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la vingtiéme partie des maladies fcorbutiques qu'on y voyoit auparavant.

fes

Il ne fuffit pas qu'un pays foit à une certaine distance de la Ligne pour que le climat en foit propre à la nourriture des hommes d'efprit & de talent. L'air y peut être contraire par qualités permanentes, à l'éducation physique des enfans que la délicateffe de leurs organes deftineroit à être un jour des hommes d'un grand efprit. Le mêlange des corpufcules qui entrent dans la compofition de l'air dont je parle, peut-être mauvais par quelques excès d'un de fes bons principes. Il fe peut faire qu'en un certain pays les émanations de la terre foient trop groffieres. Tous ces défauts qu'on conçoit pouvoir être infinis, doivent faire que l'air d'une contrée, dont la temperature paroît la même que celle d'une contrée voifine, ne foit pas auffi favorable à l'éducation phyfique des enfans, que l'air qu'on refpire dans cette derniere. Deux régions qui font à la même distance du Pole, peuvent avoir un climat phyfiquement différent. Puifque la différence de l'air d'une contrée limitrophe d'une autre contrée où les hommes font grands, rend dans la premiere les habitans petits, pourquoi ne les rendra-t'elle

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pas plus fpirituels dans un pays que dans un autre? La taille des hommes doit varier plus difficilement que la qualité & le reffort des organes du cerveau. Plus une organe est délié, plus le fang qui le nourrit, le change facilement. Or de tous les organes du corps humain, les plus délicats font ceux qui fervent à l'ame spirituelle à faire fes fonctions. Ce que je dis ici, n'est que l'explication de l'opinion générale, qui a toujours attribué aux différentes qualités de l'air, la différence qui fe remarque entre les peuples. Le climat de chaque peuple est toujours, à ce que je crois, la principale caufe des inclinations & des coutumes des hommes, qui ne font pas plus diverfes entre elles que la conftitution de l'air eft différente d'un lieu à un autre, dit un homme (a) à qui l'on pouvoit appliquer l'éloge qu'Homere fait d'Uliffe.

Qui mores hominum multorum vidit & urbes:

(a) Chardin, tome 2. p. 4.

SECTION XVIII.

Qu'il faut attribuer la différence qui eft entre l'air de différens pays, à la nature des émanations de la terre qui font différentes en diverfes régions. LES émanations de la terre font la feule cause apparente à laquelle on puiffe attribuer la différence fenfible entre les qualités de l'air, en diverfes régions également diftantes de la Ligne. Cette opinion s'accommode très-bien avec l'expérience. Les émanations, dont dépendent les qualités de l'air, dépendent elles-mêmes de la nature des corps dont elles s'échappent. Or, quand on vient à examiner quelle eft la compofition du globe terreftre dans deux pays dont l'air eft différent, on trouve cette compofition différente. Il y a plus d'eau, par exemple, en Hollande dans un quarré donné, qu'il n'y en a dans la Comté de Kent. Le fein de la terre ne renferme pas les mêmes corps en France qu'il renferme communément en Italie. Dans plufieurs endroits de l'Italie la terre eft pleine d'alun, de foufre, de bitume & d'autres minéraux. Ces corps dans les lieux de France où on

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Touve pretique arcute la France que le turet le marne u f'une abecs ie pierre grade, bian

atre & endre, ians laquelle il y a beaucon le fels ziaris. La fel icmize dans la terre ie la Pologne, & Zn en mouve des mines cures formes dans auteurs entroits de ce Royaume. Elles fuffient a la coronation du pays, & même à caile de plužeurs Provinces voisines. C'est à ce fel dominant dans la terre de Poicgne, que les Philciophes attribuent la fertilité prodigieure de la plupart de fes contrées, autfi bien que la groffeur extraordinaire des fruits; & s'il eft permis de s'expliquer ainfi, le grand volume du corps des hommes nés & nourris dans ce pays-là. En Angleterre, le tuf eit compofé principalement de plomb, d'étain, de charbon de mine, & d'autres minéraux qui végetent, & qui fe perfe&ionnent fans ceffe.

On peut même dire que la différence de ces émanations tombe en quelque maniere fous nos fens. La couleur du vague de l'air, celles des nuages qui donnent un horifon colorié au coucher comme au lever du foleil, dépendent de

la

la nature des exhalaifons qui rempliffent l'air, & qui fe mêlent avec les vapeurs dont ces nuages font formés. Or tout le monde peut obferver que le vague de l'air & les nuages qui brillent à l'horifon ne font pas de la même couleur dans tous les pays. En Italie, par exemple, le vague de l'air eft d'un bleu verdatre, & les nuages de l'horifon y font d'un jaune & d'un rouge très-foncés. Dans les Pays-Bas le vague de l'air eft d'un bleu pâle, & les nuages de l'horifon n'y font teints que de couleurs blanchâtres. On peut même remarquer cette différence dans les Ciels des tableaux du Titien & des tableaux de Rubens, ces deux Peintres ayant représenté la nature telle qu'elle fe voit en Italie & dans les Pays-Bas où ils la copioient. Je conclus de ce que j'ai expofé, qu'ainfi que les qualités de la terre décident de la faveur particuliere aux fruits dans plufieurs contrées, de même ces qualités de la terre décident de la nature de l'air de chaque pays. Les qualités & les propriétés de la terre font également la caufe de la différence qui eft entre l'air de deux contrées, ainfi qu'elle eft la caufe de la différente faveur des vins qui font crus dans deux contrées limitrophes.

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