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73.

Coloff. 3.

Si nous

Єterala fen

Coloffiens, de divifions & de difcordes; fi votre frere a eu le malheur de vous offenser, pardonnez-lui, comme Dieu vous pardonne: Sicut Dominus donavit vobis ita & vos.

Nous trouvons la preuve de cette vérité dans ne pardon- l'Evangile. Jefus-Chrift nous parle d'un ferviteur nons pas, opprimé fous le poids de fes dettes, & fous la Dieu rétra- puiffance de fon maître; rampant à fes pieds, il follicite, il demande quelque délai, il ne l'obtient feulement, il eft encore totalement décharpas qu'il a pro- gé de fa dette: après une telle remife il rencon→ noncée en tre une autre ferviteur comme lui qui lui devoit fa- moins qu'il ne devoit lui-même à son maître;

tence d'ab

folution

notre

yeur.

Matt. 18.

35.

Nulle ex

Dieu

nous avons

refufé de

il le preffe de le fatisfaire à l'inftant, & le fait charger de fers. Sa barbare dureté ne resta pas long-temps impunic. Le maître inftruit de fon indigne procédé, révoque fur l'heure la ceffion qu'il venoit de lui faire, & le livre aux exécuteurs de la juftice; c'est ainfi, continue le Fils de Dieu, que mon Pere célefte en ufera envers vous, fi vous ne pardonnez pas: Sic Pater meus cœleftis faciet, fi non remiferitis unufquifque fratri fuo de cordibus veftris. Vous ferez traité comme vous aurez traité votre frere. Si vous le haïffez, Dieu vous haïra; fi vous le perdez, Dieu vous perdra; comme vous lui ferez', il vous fera, fic faciet.

Ah! mes chers Paroiffiens, qu'aurez-vous à récufe devant pondre, quand Dieu vous appellant à fon jugefi gement redoutable, vous dira,comme ce maître de l'Evangile, méchant ferviteur, je me fuis relâpardonner. ché pour Vous de toute ma févérité : Omne debiMatth.18. tum dimifi tibi. Ne deviez-vous donc pas avoir la 32. même indulgence pour votre frere? Non-ne oporIbid tuit mifereri confervi tui? Parlez; quelle excufe vous

peut juftifier? Est-ce la griéveté de l'offense? Mais fûtes-vous jamais fi indignement traités que je l'ai été par vous-mêmes ? Cependant je vous ai

à vous

Comment

Les Bour

pardonné: Omne debitum dimifi tibi. Mais qu'avez-vous fait ? Vous vous êtes livrés à vos ressentimens, vous vous êtes fait un plaifir de voir vo tre ennemi abbatu fous vos pieds, ni prieres, ni follicitations n'ont pu vous gagner voilà la ré gle que je vais garder dans la décifion de votre fort; vous me l'avez tant dit de fois : Pardonneznous, Seigneur, comme nous pardonnons: Di- Matth. 16. mitte nobis, ficut & nos dimittimus. Vous ferez 12. exaucés: vous n'avez point pardonné comme moi, je ne pardonnerai pas plus que vous ; même rigueur à vous faire rendre compte de tout, redemander tout; plus de pardon pour qui n'a rien voulu pardonner: Sic Pater cæleftis faciet vobis. Suivez moi, Chrétiens vindicatifs, s'écrioit autrefois S. Augustin, venez avec moi en efprit fur J. C. a-t-il le Calvaire, attachez vos regards fur la croix de pardonné à Jesus-Christ. Voyez-le ; confiderez-le: Vide pen- reaux? en dentem. C'est de-là, continue le même Pere, que priant pour vous allez apprendre comment il aima fes enne- eux. mis: Audi clamantem, Mon Pere, s'écrie-t-il, pardonnez à mes perfécuteurs, Pater, dimitte illis. Luc. 23 Mais pour qui demande-t-il grace & pardon? 34. Pour ceux qui lui font fouffrir la mort la plus cruelle & la plus injufte; il prie pour eux au moment qu'ils infultent à fa prétendue foibleffe; il prie pour eux, & il les excufe: Nefciunt quid faciunt. Il les excufe, & il offre à fon Pere pour le pardon de leurs crimes, les opprobres dont ils le chargent, le fang qu'ils lui font répandre mais eft ce pour eux feulement qu'il prie? Eft-ce feulement pour eux qu'il meurt ? N'est-ce pas auffi pour vous, Chrétiens vindicatifs, qui êtes peurêtre également infenfibles à fon exemple & à fon amour? Son fang, ce fang même qui demande à Dieu miféricorde pour vous, la demande à vousmême pour votre ennemi.

