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Comment leur rendons-nous fervice?. M. Pelletier dans fon Traité de l'Amour du Prochain.

douce &

bienfaifan

te envers le

Ce font les qualités que donne l'Apôtre faint La Charité Paul à la Charité, dans la pompeufe description fe montre qu'il fait de fes différens caracteres. La charité dit-il, eft douce, patiente, bienfaifante, Chari tas patiens eft, benigna eft, c'est-à-dire, qu'elle prochain. fouffre les défauts & les outrages de fes freres fans I. Cor.c. I. s'émouvoir; loin de fe vanger de leurs infultes, elle n'eft attentive qu'à leur faire tout le bien. dont elle eft capable; loin d'imiter ceux qui dif fimulent artificieufement une injure reçue pour s'en venger, elle pardonne du fond du cœur fans aucun retour; elle pouffe même fa douceur, jufqu'à aimer ceux qui lui font du mal, & à leur faire du bien; fon cœur, femblable à celui de la colombe, n'est jamais ému, parce qu'il n'a point de fiel qui lui communique fon aigreur & fon amertume; elle eft au contraire toujours accompagnée d'une candeur, d'une affabilité & d'une affection fincere, parce qu'elle porte tous fes freres dans fon cœur. Le P. Avrillon, Traité de l'Amour du Prochain.

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Un des vices le plus oppofés à

cette tendre affection

pour le prochain, c'eft l'envie.

La Charité n'est point envieufe, elle combat au contraire & détruit l'envie qu'elle regarde comme fa capitale ennemie ; parce que fi elle en écoutoit les mouvemens & les faillies, elle en feroit bien-tôt détruite elle-même. Elle n'a garde d'envier le bien de fon Prochain, parce que l'aimant de tout fon cœur pour l'amour de Dieu, elle regarde fon bien comme le fien propre ; & comme rien ne lui eft étranger, elle fe réjouit de voir fon frere dans l'eftime de tout le monde. Elle travaille même à le rendre plus heureux & plus honoré; fes talens, fes graces, fes vertus, fa réputation, font toute fa joie. Omnem ejus feli in Ep. 1. ad citatem quafi fuam libenter amplectitur. Le même. Corinth.

·D. Hier.

Combien la

tiés mondaines.

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La Charité eft bienfaifante, & voilà tout à la vraie chari- fois un de fes plus beaux caracteres, & un des té eft oppo titres de condamnation des fauffes amitiés du fée aux ami- monde. Qu'elles font polies, honnêtes & pleines de bonté en paroles ! offres de fervice, complimens, dévouemens empreffemens, attachemens: que de difcours qui ne fignifient rien, qui font même quelquefois contraires aux véritables fentimens du cœur! La politeffe, le fçavoir vivre, la bienféance mais fur-tout l'intérêt, l'efpérance, la crainte; voilà les mafques d'une charité fardée, voilà les motifs qui rendent tant de perfonnes fi éloquentes, fi officieufes en paroles : mais n'en demandez pas davantage, chacun fe donne mutuellement ces fauffes preuves de charité; chacun fçait auffi par foi-même quel fonds il y faut faire, & combien on y doit compter. Le Saint-Efprit l'a dit: Qu'il y a des amis qui ne Eali. 37. font amis que de hom: Eft amicus folo nomine amicus. On n'eft point la duppe dans le monde de ces proteftations affectées, quoiqu'elles paroiffent naturelles; & l'ont rend à ceux qui les font, la justice qu'on fe rend à foi-même quand on les fait aux autres. Non, ce ne fut jamais là une charité Rom. 12. chrétienne, elle doit être fans artifice: Dilectio fine fimulatione. N'eft-il pas même honteux de faire des offres de fervices, à qui on feroit, si on le pouvoit, tout le contraire de ce qu'on femble lui offrir? La Charité eft bienfaifante: Que votre amour, dit S. Jean, ne foit point en paroles ni fur la langue, mais qu'il foit effectif & véritable. 1. Joan. Non diligamus verbo neque linguá, fed opere & veritate. Il ne s'agit point ici d'une certaine tendreffe d'amitié, d'une affection fenfible qui ne tombe point fous le précepte, & qui n'eft commandée, parce qu'elle n'eft pas libre: mais il s'agit d'une véritable charité; vous aimerez, dili

9.

1. 18.

pas

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ges: il s'agit d'une charité prévenante, obligeante, complaifante, compatiffante, toujours prête à foulager les malheureux, à confoler les affligés; toujours bienfaifante, felon la Loi & dans toute l'étendue de la Loi. Le P. Pallu, Traité de l'amour du Prochain.

1

Dans les Réflexions Théologiques & Morales, l'on trouvera des preuves de l'amour effectif à l'indication onzième.

nous

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La charité agilante pour le falut du pro

doit être

chain, contre ceux qui la réduifent

feulement à quelques fecours temporels. 1.Cor. 5.

6.

Reg. Lib.

