페이지 이미지
PDF
ePub

AN. 1511. lité, la conftance & la vérité conviennent à l'églife qui eft l'époufe de Jefus-Chrift; que le motif de cette apologie eft pour répondre à deux lettres du pape remplies d'aigreur & d'amertume. On y voit la réponse humble & modefte des peres ceux qui confeilloient à Jules II. d'indiquer le concile de Latran, & de frapper de fes cenfures les prélats de Pife qui répondent à quatorze griefs qu'on leur objectoit, & toutes les raifons du pape pour juftifier leur conduite. Les peres lui remontrent qu'ils n'ont jamais ambitionné la dignité du fouverain Pontife, & qu'ils ont voulu feulement rétablir le gouvernement aristocratique, tel que JesusChrist l'a donné à faint Pierre. Ils rapportent les raisons pour lesquelles ils fe font retirez de la cour de Rome, parce qu'ils n'y jouissoient, difent-ils, d'aucune liberté, & qu'il n'y avoit aucune affûrance pour leur vie ; ajoûtant que quand les ordres du faint fiége renferment un danger évident, il faut les écouter fans les exécuter. Ils fe font retirez avec une escorte de foldats, mais c'étoit pour fe garantir du péril, & des embuches de l'évêque de Concorde, dont ils n'ont pû éviter les fourberies & les fraudes, qu'en ufant de quelque diffimulation, ce qu'ils avouent. Ils répondent enfuite aux raifons de deux cardinaux qui nioient avoir confenti à la convocation du concile de Pife.

XXXVI. Principes fur lefquels ils établiffent la convocation de ce concile.

Ils démontrent que tous les canons qui enfeignent que le pape doit convoquer le concile, doivent s'entendre selon la regle ordinaire; mais qu'il y a des cas où un Raynald, ad ann. concile peut être indiqué & affemblé fans le fouverain pontife. Ils établissfent quatre principes fur lesquels ils fondent la convocation de celui de Pife, fur le précepte de l'églife, fur le vœu du pape, fur le ferment des cardi

1211.7.6&7.

naux,

& pour éviter un très-grand scandale. Le préce- AN. 1511. pte de l'église eft tiré de la feffion trente-neuviéme du concile de Conftance, & on répond aux objections qu'on peut lui opposer, de même qu'à ce que difoient les partifans de Jules pour excufer fon ferment. Ils reprochent à ce pape qu'il n'a indiqué fon concile à Rome qu'environné de gens de guerre, moins pour y établir la liberté & y réformer l'église, que pour y faire valoir fon autorité. Les cardinaux, au contraire, ont indiqué le concile de Pife, pendant qu'ils étoient à Rome, puifque l'édit de l'empereur est du feiziéme de Janvier; & celui du roi de France du quinziéme de Février; il eft vrai qu'ils n'ont pas ofé rendre publique cette indiction, parce qu'ils craignoient les violences du pape qui n'étoient déja que trop connues, & dont il avoit trop donné de.

preuves.

Ils examinent enfuite fi le pape, dans fa propre caufe, peut convoquer un concile, fi Jean XXIII. a indiqué le concile de Conftance contre foi-même; & comme le pape Jules leur avoit objecté dans fa bulle la briéveté du temps, les peres y répondent, & font voir que le temps pris par les évêques de la primitive églife pour se rendre. aux conciles, étoit encore plus court; que la ville de Pise étoit très-convenable & très-commode pour s'y affembler, en rappellant le premier concile convoqué dans cette ville en 1408. pour éteindre le fchifme, & le nombre des prélats qui s'y trouverent ; que depuis que les pontifes Romains ont eu des forts & des citadelles avec garnisons, la ville de Rome n'a plus été propre à la tenue des conciles, parce que le Saint-Efprit n'infpire que des ames libres, & ne fe trouve qu'où eft la liberté : d'où il s'enfuit que Jules II. ayant une armée dans Rome,

AN. ISII.

* On trouve en

du concile de Pife

Decius célébre >

cette ville n'eft pas un lieu fûr pour ceux qui voudroient parler librement de la néceffité d'une bonne réformation dans l'église. Enfin cette apologie finit par une réfutation des cenfures prononcées par le pape contre les peres de Pile, en montrant la néceffité de tenir un concile libre pour rétablir l'église dans fon efprit primitif, & recore dans les acte, mettre en vigueur la difcipline ecclésiastique *. une juftification Les cardinaux, après avoir protefté contre ce qui par un Philippe avoit été fait par le pape au préjudice de l'indiction du concile de Pife, chargerent deux perfonnes qui font jurifconfulte de Milan qui roule à nommées dans les actes, Jean-Baptiste de Theodoricis, mêmes principes. ou de Thierri docteur, & François de Treïo, de signifier in-quarto, p. 71 en leur nom un acte d'appel de fa citation, de la défenfe qu'il leur avoit faite de tenir le concile, avec pounarchia, t. 2. voir de convenir d'un lieu qui fût neutre, & dans leXXXVII. quel on pût être en fûreté. Le premier de ces commifLes cardinaux de faires eft qualifié dans l'acte de docteur en medecine, un acte d'appel de & de citoyen Romain; le fecond fe dit clerc de Plaila citation du pape. fance. Tous deux étant arrivez à Rome, fe présenterent fub Jul. II. pag. devant le pape, & le college des cardinaux, au nom de

peu près fur les

In act. conc. Pif.

