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LA PRÉSIDENTE.

De grands repas, par exemple, où l'on dépense un argent qui feroit beaucoup mieux employé en bonnes œuvres. Les préparatifs de ces repas me prennent tout mon temps, il faut en faire les honneurs, & pendant tout ce temps je ne vais ni à fermon ni à vêpres. En vérité cela eft bien défagréable & me met de fort mauvaise humeur.

LA BONN E.

Dites-moi, je vous prie, Madame} qu'allez-vous faire au fermon? A quoi Vous occupez-vous quand vous êtes à l'églife?

LA PRÉSIDENTE,

Je vais au fermon parce que cela fait plaifir d'entendre la parole de Dieu, fur-tout lorfqu'elle eft prêchée par un habile prédicateur. Je vais à l'églife pour faire la méditation, ou dire un

grand nombre de prieres dont je fuis

chargée.

LA BONN E.

Et quelles font ces prieres dont vous êtes chargée? Sont-ce des pénitences de confeffion, ou des tâches impofées par vos directeurs?

LA PRÉSIDENTE.

Non, Mademoifelle; ce font des prieres que je me fuis promis à moimême de ne jamais omettre. D'ail leurs, je fuis d'un grand nombre de confréries. De celles du rofaire, du fcapulaire, de l'adoration perpétuelle & de plufieurs autres. Vous fentez qu'il faut remplir les devoirs que ces engagemens impofent. Mon mari donna il y a quinze jours un grand dîné; c'étoit précisément le jour où je devois aller paffer une heure devant le Saint Sacrement. Quand mon heure fut venue, je plantai-là sa compagnie, & courus

m'acquitter de mon devoir. Falloit-il facrifier Dieu aux hommes? Je ne faurois vous dire quel vacarme cela fit à la maison; j'en ai été brouillée huit jours de fuite avec le Préfident qui m'a dit bien des duretés. Mais je me fuis confolée en penfant que je fouffrois perfécution pour la justice.

LA BON N E.

La confiance dont vous m'honorez, Madame, va me forcer à faire un perfonnage difgracieux. Il faut vous dire des vérités dures, mais néceffaires. Rien de plus louable que la fidélité à remplir fes devoirs, & vous y avez manqué très- groffiérement; car enfin, vous êtes chrétienne avant que d'être de toutes ces confréries, & en cette qualité, l'obéiffance à votre mari, & l'affiduité à remplir les devoirs de votre état, doivent marcher avant toutes les œuvres de furérogation. Dites-moi, Mademoifelle Dorothée, pourquoi doit-on aller au fermon & à l'Eglife &

justifia & blâma Marthe du temps qu'elle paffoit à lui préparer à dîner, au lieu d'écouter fes paroles comme fa fœur. LA BONNÉ.

Vous entendez mal cet endroit de l'Evangile,Madame. Jefus ne blâme pas Marthe de fon occupation, mais du trouble avec lequel elle agifloit. Marthe, pourquoi vous troublez-vous? Le trouble est toujours la marque de l'imperfection, & c'étoit la feule chofe qui empêchoit l'action de Marthe d'être auffi parfaite & auffi agréable à Jefus, que la contemplation de Marie. Je fuis perfuadée, Madame, que vous avez fait une grande faute en quittant le dîné à moitié, & que vous répondrez à Dieu de toutes celles de votre mari en cette occafion. Je fuis encore perfuadée que vous pouviez mieux prier chez vous, & d'une maniere plus agréable à Dieu, qu'à l'églife.

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LA PRESIDENT E.

Mais, Madame, cela eût produit le

même

même effet. Quitter la table pour aller à mon oratoire ou à l'églife, étoit la même chofe.

LA BONN E.

Nous ne nous entendons pas, Madame ; je ne vous propose pas de quitter la table, il falloit y refter & prier.

LA PRÉSIDENTE.

Vous voulez badiner, Mademoiselle; comment auriez-vous voulu que je priaffe en compagnie ? on parloit, on chantoit. Vous voyez bien qu'il n'étoit pas poffible de conferver l'attention à la priere au milieu de dix perfonnes qui fe divertissoient.

LA BONN E.

Non, Madame, je ne vois point cela, & vous me donnez occafion de vous dire ce que les Saints ont entendu par la priere continuelle. Je vais vous montrer que cette journée qui a été pour B

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