ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub
[ocr errors]

vous l'occafion de bien des fautes, pouvoit vous procurer une abondante moiffon 'd'actes de vertu. Lorfque M. votre époux vous annonça qu'il s'étoit engagé pour ce dîné, il falloit réprimer fi bien le mouvement de dégoût que vous donnoit cette partie, qu'il ne s'en apperçût pas; ou fi le premier mouvement vous avoit échappé, il falloit le réparer en lui difant que puifque cela lui faifoit plaifir, vous feriez tous vos efforts pour bien recevoir fes amis. Il falloit en même temps dire intérieurement: C'eft à vous, ô mon Dieu, que je vais facrifier ma répugnance: c'eft à vous que je vais obéir; car vous avez ordonné à Eve d'être foumife à fon mari, Ces actes, il eût fallu les renouveler toutes les fois que votre répugnance fe feroit fait fentir; & c'eût été un excellent moyen d'acquérir l'heureuse habitude de vous vaincre. Dans tous les ordres que vous aviez à donner pour ce dîné, il falloit vous

Occuper de faintes penfées, telles que celles-ci: Heureux temps, où débarraffée des foins de cette vie, je ne ferai occupée dans le Ciel qu'à aimer mon Dieu! Ces foins que je prends font pour des créatures de mon Dieu, je fouhaiterois la charité d'Abraham & celle de Tobie, lorfqu'ils rempliffoient de pareils devoirs.Lorfque vous voyiez mettre la table: Mon Dieu, faites-moi la grace d'être admife au banquet célefte. A chaque convive qui arrivoit, il falloit faluer fon Ange gardien, adorer la fainte Trinité dans fon ame, penfer que cette perfonne eft peut-être deftinée à occuper dans le ciel une place plus haute que la vôtre; qu'elle a moins abufé des graces de Dieu que vous, pratiqué plus de vertus, commis moins de fautes, & vous encourager par-là, à la fervir & à la bien traiter. Pendant le repas il eût fallu élever votre coeur à Dieu à l'occafion de tout; le remercier de fes biens

temporels; gémir en penfant que les pauvres manquent du néceffaire, pendant que vous avez le fuperflu; offrir à Dieu tous les actes d'attention que vous auriez eu pour les convives; vous mortifier,en ne goûtant pas du plat qui étoit le plus à votre goût; écouter d'un air de complaisance des chofes ennuyeufes, pour faire plaifir par charité à ceux qui les débitent; vous mortifier, en gardant quelques momens de filence pour laiffer parler les autres; & en un mot, être fidelle à pratiquer mille autres actes de vertu, qui naiffent de l'occafion, & que le Saint-Esprit indique toujours aux ames attentives & fidelles.

LA VEU V E.

Ah, Mademoiselle, que ces petites attentions font pénibles ! il est plus aisé d'aller dans une église faire une heure d'oraison.

』 ་ ་ ན

LA BONNE.

J'en conviens, Madame; mais toute

oraison qui ne conduit pas-là, eft illufoire. L'églife d'une mere de famille eft fa maison; fa priere principale, de faire les actions en efprit de priere. Elle peut, à force de réitérer des actes de foi, d'efpérance, d'amour, parvenir à conferver la présence de Dieu, dans tous les inftans & au milieu des occupations les plus propres à diffiper; veiller fur fes enfans, fur fes domestiques; entrer dans des détails économiques; travailler, recevoir un ami, s'appliquer à plaire à fon époux: voilà des œuvres bien communes en apparence; cependant elles peuvent conduire à la plus éminente fainteté celle qui fait les fanctifier. Il est vrai que cette affiduité ne lui attirera pas le titre de dévote; on la regardera comme une femme très-ordinaire, dans le temps où elle fera parvenue à la perfection de fon état; mais fon état n'en fera que plus sûr: elle aura tous les avantages de la vraie piété, & fera à l'abri

des dangers de l'illufion, de la vanité que produit toujours la fingularité, fi elle n'en eft pas le principe. Enfin en fe fanctifiant, elle procurera le falut de fon époux & de toute fa famille, qui apprendra, par fon exemple, le vrai moyen de fervir Dieu en efprit & en vérité; & elle ôtera aux libertins & aux gens du monde le prétexte de crier contre la dévotion, qu'ils accufent de tous les travers des fauffes dévotes.

LA PRESIDENTE.

Vous m'ouvrez les yeux, Mademoifelle; mon époux a pris la dévotion en horreur, & je fens parfaitement que je lui ai infpiré l'averfion qu'il a pour tout ce qui s'appelle piété : mais comment parvenir à ce que vous venez de nous propofer? il faudroit être une fainte.

LA BONN E.

Et quand vous vous êtes réfolue

« ÀÌÀü°è¼Ó »