Ibid

Nous de

Allons de temps en temps, mes chers Paroiffiens, vous, com- nous inftruire à l'école de Jefus-Chrift; écoutons me J. C. les faintes leçons qu'il nous y donne, & que fon prier pour fang adorable rend fi fortes & fi touchantes; al

nos enne

mis.

Ce qui peut faire la conclu

Difcours.

lons-y demander & y recueillir cet efprit de charité qu'il eft venu allumer fur la terre. Il a aimé fes ennemis, il a prié pour fes ennemis; pourrionsnous nous difpenfer de l'imiter? Ici, mes chers enfans, entrez en examen, fondez vos cœurs interrogez-les. Depuis que vos ennemis fe font retirés des voies de la justice, font-ils devenus les objets de votre zele & de vos vœux ? Pouvezvous dire que vous vous affligez de leurs défordres? Pouvez-vous dire que vous follicitez auprès de Dieu leur converfion? Où font les gémillemens que vous répandez aux pieds du throne de Dieu pour le fléchir en leur faveur, & leur obtenir les graces qui leur font néceffaires? Pouvez-vous. vous refufer à l'exemple que vous en donne JesusChrift: Il est votre Maître, il eft votre Dieu, il est votre Sauveur. Rougirez-vous de l'imiter? Or, s'eft-il contenté de pardonner? Chargé d'opprobres & d'ignominies, abbreuvé de fiel & de vinaigre, frappé dans toutes les parties de fon corps, traité comme un fcélérat, & enfin attaché à une croix, n'a-t-il fait qu'oublier les outrages de fes ennemis: N'a-t-il pas prié pour eux, intercédé pour eux, offert fon fang pour eux ?

par

S'il en eft quelques-uns d'entre vous qui ne foient pas convaincus de l'obligation où ils font fion d'un de pardonner & de la maniere dont ils doivent donner. Si toutes mes paroles n'ont pas eu la force de rien gagner fur eux, il faut que ce foit JesusChrift même qui l'emporte : & il me femble que je puis faire pour leur converfion quelque chofe de femblable à ce que fit autrefois S. Bernard à l'égard de Guillaume d'Aquitaine, qui entrete

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noit le fchifme du faux Pape Anaclet. En vain le Saint tâcha-t-il de le ramener à l'unité de l'Eglife; prieres, follicitations, tout fut inutile: Le Saint pénétré de douleur, & animé d'un faint zele, paroît aux yeux de Guillaume, le Corps de Jesus-Chrift fur la patene, & lui parle ainfi : Nous avons ufé de prieres envers vous & vous nous avez méprifés. Voici votre Dieu, au nom duquet tout genouil fléchit au ciel, fur la terre, dans les enfers, le mépriferez-vous aufli, & aurez-vous bien l'audace de faire auffi peu de cas du Maître que vous avez fait de fes ferviteurs ?

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Hommes vindicatifs, s'il en eft ici quelquesuns, je vous dis la même chofe; puifque mes paroles n'ont pu faire aucune impreffion fur vos cœurs, tenez, voilà votre Dieu qui fe présente à vous fur la croix; ne tiendrez-vous pas plus compte du Maître que de fon Miniftre? sa vue ne fera-t-elle pas plus d'effet fur vous que mes paroles? Regardez, hommes de fang, votre Sauveur attaché à une croix, les pieds & les mains percés de clous; qui l'a obligé de fouffrir tant de tourmens, finon, le défir qu'il a eu de fatisfaire pour vos péchés à la justice de fon Pere? S'il eût voulu vous traiter à la rigueur, & exercer contre vous la même haine que vous confervez contre votre , pour l'injure que vous prétendez en avoir reçue, où en feriez-vous? Maintenant dans les enfers, vous fouffririez la peine des damnés ; & lui n'auroit pas enduré le fupplice des fcélérats. Mais, non, mes chers Paroiffiens, je veux avoir de meilleurs fentimens de vous & je vous crois déterminés à fuivre l'exemple de votre divin modele, qui eft Jefus-Chrift, & que la journée ne fe paffera pas fans vous réconcilier fincérement avec tous vos ennemis, & que

frere,

,

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vous faites maintenant dans votre cœur ce que vous ferez de bouche le plutôt qu'il vous fera poffible. Il eft bon que ceux qui ont été témoins de vos inimitiés le foient de votre réconciliation; & que comme ils ont été fcandalifés des unes, ils foient édifiés de l'autre. C'eft le moyen de vous procurer le repos durant cette vie, & le bonheur dans l'autre.

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