페이지 이미지
PDF
ePub

des preuves convainquantes de leur attachement, du AN. 1515. defir qu'il avoit de vivre fous fa domination. Le roi content de leurs excufes vint à Biagraffe pour couvrir les troupes que de Prie commandoit fur la droite du Pô, pendant que le viceroi Cardonne, après avoir laisfé à Veronne Marc-Antoine Colonne, avec un gros détachement marcha fur la gauche du Pô, pour cacher fa marche à l'Alviane qui commandoit l'armée Venitien– ne. Le viceroi passa ce fleuve à Oftiglia, & vint joindre l'armée du pape à Plaisance; il voulut enfuite joindre les Suiffes à Monza, mais l'Alviane qui le fuivoit en queuë renverfa toutes ses mesures & l'empêcha de repas

LX.

On empêche la

fer le Pô.

Le lendemain l'armée Françoise vint camper à Majonction des Elpa- rignan, précisément entre Monza où étoient les Suifgnols & des Suilles fes, & Plaifance où fe trouvoit Cardonne; ce qui ren

doit la jonction impoffible, parce que le viceroi étoit obligé de paffer fur le ventre aux François & aux Venitiens pour joindre les Suiffes. Les confederez furent donc obligez de fe mettre à couvert sous le canon de Plaisance, & l'Alviane jugeant qu'ils ne fortiroient pas de leur poste, s'avança dans le Cremonois jusqu'à Lody fans trouver d'ennemis. Comme les François & les Venitiens en demeurant tranquilles ruinoient les affaires de leurs ennemis, on crut que les Suiffes fe lafferoient d'être refferrez dans leur camp par la cavalerie Françoise qui les harceloit; ils n'avoient que huit cens chevaux legers de Sforce, & ils ne pouvoient efperer de cavale-! rie du camp des confederez; dans cette conjoncture il n'étoit pas vrai-femblable qu'ils ofaffent attaquer l'armée Françoise qui avoit plus de deux mille hommes d'armes. & où le roi commandoit en perfonne, d'autant plus

qu'il y avoit de la méfintelligence entre le vice-roj de Naples & Laurent de Medicis, qui commandoit l'armée du pape, & voici quelle en fut l'occasion.

par

AN. ISIS.

LXI. Cardonne con

fonds qu'il faut fai

Comme Cinthio venoit de traiter de la part du pape avec le roi de France, il fut arrêté par les Efpa- noît le peu de gnols qui lui prirent fes papiers, ou lettres de créance, re fur l'alliance du & les porterent au vice-roi de Naples leur général. Celui- pape. ci les lut, & connut par le contenu de ces lettres, que le pape avoit non-seulement négocié avec les François, mais étoit encore prefque d'accord avec eux fans fa ticipation; il foupçonna auffi-tôt que ce ne pouvoit être qu'aux dépens du roi Catholique son maître; sa défiance n'étoit pas feulement fondée sur les lettres de Cinthio, il avoit encore depuis deux jours intercepté une lettre de Laurent de Medicis neveu du pape, dans laquelle il proteftoit à François I. que c'étoit contre fon gré qu'il commandoit l'armée ecclefiaftique contre fa majesté, & l'assuroit qu'il ferviroit la France autant que sa réputation, & ce qu'il devoit à fon oncle, le permettroient. Cardonne par tous ces faits, connut quel fonds il falloit faire fur un allié tel que le pape. Neanmoins on relâcha Cinthio, pour faire voir au pape & à fes alliez, qu'il avoit découvert toutes leurs intrigues. Et afin de s'affurer encore davantage de la prévarication de Laurent de Medicis, il lui propofa s'il étoit poffible, de joindre l'armée des confederez à celle des Suiffes, & lui confeilla de le tenter; il lui dit même qu'il y avoit de la lâcheté, ou au moins de l'indolence de tenir fon armée d'un côté du Pô dans l'inaction, pendant que fes alliez étoient prêts d'en venir aux mains de l'autre côté du fleuve. Laurent qui fe défioit du vice-roi, parut être du même sentiment; il dit que les confederez deTome XXV. Bbb

LXII. L'armée des con,

federez tente de joindre les Suilles.

paffer le Pô four

AN. 1515.

LXIII.

voient fe hâter de paffer le Pô, & qu'après avoir manqué deux fois de parole aux Suiffes, il étoit à craindre qu'une troifiéme fois n'obligeât cette nation à se déclarer pour les François, malgré toutes les intrigues du cardinal de Sion, & ne leur ouvrit par-là un chemin aifé à la conquête de l'Italie. Cet avis fut donc fuivi & le pont fut jetté près de Crémone; les Efpagnols passerent les premiers; l'armée ecclefiaftique voulut differer blige à fe retirer, jufqu'au lendemain, & les coureurs que Cardonne avoit envoyez la nuit du côté de Lody, lui ayant rapporté que l'Alviane paroiffoit de l'autre côté en bataille, & que deux compagnies de lances Françoises étoient entrées dans cette ville, l'armée ennemie en fut tellement effrayée, qu'elle repaffa le fleuve avec beaucoup de confufion, fans qu'il fût poffible de la retenir, & les deux généraux prirent le parti d'attendre à Plaisance l'événement de la démarche des François.

L'Alviane l'o

& à demeurer dans l'inaction.

