s'échauffa tellement, & l'animofité fut portée fi loin, AN. 1517. que Tetzel, comme inquifiteur de la foi, fit brûler publiquement les theses de Luther. Les disciples de celuici, pour venger leur maître, brûlerent aussi en public à Wittemberg celles du Dominiquain.

XLII. Décision du pa

qu'on entend hors manches.

fa paroifle les di

Ext. in Bullar.

in Leon X.conflit.

25.

Raynald, an.

1517. 8. 113. &

: Le pape follicité par les Religieux, de leur donner une décifion favorable fur la question agitée depuis pe fur la melle long-tems, fi les fideles en entendant la messe les jours de dimanches & de fêtes hors de leurs paroiffes, dans les églifes des Religieux, fatisfont au précepte de l'églife, décida enfin vers la fin de cette année, que ceux qui afsistent ces jours - là chez les Religieux, ne commettent aucun péché mortel. Cette décifion paroiffoit être oppofée aux réglemens des conciles précédens, & aux raifons fi fages de l'établissement des paroiffes. Sa bulle est du treizième de Novembre. Il en rendit encore une autre le vingtiéme de Decembre, qui rétabliffoit l'ancienne coutume, par laquelle les évêques prêtoient ferment de fidelité au fouverain pontife & au fiége apostolique, & recevoient de lui leur collation & leur confirmation. Ce qui donna lieu à ce renouvellement, fut la conjuration qu'on avoit découverte contre Leon X. dans laquelle quelques prélats, pour fe juftifier, alléguoient qu'ils n'avoient point prêté le ferment de fidelité au pape, & que par conféquent ils n'étoient point obligez fon égard. Le même pape fit encore une autre bulle anterieure à cette derniere, & dattée du quatorziéme de Septembre, pour établir certaines formules de prieres en l'honneur de Jefus-Chrift & de fa fainte Mere, à qui l'on donna le nom de Couronne, & qui étoient compofées de l'oraifon dominicale & de la falutation lique, répetées un certain nombre de fois. La premiere

ange

couronne contenoit cinq Pater, & autant d'Ave Maria, AN. 1517. en l'honneur des cinq playes de Jefus-Christ. La feconde, trente-trois Pater, & autant d'Ave, en l'honneur des années pendant lefquelles cet Homme-Dieu a vêcu fur la terre. La troifiéme étoit compofée de cinq pfeaumes, dont les cinq premieres lettres de chacun formoient le nom de Jesus. Il y avoit autant de couronnes de la Sainte Vierge ; la premiere étoit de dix Ave, pour honorer fes dix vertus; la feconde de foixante & douze, pour honorer les années de fa vie ; & la troifiéme, de cinq pfeaumes, dont chaque premiere lettre formoit le nom de Maria, & à la fin, Sub tuum, &c.

XLIII.

ques propofitions

Voyez M. Dupin,

p. 209. & fuiv.

lect. judic. de nov.

error.p.353.

cenfur. Facul.Pa

rif. fol. 167.

La faculté de théologie de Paris avoit cenfuré le deuCenfure de quel- xiéme de Juin de l'année précédente treize propofipar la faculté de tions qu'un Dominiquain nommé Claude Coufin avoit théologie de Paris, prêchées à Beauvais ; la premiere concernoit le mariage Biblioth. des Au- des enfans des prêtres, que ce religieux damnoit s'ils ne teurs t. 13. in4° reftituoient ce que leurs peres leur avoient donné en maD'Argentré, col- riage. La feconde difoit, qu'un fils légitime fuccedant aux biens de fon pere, doit s'informer fous peine de damExt. 1. Regift. nation, de la maniere dont ces biens ont été acquis. La troifiéme, que les Freres Prêcheurs admis on non admis par l'évêque, font les propres prêtres, & préferables aux curez qui n'ont leur inftitution que de l'évêque, au lieu que les religieux l'ont du pape. La quatriéme, que ces religieux, par privilége, ont pouvoir d'abfoudre de plufieurs cas dont les curez ne peuvent donner l'absolution. La cinquiéme, qu'un paroiffien se confeffant aufdits Freres Prêcheurs, fatisfait à la décrétale, Omnis utriufque fexûs, fans qu'il foit obligé de demander permiffion, même pour la confeffion Pascale. La fixiéme, qu'au refus d'un curé qui refuse la communion à

celui qui fe fera ainfi confeffé, ledit frere peut lui donner l'Eucharistie contre la volonté du curé. La septiéme, le curé qui prêche l'obligation de s'adresser à lui, & de recommencer fa confeffion, eft excommunié, & s'il célebre, il encourt l'irrégularité. La huitiéme, lefdits Freres ont une bulle publiée à Paris, & approuvée par l'univerfité touchant ces priviléges. La neuviéme, qu'un curé ne doit rien recevoir pour l'administration des Sacremens, & que s'il demande, il eft fimoniaque. La dixième, que les paroiffiens ne font point obligez de donner pour l'administration des Sacremens à leur curé ou vicaire & que s'ils donnent ils péchent. L'onziéme conseille aux bonnes gens de ne rien donner, afin que par ce moyen les curez ne les empêchent point d'aller aux freres Prêcheurs ou Mineurs. La douzième, qu'on a tort de dire que les propofitions de ce prédicateur ne font pas catholiques, qu'elles ont été prêchées en beaucoup d'endroits, fans qu'on l'ait repris. La treiziéme, qu'il avoit une tête de champenois, qui valoit bien une tête & demie de Picardie. Toutes ces propofitions font déclarées fauffes, scandaleuses, contraires au droit commun quelques-unes erronées, d'autres témeraires, présomptueules, & propres à détourner les fideles de leur devoir.

