페이지 이미지
PDF
ePub

ARAMINTE, veuve d'un financier.

CIDALISE,

ISMÈNE,

}

ses amies.

LUCILE, fille d'Araminte.

LISETTE, sa femme de chambre.
LISIDOR.

LE MARQUIS, jeune colonel.
LE BARON, ancien militaire.
DAMON, bel esprit.
UN MÉDECIN.

UN ABBÉ.

1

La scène est à Paris, dans la maison d'Araminte.

COMÉDIE ÉPISODIQUE.

Le théâtre représente un salon de compagnie, où se trouvent des siéges, un canapé, un métier de tapisserie, des tables de jeu, des livres de musique, une guitare, etc.

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

An! c'est vous, Monsieur? Quoique nous vous désirions sans cesse, nous ne vous attendions pas si tôt.

LISIDOR.

Mon empressement t'étonnera moins, quand le motif t'en sera connu. Je viens de recevoir quelques nouvelles qui m'affligent, et je voulois avoir, à l'issue de son dîner, une conversation avec l'aimable Lucile. (Il tire sa montre.) Le repas me paroît aujourd'hui plus long qu'à l'ordinaire.

LISETTE.

Ce n'est pas que madame Araminte s'amuse à

table; depuis que je la connois, j'ai toujours remarqué que ce n'est jamais où elle est qu'elle se désire: mais nous avons compagnie.

LISIDOR, tirant une bague de son doigt. En attendant que l'une ou l'autre de ces dames. soit visible... te pourrai-je consulter sur ce bijou? LISETTE, prenant la bague.

Comment! c'est la plus jolie bague.

LISIDOR.

C'est un léger cadeau que j'ai dessein de faire.

Il sera très-galant.

LISETTE.

LISIDOR.

Mais à une condition; c'est que la personne à qui je le destine ne m'en remerciera pas.

LISETTE.

Elle seroit bien ingrate.

LISIDOR, finement.

J'espère cependant que tu ne le seras point, Li

sette.

LISETTE.

Oh! pour le coup, Monsieur, vous étonnez jusqu'à ma reconnoissance, Que vous êtes charmant! vous joignez au mérite de donner, le mérite plus rare encore de savoir donner avec grâce. Aussi, qui ne s'intéresseroit à vous? Si Lucile pouvoit disposer d'elle-même, je vous suis caution que le marquis, malgré son élégance et ses talons rouges, ne remettroit jamais les pieds dans la maison.

LISIDOR.

Mais tu sais quels étoient avec moi les engage

mens de madame Araminte 2 Seroit-elle femme à les oublier? Dois-je le craindre? Toi qui la sers depuis long-temps, Lisette, instruis-moi plus à fond de son caractère; indique-moi, de grâce, quels seroient les moyens les plus assurés de lui plaire.

[ocr errors]

LISETTE.UL

Des deux choses que vous me demandez, je ferai facilement l'une, parce qu'elle vous intéresse et me contente: nous autres domestiques, dont le ridicule devoir est d'écouter sans cesse et de ne parler jamais, nous avons tant de pénétration à découvrir les défauts de nos maîtres, tant de plaisir à les divulguer! tenez, cela nous console, nous soulage, et il semble que cette petite médisance, qui, dans le fond, est bieu innocente, allège de temps en temps le poids de l'obéissance, et rapproche l'intervalle qui les sépare d'avec nous. Je vous dirai donc bien sincèrement ce que je pense d'Araminte; mais pour vous indiquer les moyens de lui plaire, dispensez-men, je vous en prie; elle In'y réussiroit pas celle-même, Sait-elle jamais ce qu'elle pense, ce qu'elle désiré, ce qu'elle veut? Veuve depuis deux ans d'un fort galant homme, mais que les occupations dans la haute finance empêchoient de veillér un peu soigneusement aux ridicules naissans de son épouse, elle a choisi dès lors pour son idole, cette liberté extrême, qui, dans l'esprit d'une jobe femme, finit toujours par rendre pénible l'exercice de la vertu. Tourà tour coquetteset sensible, incertaine et bizarre,

pe

toujours le cœur vide, l'esprit jamais oisif, nous avons successivement aimé la musique et les tits chiens, les magots et les mathématiques. Notre conduite est le résultat des sentimens de la société qui nous environne; et jeunes encore, aimables et riches, nous travaillons moins à jouir de la vie qu'à nous étourdir sur notre propre existence.

LISIDOR.

Tu ne prends pas garde, Lisette, que ce portrait est à peu près celui de toutes les femmes de son état : si demain la fortune t'en faisoit changer, il deviendroit le tien....

LISETTE.

Peut-être; mais il n'en seroit pas moins ridicule. Vraiment, le cœur me dit bien tout bas qu'il n'est pas trop dans les règles du respect de juger ainsi sa maîtresse; mais, ma foi, s'il y a du mal à le penser, il y a bien du plaisir à le dire, et l'un va pour l'autre.

LISIDOR.

Par ce que je viens d'apprendre d'Araminte,il ne m'est pas difficile de soupçonner quel peut être à ses yeux le mérite de mon nouveau rival.

LISETTE.

2

Votre rival? fi donc! il faudroit, pour qu'il le fût, qu'il eût au moins l'espoir de plaire; mais ne le craignez pas. Lucile, élevée en province sous les yeux d'une tante respectable, ne connoît que les douces impressions de la nature et de son cœur. Tout charmant, tout extraordinaire que le marquis

« 이전계속 »