& feq.

Goldaft. de mo

Pile font fignifier

74:

A&. Pif. conc.

ceux qui étoient à Milan, & qui avoient indiqué le concile à Pife, offrirent de vivre en paix & dans une parfaite union & obéissance, & expoferent le fujet de leur commiffion, qui confiftoit dans la néceffité d'affembler un concile libre pour la réformation de l'église, dans l'impoffibilité de le tenir à Rome, où il n'y avoit aucune fûreté pour ceux qui s'y rendroient. Mais leurs propofitions furent rejettées, on leur répondit qu'on ne pouvoit leur accorder qu'un délai de huit jours pour comparoître, & qu'on leur faifoit de nouvelles défenfes de tenir le concile. Les cardinaux opposez au pape croyans qu'il valoit mieux obéir à Dieu qu'aux hom

mes, se préparerent à fe rendre à Pife, après avoir ren- AN. 15II. du publique l'apologie dont on vient de parler.

[ocr errors]

XXXVIII.
Ouverture du

A&t. conc. Pif.

p. 79. & feq. Paris de Graffis, Raynald. ad an.

t. 3. p. 724.

1511. n. 33.

Quoique l'indiction du concile fût marquée au premier de Septembre, l'ouverture toutefois ne s'en fit fecond concile de que le famedi premier de Novembre de cette année Pife. 1511. Dès le trentiéme d'Octobre, quatre cardinaux arriverent à Pife, fçavoir Bernardin Carvajal évêque de Sabine, du titre de fainte Croix, & patriarche de Jerufalem; Guillaume Briçonnet, évêque de Preneste, & cardinal de Narbonne; René de Prie, du titre de fainte Sabine, cardinal de Baieux; & le cardinal d'Albret, du titre de faint Nicolas in carcere Tulliano. Ils avoient des procurations de quelques autres cardinaux abfens, de Philippe de Luxembourg, évêque de Tufculum, qu'on appelloit le cardinal du Mans; de François de Borgia, du titre des faints Nerée & Achillée, qui étoit le cardinal de Cofence; de Frederic de Saint Ange, appellé le cardinal de San-Severino. Beaucoup de prélats s'y trouverent auffi, comme les archevêques de Lyon & de Sens, les évêques d'Agde, de Luçon, de Rhodès, de Maguelonne aujourd'hui Montpellier, de Lifieux, d'Amiens, de Challons-fur-Saone, d'Angoulême, de Toulon, d'Alet, d'Avranches, de Mâcon, de Limoges, avec les abbez de Citeaux, de faint Denys en France, de faint Medard de Soiffons, des abbez de Prémontré, les procureurs du roi de France, Godefroy Bouffard chancelier de l'églife de Paris, l'archidiacre de Meaux, celui de Toulouse pour l'univerfité de cette ville; un député de l'univerfité de Poitiers; l'archidiacre de Lifieux, un procureur de l'ordre de Clugny, quelques docteurs de l'université de Paris, & un grand nombre d'autres perfonnes habiles. Quand ils furent tous réunis, ils fe ren

AN. ISII.

dans les Actes.

fis.

dirent le premier de Novembre dans le couvent des Camaldules, où demeuroit le cardinal de fainte Croix, & s'assemblerent dans l'églife de ces religieux, dite de faint Michel, afin d'attirer la bénédiction du ciel fur l'afsemblée; le cardinal de Bayeux célébra folemnellement * Il est appellé la Meffe, & l'abbé * Fevrier docteur en l'un & l'autre Abbas Subafien- droit, prêcha. Il prit pour texte ces paroles de Jefus** Beati qui Chrift:** Bienheureux ceux qui font affamez & altérez efuriunt & fitiunt de la justice, parce qu'ils feront raffafiez. Dans ce difcours ipfe faturabuntur. il exhorte les cardinaux & les prélats à furmonter les difII. Timot. c. 3. ficultez que le pape opposoit à leur pieux deffein, & leur dit que, felon faint Paul, tous ceux qui vouloient vivre en Jefus Christ, étoient exposez à la persécution; que leur petit nombre ne devoit point les arrêter, puifque leur concile qui repréfentoit l'églife, étoit comme Daniel. c. 2. cette petite pierre dont parle l'Ecriture Sainte, qui devint enfuite une grande montagne. Il conclut par ces paroles de Jefus Christ dans l'évangile : Réjouiffez-vous, parce qu'une grande récompenfe vous eft deftinée dans le ciel.

juftitiam, quoniam

Matth. c. 5. v. 6.

V. 12.

V.35.

[2.

Matth. f. 5. v.

XXXIX. Premiere lef

Après la meffe & la prédication, on lut la bulle que les cardinaux avoient donnée pour convoquer le concile, On lut auffi les actes qui avoient été faits pour préparer à la tenue de ce concile, les proteftations qu'on avoit faites au contraire, les appellations & tout ce qu'on avoit répondu pour montrer la néceffité de l'affemblée, & juftifier son indiction. Toutes ces piéces étant lûes, François de Rohan archevêque de Lyon monta dans la tribune, & fit lecture à voix haute de l'indiction de la premiere feffion pour le mercredi fuivant cinquième de Novembre dans l'église cathédrale de Pise. Et cette indiction fut affichée aux portes de l'église de S. Michel. Ce jour venu, l'on commença fur les neuf heures du

« 이전계속 »