Dans le même tems la faculté porta un jugement tout autre fur des propofitions contraires, qui avoient été prêchées en Savoye par un prêtre féculier. La premiere affirmoit l'obligation de se confeffer à Pâques à fon curé, ou à celui à qui il en aura donné le pouvoir dans fon églife; que les feuls curez peuvent être appellez propres prêtres, & les religieux prêtres privilegiez, n'ayant pas la jurifdiction: la faculté déclare la propofition vraïe,

fi on l'entend de la jurisdiction ordinaire. La feconde; AN. 1517. qu'un religieux, de quelque ordre qu'il foit, administrant de fa propre autorité à des laïques, ou l'Extrêmeonction, ou l'Euchariftie, ou le mariage, encourt l'excommunication; ce qu'on reconnoît comme vrai. La troifiéme, que les Dominiquains & Franciscains n'ont pas plus de pouvoir par leurs priviléges, qu'en ont de droit les curez ou vicaires ; ce qui eft vrai, La quatrième, que les religieux qui portent les fideles à fe faire enterrer dans leurs églifes, font excommuniez par l'autorité du pape; ce qui n'eft vrai, dit la faculté, que de ceux qui exigent des vœux, des promeffes, ou des fermens pour cette fépulture. La cinquiéme, qu'un homme qui prend l'habit de religieux, fans avoir intention d'être profès, péche; ce qu'on déclare vrai, fi on prend l'habit fans caufe légitime. La fixiéme, que les religieux de faint François ne doivent avoir aucun revenu ni en général, ni en particulier ; ce qu'on déclare conforme à la décretale Exivit.

XLV.

Mort de quelques cardinaux.

Ciacon. t. 30

Quelques cardinaux moururent dans cette année; on compte parmi eux Ferri de faint Severin Milanois, archevêque de Vienne, diacre cardinal du titre de faint Theodore; Jacques Serra Espagnol, archevêque d'Oriftagni, prêtre cardinal du titre de faint Vital, & évêque d'Elne & de Palestrine; Alphonfe Petrucci Siennois, évêque de Suana, qui fut privé de la pourpre par Leon X. pour être auteur de la confpiration contre sa sainteté, & étranglé dans la prifon; Louis d'Amboise François, évêque d'Alby, prêtre cardinal du titre de faint Mar

cellin & de faint Pierre. Sixte Gara de la Rovere Luquois, neveu du pape Jules II. cardinal du titre de faint Pierre-aux-Liens, évêque de Luques & de Padouë,

& vice-chancelier de la fainte églife.

AN. 1517.

XLVI. Arcemboldi pu

ces dans les roiaumes du Nord.

Les indulgences firent auffi du bruit dans les roïaumes du Nord comme elles en faifoient en Allemagne. Leon X. avoit donné pouvoir à Ange Arcemboldi, en blie les indu'genqualité de légat dans le Nord, pour les y publier; mais ce prélat ufa fans moderation du pouvoir qu'on lui donnoit; il leva en Dannemarck de groffes fommes d'argent, qu'il fit profiter par toutes fortes de voies. Etant enfuite paffé en Suede, il y obtint de l'adminiftrateur la permiffion du publier fes bulles d'indulgences, & aïant affermé ce droit, il en tira des fommes immenses : il s'emploïa aussi auprès de l'administrateur pour le réconcilier avec l'archevêque d'Upfal; mais l'administrateur lui ayant reprefenté les raisons qu'il avoit de fe défier de l'archevêque, & les liaisons que ce prélat avoit avec Chriftien II. roi de Dannemarck, Arcemboldi ne put rien obtenir, & fe défifta de cette réconciliation. Chriftiern ayant commencé quelques actes d'hoftilité, l'administrateur fit proceder contre l'archevêque d'Upfal, accusé d'être le chef de la conspiration; il fut cité aux états, qui le déclarerent rebelle, & prierent l'administrateur de s'affurer de fa perfonne. L'affaire fut exécutée, des troupes l'affiégerent dans la fortereffe de Steque, on le prit, & on l'envoya à Stokolm, où le fénat inftruifit fon procès, & le condamna à se démettre de son archevêché, & à se retirer dans un monaftere pour y faire pénitence. La fortereffe de Steque fut rafée, & l'archevêque, après avoir donné fa démiffion en plein fénat, dépêcha fecretement à Rome pour protester de la violence qui lui avoit été faite. Sur ces plaintes, Arcemboldi eut ordre de repaffer en Suede, & de menacer l'administrateur Leon X. contre d'excommunication, s'il ne rétabliffoit l'archevêque. de la Suede.

XLVII. Bulle du pape

l'administrateur