́ÂN. 1053.

Leon. ep. 2.

Sup. liv. XLII.

n. 7.

LXXXII. Le pape pris

mans.

Herm. Chr.

obligé de fe lever & de fortir devant la porte pour faire ceffer le bruit. Mais fans refpecter fa prefence, ils s'opiniâtroient de plus en plus, à poursuivre à main armée fes gens defarmez, & les retirer de la porte de l'é glife où ils vouloient fe fauver : enforte que les fléches & les pierres voloient autour de la tête du pape, & quelques-uns furent bleffez voulant fe cacher fous fon manteau. On cut tant de peine à appaiser ce tumulte, qu'il fallut abandonner le concile; & le lendemain, comme on devoit examiner les auteurs de la fedition pour les juger feverement, le pape leur pardonna, de peur qu'il ne parût agir par vengeance.

Il arriva à Rome pendant le Carême, & tint un concile aprés Pâques, comme les années precedentes, dont il ne nous refte qu'une lettre aux évêques de Venetie & d'Iftrie, en faveur de Dominique patriarche de Grade, autrement la nouvelle Aquilée: portant qu'elle fera re connuë metropole de ces deux provinces, fuivant les privileges des papes; & que l'évêque de Frioul fera ren fermé dans la Lombardie, fuivant les conftitutions de Gregoire II. & Gregoire III. ainfi fut terminée cette ancienne conteftation.

Aprés ce concile le pape marcha contre les Normans par les Nor- avec les troupes. Ils demanderent la paix, offrant de fe rendre fes vaffaux, & de tenir de lui ce qu'ils avoient ufurpé des terrés de l'églife: mais le pape refufa ces propofitions, voulant qu'ils rendiffent abfolument ce qu'ils avoient pris de force, & leur ordonnant de s'en retirer. Les Normans, qui étoient en bien plus grand nombre que les troupes du pape, rejetterent la propofition comme impoffible; & dirent, qu'ils défendroient par les armes le païs qu'ils avoient conquis par les armes,

ou qu'ils y mourroient. Ainfi on en vint à une ba- AN. 1953. taille, qui fut donnée le dix-huitiéme de Juin. Les Allemans, qui chargerent les premiers, battirent les Normans & ils furent prefque défaits: mais leur corps de referve ayant furpris & environné les troupes du. pape, les Italiens lâcherent le pied auffi-tôt ; & la plûpart des Allemans furent tuez en fe défendant vaillamment. Ainfi les Normans remporterent une pleine victoire, mais tres-fanglante: foit, dit Herman auteur du tems, parce qu'il convenoit mieux au pape de combattre par les armes fpirituelles, que par les materielles pour des biens de ce monde : foit parce qu'il menoit avec lui grand nombre de méchans, attirez par l'impunité de leurs crimes, ou par l'efperance de contenter leur avarice: foit que la juftice de Dieu punît les nôtres, pour quelque autre caufe que lui- feul

connoît.

Le pape attendoit l'évenement du combat dans une petite ville voifine, où les Normans l'affiegerent; & chr. Caff. lib. ne pouvant s'y défendre, il fut obligé de les abfou- 1. c. 37. dre de l'excommunication prononcée contre eux & de fe rendre lui-même. Ils le menerent avec honneur à Benevent, mais ils l'y retinrent la plus grande partie de l'année, c'est-à-dire depuis le vingt-troifiéme de Juin 1053. jufques au douzième de Mars 1054. Il prit grand foin de la fepulture de ceux qui avoient été tuez en ce combat, & les fit mettre dans une églife ruinée qui fe trouva proche : mais les Normans euxmêmes la rebâtirent & y fonderent un monaftere. Pendant ce fejour à Benevent, le pape menoit une vita c. 12. vie tres-auftere. Il couchoit à terre fur un tapis, étant revêtu d'un cilice fur la chair, avec une pierre pour

chevet. Il dormoit peu & recitoit toutes les nuits le pfautier avec des genuflexions innombrables. Il difoit encore le plautier pendant le jour, outre la meffe & quantité d'autres prieres. Il faifoit auffi des aumônes immenfes à tous les pauvres qui fe prefentoient.

Fin du douzième Tome.

གཅིས་ཀ་འས་ཀ་འདིས་སྐུ་འདིས་སྐུ་ངས་ བའདིས་ཀྲུ་གུ
འ་༡ ཚིས་ཚིམ་ེི&་གྱc་ུམ་ཚིern

TABLE

DES MATIERES