POÉSIES FUGITIVES. ODE AU ROI, fur le voyage que Sa Majefte vient de faire à Cherbourg. L'EUROPE 'EUROPE a vu long-tems fes rois demi-barbares, De leur farouche afpe& fuperbement avares, Cachés dans leurs palais fans en franchir le feuil; Ecrafant leurs fujets du poids de leur orgueil. Mais, fiere déformas de fes droits qu'elle attefte, L'Antonin de Stockolm, te Céfar des Germains. Nous te devons bien plus, ô puiffante Sageffe ! Et dès le même inftant qu'il montă fur le trône, 1 apprit à compter les jours par des fuccès. Dès-lors nos pavillons, promenés fur les ondesví L'immenfe & fage république, Monument immortel de fes hautes vertus. Que vois-je ? tout-à coup il femble fair Verfailles. Mene-t-il au combat fes guerriers triomphans ? Comme un pere adoré visite ses enfans. Au devant du héros la douce bienfailance, Leur présente, en grondant, un abri mensonger! Mais Louis les protege & diffipe leur crainte. Bravent & leurs rivaux & les tyrans de l'air. Ah! fi l'un des Bourbons, au pied des Pyrénées, Renferme le dépôt des terreurs d'Albion. Quoi! ce roi, par les yeux, veut tout voir, teut conoître?/ Dans les jours du danger fais refpecter les loix! Mais que dis-je? écartons une trifte pensée. Et tandis qu'on le voit parcourir fon empire, L'enthoufiafme qu'il infpire Ranime en lui l'ardeur de faire des heureux. 1 Pour moi, fur l'Océan, au milieu des alarmes, Grand roi ! fouffre aujourd'hui que ma lyre enhardie Et le fauve avec lui du naufrage des tems. Par M. DE CASTERA T DIALOGUE FRANÇOIS, PENDANT LE VOYAGE Q DU ROI. 'ÉCRIT ON de Cherbourg? Que des rois bienfaifans, Que des rois bien-aimés Louis eft le modele, Que le bonheur le fuit. Parbleu! belle nouvelle ! - On fait cela depuis douze ans. Par M. le marquis DE FULVY Au fon de l'aigre fifre, au bruit fourd du tambour, Dans les murs de Paris, on promenoit un jour Un chameau du plus haut parage; Et mille curieux, en cercle ramaffés, (*) Cette-piece "fait partie du nouveau recueil de fas bles que M. Le Bailly va donner au public. 30716 Pour le voir de plus près, lui fermoient le paffage, Un riche, moins jaloux de compter des amis j མ་ཏི Un magiftrat aimoit fon maintien grave1;! ic Ne cefloit d'applaudir à fa fobriétéjol or avon Eh! Meffieurs, pourquoi ces propos ? » Vous ne prenez point garde a fon plus grand mérite, "Voyez s'élever fur fon dos Ceste gracieufe éminence: Qu'il paroît léger fous ce poids! Et combien fa figure en reçoit à la fois. » Et de nobleffe & d'elégance! „ En riant du bolu, nous faïfons comme lui. Par M LE BAILLY. j'ai vu la ville immenfe 21. Où les provinciaux Vont chercher le bonheur Le monde est un grand corps dont Paris eft le cœur.. J'ai vu ces tours où l'art infulte à la nature ; Temples, faints que l'orgueil bâtir. g J'ai vu ces longs bofquets, coloffes de verdure, Dans des chars tranfparens où le luxe fe joue, J'ai mieux fait que les voir; ils m'ont couvert de boue, J'ai vu multiplier les muses & les graces i J'ai vu fur cinq ou fix parnaffes Le chafte Chérubin & le décent Janot, Les prifons de Sédainé & les cercueils-d'Arnaud, Dans un temple de la magie, Où les arts alliés joignent leur énergie J'ai vu des nymphes furannées Bnfcrire fur leur front le chiffre de vingt ans ; J'ai vu des fleurs d'hiver o J'ai vu plus d'une avantoriere Afficher le plaifir, le chagrin dans le cœur ; Enfin dans ce Paris chacun veut aller vivre, C'eft le rendez-vous des fouhaits ; Cependant je n'y vis jamais Un feul homme content, à moius qu'il ne fût ivre...... |