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Etat de leurs forces.

colonies d'Afie éprouvoient journellement de l'avide cruauté des fatrapes Perfans. Ses plaintes furent généralement approuvées, & tous les membres du confeil fe rappellèrent, avec indignation, les outrages continuels d'un peuple qui avoit anciennement envahi leur pays, infulté leur religion, brûlé leurs temples, &, non content de ces actes de vengeance, avoit réduit & opprimé leurs colonies, & avoit excité & alimenté, fans interruption, ces animofités cruelles qui avoient rempli, depuis fi long-temps, toute la Grèce de féditions & de fang 2. Philippe avoit des injures particulières à venger fur les Perfes, dont la haine & la jaloufie avoient, en plufieurs occafions, traverfé fes deffeins & troublé fon gouvernement. Mais il infifta principalement fur les outrages faits à toute la Grèce, dont l'honneur ne pouvoit être fatisfait que par le fuccès d'une expédition en Afie.

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Cette expédition fut réfolue d'un confentement unanime: Philippe fut nommé général de la conféderation; &, lorfque les différens états réglèrent le contingent des troupes qu'ils devoient lever, chacun de leur côté, l'armée,

a Ifocrat. orat. ad Philip.

a

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fans comprendre les Macédoniens montoit à deux cents vingt mille hommes de pied & quinze mille chevaux ; force prodigieufe dont les diffenfions domeftiques des Grecs les avoient peut-être empêché jusque-là de se former une idée précise. Les différentes républiques n'avoient jamais paru auparavant fi parfaitement unies pour la caufe commune; jamais elles n'avoient fi bien connu leurs forces combinées, & jamais elles n'avoient témoigné un empreffement fi général pour entrer en campagne & une confiance fi entière dans les talens & l'habileté de leur général.

tion retardée

bellion en II.

des diffen

fions domef

Macédoine.

Il n'eft pas du plan d'une hiftoire générale L'expédide la Grèce, d'examiner en détail les circonf-par une retances funeftes qui arrêtèrent le roi de Macédoine au moment ou il alloit exécuter ce vafte projet; il fuffit de dire que Philippe, ayant tiques en envoyé Parménion avec un corps de troupes Olymp. pour protéger les colonies afiatiques, ne pute. 336. fuivre immédiatement ce commandant, à cause d'une rebellion des tribus Illyriennes. Ce contretemps, qui le détournoit de l'entreprise la plus brillante de fon règne, devint plus redoutable

a Justin. 1. 9. c. 5.
b Diodor. ad Olymp.

CXI. I. A.

fort de ce la

encore par les difcordes de fa famille & les troubles de fon palais. Une femme moins fière & moins jalouse qu'Olympias, mère d'Alexandre, auroit pu être irritée, avec raifon, des infidélités continuelles de fon mari, qui ne ceffoit d'augmenter le nombre de fes femmes ou concubines . L'ame généreuse d'Alexandre lui auroit fait naturellement époufer le reffentiment de sa mère, quand même il n'auroit pas été de fon propre intérêt d'empêcher Philippe de lui donner continuellement des rivaux au trône. Le jeune prince défendit les droits d'Olympias & les fiens avec l'impétuofité naturelle à son caractère. Ce fut aux noces de Philippe avec Caffandre, la nièce d'Attalus un de fes généraux, que le fils, plus impérieux encore que fon père, éclata ouvertement contre lui ; & , comptant au nombre de fes amis tous les ennemis de Philippe, il chercha un afile parmi les Illyriens rebelles qui étoient déja en armes contre leur fouverain.

b

Philippe Philippe calma tous ces troubles intérieurs. byrinthe de Ayant conquis les Illyriens, il appaisa Alexandre en l'affurant que fes grandes qualités, égale

difficultés.

Olymp.

CXI. I. A.

C. 336.

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ment admirées en Grèce & en Macédoine, n'avoient point échappé à sa tendre follicitude; qu'en lui donnant plusieurs rivaux au trône, il n'avoit fait que lui fournir une occafion de les furpaffer tous en gloire, & d'obtenir fur eux l'affection particulière des Macédoniens. Satisfaits de cette condefcendance, Olympias & fon fils reparurent à la cour avec la diftinction due à leur rang; &, pour annoncer & confirmer cette heureuse réconciliation avec fa famille, Philippe maria Cléopatre, fa fille chérie, au roi d'Epire, oncle maternel d'Alexandre. Il célébra les noces par une fête magnifique qui dura plufieurs jours, durant lefquels les Macédoniens & les Grecs s'emprefsèrent, à l'envi, de témoigner l'affection & le refpect qu'ils portoient à leur maître commun & à leur général en chef.

au théâtre

Pendant ces fêtes brillantes, Philippe pa- Il eft affaf. roiffoit fouvent en public, plein de confiance finéen allant dans la fidélité & l'attachement de tous fes fujets. Mais un jour qu'il alloit de fon palais au théâtre, il fut poignardé par un Macédonien nommé Paufanias ; foit que cet aflaflin ait été pouffé à. commettre cette atrocité par un reffentiment

a Plut. in Apophth.

b Diodor. & Juftin. ubi fuprà.

Son carac

tère.

perfonnel, ou par l'animofité mal éteinte d'Olympias, ou à l'instigation des fatrapes Perfans. Ce dernier motif eft celui qui paroît le plus vrai c'eft du moins celui qu'allégua Alexandre pour juftifier l'envahiffement de la Perfe.

a

Ainfi périt Philippe de Macédoine, dans la quarante-feptième année de fon âge, & la vingtquatrième de fon règne. C'est le premier prince dont l'hiftoire ait décrit la vie & les actions de manière à rendre toutes les circonftances de fon administration dignes de fervir d'inftruction aux fiècles fuivans. * Il réuniffoit à une pré

a Arrian. 1. 2. ch. 3. & Curtius, 1. 4. ch. I.

* En jettant un coup-d'œil philofophique fur l'hiftoire des nations anciennes & des chefs qui les ont gouverné, & revenant enfuite fur les modernes, par comparaison, on eft furpris de trouver, de temps en temps, des représentations & des reffemblances fingulières dans le caractère, la conduite & la marche, non-feulement de certains peuples, mais de certains perfonnages. Le grand Frédéric, roi de Pruffe, n'a-t-il pas eu, par exemple, fous une infinité de rapports, une reffemblance frappante avec Philippe de Macédoine. Tous les deux ont créé, pour ainsi dire, leur puiffance, & l'ont augmentée & maintenue par la politique & les armes, tandis qu'ils ennobliffoient leur gouvernement par un esprit parti

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