Si nous avons de la charité pour le Prochain, nous l'édifierons par toute notre conduite, aurons du zéle pour fon falut. La Charité édifie. Edifiez-vous mutuellement. Votre vie doit être fi édifiante, qu'elle ferve de modéle à vos freres & qu'elle foit leur regle vivante. Qui que vous foyez, fur-tout fi vous êtes fupérieur ou chef de famille, fi vous êtes d'un rang diftingué, fçachez que vos exemples auront plus de force que vos paroles. L'exemple eft femblable au levain qui communique fes qualités & qui aigrit toute la pâte; il s'infinue & répand fa contagion; il prévaut comme le dit l'Ecriture, aux exhortations les plus vives des Prophétes. Edifions donc nos freres; 4.17. que notre charité pour eux, foit une charité zélée qui nous faffe rechercher leur falut, à l'imitation. du grand Apôtre; enforte que nous puiffions dire avec vérité, comme lui, c'eft vous que je cherche & non pas vos biens: Non enim quæro quæ veftra funt, fed vos. Auffi n'eft-ce pas aux enfans 12. 14. d'amaffer des richeffes leurs pour mais peres, peres d'en amaffer pour leurs enfans: Nec debent filii parentibus thefaurifare, fed parentes filiis. Pour moi, je donnerois très-volontiers tout ce que j'ai, & je me donnerois encore moi-même pour le falut de vos ames, quoiqu'ayant tant d'affection pour vous, vous en ayez fi peu pour moi : Ego autem libentiffimè impendar & fuperimpen- Ibib. 15.

aux

II. Cor.

Ibid.

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Loin de

chercher le

falut du

propres in-
térêts.

dar ipfe pro animabus veftris, licet plus vos dili gens minus diligar. Pris de divers Auteurs.

pour ac

L'on paroît fort zélé, l'on ne peut fouffrir le. vice, l'on travaille fans relâche aux fonctions les prochain, phus pénibles du miniftere; mais c'est Fon vife', quérir de la réputation dans le monde, pour fe fous prétex- ménager un établiffement avantageux; l'on fuit te de chari- plutôt la nature & le penchant, que l'efprit de té, à fes Dieu; fi l'on travaille au bien fpirituel du Prochain, l'on n'oublie fon pas avantage temporel : bien différent de l'Apôtre, qui ne travailloit au falut des Corinthiens, què pour les attacher à Dieu feul, & uniquement pour Jefus-Chrift. Vous voudriez avoir la gloire du zele, mais vous rejettez les travaux & les fouffrances qui font inféparables d'une charité appliquée & agissante; mais vous ne voulez pas perdre votre repos, ni renoncer à vos aifes & à vos commodités, pour contribuer au falut du Prochain; mais vous ne voulez pas qu'il vous en coute quelque chofe, pour coopérer à un ouvrage fi divin, qui a couté le fang & la vie de l'Homme-Dieu. M. Pelletier, en divers endroits de fon Traité.

Comme Je

pour notre

fon exem

Rappellez dans votre efprit tout ce qui a confus Chrift tribué au grand ouvrage de votre rédemption. s'eft facrifié Pesez ce que l'amour de l'Homme-Dieu a fait falut, nous pour vous; comptez les travaux, les fatigues de devons à votre adorable Sauveur ; fuivez-le depuis fon berceau jufqu'à fa mort. De tout cela tirez-en les ple nous fa- conféquences qu'en tiroit le Difciple bien-aimé. crifier pour Si Dieu vous a aimés de la forte, vous devez ainfi vous aimer les uns les autres: Si fic Deus dilexit nos, nos debemus alterutrum diligere. Vous devez concourir mutuellement à votre fanctification aux dépens de la grandeur, des biens, des honneurs. Eft-ce affez? Non. Comme Jefus-Chrift vous a aimés jufqu'à mourir pour vous, vous de

le falut du

prochain.

1. Joan. 4

11.

.4.

>

Les paro

vez êtes prêts à fouffrir la mort, s'il le faut, & à répandre votre fang pour fauver l'ame de votre frere, parce que l'ame l'emporte infiniment fur la vie temporelle de tous les hommes. Le P. Jarre. S. Jerôme rapporte que l'Apôtre S. Jean accablé fous le poids des années, fe faifant porter les de faint dans le Temple fur les bras de fes chers Difciples, Jean peuleur répétoit fans ceffe ces belles paroles: Mes la concluchers enfans, aimons-nous les uns les autres: fion d'un Filioli diligamus alterutrum. Je vous le dis après Difcours. lui, mes enfans, qui avez été régénérés par le même fang, enfans que l'Eglife porte fi tendrement dans fon fein, aimez-vous les uns les autres comme Jefus-Chrift vous a aimés. Si vous me

demandez pourquoi, je n'ai pas d'autre réponse à vous faire que celle de l'Apôtre même, qui étoit bien digne de lui, dit S. Jérôme, parce que c'eft le précepte particulier de Jefus-Chrift, ce font les dernieres paroles du Teftament qu'il a fait en votre faveur en allant au Calvaire.

vent faire

Ibid.

PLAN ET OBJET DU SECOND DISCOURS
SUR L'AMOUR DU PROCHAIN.

L

On peut confidérer trois chofes, dans le Divifion grand Commandement de la Charité. La générale. nature du précepte, l'ordre du précepte, l'efprit du précepte. La nature du précepte qui nous ordonne d'aimer le Prochain, l'ordre du précepte qui nous preferit la maniere dont il faut aimer le Prochain; l'efprit du précepte qui nous marque le motif pour lequel nous devons aimer le Pro

chain.

Selón S. Auguftin, la nature du précepte qui Soudivinous eft fait d'aimer le Prochain, renferme des fions de la

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