Les Suiffes laffez de demeurer dans leur camp de Monza, étoient venus camper fous Milan; & les François pour leur faire voir qu'ils ne les appréhendoient point, firent avancer leur avant-garde à faint Donat; entre cette capitale & Marignan. Le cardinal de Sion qui haïffoit mortellement la France, affembla toute l'armée des Cantons, & lui parla avec tant de feu fur la facilité qu'il y avoit à remporter la victoire, fur le gain immenfe qui lui étoit préparé, & la gloire d'avoir vaincu un grand roi à la tête de toutes les troupes, que les Suiffes nent attaquer l'ar- fur le champ prirent les armes, fortirent de Milan, & mée Françoise à vinrent attaquer l'armée Françoise, qui étoit à deux Belcar. L. 15. lieuës de la ville, n'ayant pris avec eux qu'une vingtSinder. rep. Helv. taine de petites pieces d'artillerie. Ils étoient près de qua& l. 1. rante mille fantaflins, avec fept ou huit cens cavaliers

LXIV.

Les Suiffes vien

Marignan.

§. 20.

Italiens. Ils ne prirent ni leurs fifres ni leurs tambours, AN. ISIS.

dans le deffein fans doute de mieux furprendre leurs ennemis. L'Alviane étoit dans le camp des François, & s'entretenoit avec le roi, lorfque le connétable de Bourbon envoya dire à fa majefté, que l'ennemi venoit les attaquer : le général Venitien monta auffi-tôt à cheval, & courut du côté de Lody, pour amener promptement quelque partie de fa cavalerie au fecours des François, qui eurent à peine le loifir de fe mettre en bataille à la tête de leur camp, pour recevoir les Suiffes.

Déja le connétable avoit rangé l'avant-garde qu'il commandoit & mis les Lanfqueners à la garde de l'artillerie, quand les Suiffes vinrent droit au canon, dont ils vouloient fe faifir, pour en faire ufage contre la cavalerie Françoise. La Palice commandoit l'arriere-garde, & le roi étoit au corps de la bataille. L'artillerie qui étoit nombreuse & bien fervie, faifoit un terrible ravage dans les bataillons Suiffes, qui tâchoient de forcer les retranchemens. Le connétable les foutint fans perdre de terrain, jufqu'à ce que le roi vînt à fon fecours avec le corps de bataille. Ce prince étoit reconnoiffable par sa cotte d'armes femée de fleurs de lys brodées, & fon cafque fur lequel il y avoit une couronne d'or; il chargea lui-même les Suiffes à la tête de fa gendarmerie, foutint les Lanfquenets avec une valeur extrême, & reçut fur fa cuiraffe un coup de pertuifanne, avec plufieurs coups de piques fur fa cotte d'armes ; mais les Suiffes pour être repouffez ne fe crurent pas vaincus. Pendant que le roi chargeoit d'un côté, les bandes noires qui avoient été levées dans la province de Gueldres, arriverent de l'autre, & regagnerent une partie de l'artillerie, dont les Suiffes s'étoient déja rendus maîtres; on en fit un

Marian. l. 30.

n. 126.

LXV.

Bataille de Marignan, où les Guicciard. l. 12. Paul. Jove, l. 15.

Suiffes font battus.

Belcar. l. 15.

ils

grand carnage; les Lanfquenets craignant qu'on ne les AN, 1515. trahit pour les livrer aux Suiffes leurs ennemis, lâcherent le pied d'abord; mais convaincus du contraire, fe rallierent, & le defir de réparer leur faute par un ef fort extraordinaire, leur fit enfoncer le premier bataillon Suiffe, qui se présenta pour les recevoir : en un mot le combat fut d'autant plus terrible, qu'il devint gé

LXVI.

La nuit met fin

aucune décifion.

Raynald. an. 3515.1.20.

néral.

Il avoit commencé le treiziéme de Septembre vers à la bataille fans les deux heures après midi, & il y avoit cinq heures qu'on se battoit, lorsque la nuit devint fi noire, qu'on fe ceffa de charger, parce qu'on ne pouvoit plus fe reconnoître. Le comte de Beaumont frere du connétable, le comte de Sancerre & le feigneur d'Imbercourt, furent tuez ce jour-là; & le connétable lui-même auroit fubi le même sort, sans dix ou douze cavaliers qui se serrerent autour de lui, & reçurent la plupart des coups qu'on lui portoit. Le combat discontinua, & il fe fit une ceffation d'armes qu'on n'avoit point demandée. Le roi n'étoit qu'à cinquante pas du plus gros bataillon des Suiffes, en danger d'être pris fi on l'eût reconnu; mais il y avoit encore plus de peril à changer de place; prévoyant un fecond effort du côté des ennemis, il eut foin de remettre en ordre fon infanterie ; & de faire pointer avantageufement fon canon fur les avenuës du camp. Il fouffroit une foif extrême, & l'on eut affez de peine à lui apporter un verre d'eau claire, n'en trouvant que de mêlée avec le fang de ceux qu'on avoit tuez. Il se repofa tout armé fur une piece de bois, qui avoit fervi d'affût à un canon, & il ne laissa pas de dormir profondé

LXVII.
Le lendemain

ment.

Le lendemain quatorziéme de Septembre à l'aube du

« 이전계속 »