ne fe tient pour amufé que mouvemens vifs & forcés. Etaler un profond fçavoir devant gens, que leur éducation, ou leur vocatien a éloignés de tous cercles de connoiffances. Forcer, pour ainfi dire, un homme confacré à dés études & à un état férieux, à écouter par bienséance la frivolité des riens, ou des propos les plus plagiaires. Entretenir opiniatrément les autres de tout ce qu'on fçait, & qu'ils ne peuvent pas fçavoir. Porter une exceffive joie à quelqu'un attaqué de quelque vive atteinte de douleur. Préfenter les images de la trifteffe à quelqu'un, qui ne doit fentir que les mouvemens de fa joie, ou dans des momens confacrés au plaifir. Parler de ce qui peut affliger ou bleffer quelqu'un avec qui l'on fe trouve. Chercher à embarraffer, pour fatisfaire fon amour-propre, des gens fur qui

LOR

l'on fe fent quelque fupériorité d'état ou de talens. Tomber dans la fadeur de l'adulation, ou dans l'amertume de la critique. Tout cela font autant de chofes, qui de quelque efprit qu'elles puiffent être accompagnées, ne peuvent manquer de déplaire, & doivent être eftimées contraires aux régles du bon fens, parce qu'elles vont contre cet objet de plaire à fes pareils, & que ce n'eft point agir conféquem

ment.

XC. Affecter prématurément le ton, le maintien & le langage, qui font le fruit des années & de l'expérience. Laiffer entrevoir à travers les rides de la vieilleffe, la légereté de la jeunesse. Manquer à ce qui eft dû à un rang fupérieur; faire fentir ridiculement fa fupériorité à des inférieurs : affecter de s'élever au-deffus de ceux avec qui l'on doit conferver, & foutenir l'égalité; fe renfermer dans un filence

INS

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