A Madame ***. à la Martinique.
UTREFOIS fur l'autel érigé dans Cythere, Tous les cœurs pénétrés d'un vif délir de plaire, A la belle Vénus offroient un pur encens : On entendoit au loin les accords raviffans Des harpes, de la voix, de l'amoureuse lyre, Réunis en concert pour célébrer l'empire. Les charmes inouïs de la mere d'Amour. Les peuples fortunés de ce riant féjour N'imploroient pas envain la puiffante déeffe: Au gré de leurs défirs, au gré de leur tendreffe, Ils obtenoient le don d'enflammer la beauté : Leurs jours couloient au sein de la félicité., Hélas! ils ne font plus ces brillans jours de fête ! Les fureurs du dieu Mars, l'affreux droit de conquête, Ont détruit, ont brifé ces temples, ces autels, Où les dieux accueilloient l'hommage des mortels. Mais l'Amour vit encore: fans ceffe il nous inspire : Son temple eft dans nos cœurs... vous avez fon empire. Puifque de la beauté vous remportez le prix, Agréez les honneurs qu'on rendoit à Cypris:
Vous avez fes attraits : Vénus fait fur vos traces Eclore les plaifirs, les ris, les jeux, les graces : Comme elle vous verfez le trouble dans les fens Comme elle recevez nos dons & notre encens. L'amour dicte nos vœux : ils tendent à vous plaire : Ah! s'ils font écoutés; regrettant peu Cythere, Nous dirons de concert que ce n'est qu'en ces lieux Qu'on fait, en vous aimant, trouver l'art d'être heureux, Par M. Mus, à la Martinique,
ADRESSER de Saint Malo, MM. C. &.
PRES un an de léthargie,
Enfin le dieu de la fanté
Rend à mon efprit fa gaité, A mon ame fon énergie.
Déja, plus vermeil & plus pur,
Vainqueur d'une fievre brûlante,
Mon fang d'une courfe plus lente; *9*) Parcourt fes longs canaux d'azur.^'
Grace au ciel! mon régime ceffe.
Dégagé d'un fi lourd fardeau
Dans mon vin je ne veux plus d'eau, Si ce n'eft de l'eau du Permeffe.)
Grand' faim, grand', foif, tout n'eft permis: Ma joie en va jufqu'à l'ivresse ;) Et j'en aime mieux, ma maîtresse, Mon roi, l'état, & mes amis.
Réduit encore à vous écrire
Tout ce que mon cœur fent pour vous, amis, mon fort plus doux
Me permettra de vous le dire. Bientôt plus vite que les vents, Je quitte les bords de la Rance, Qu'habitent de fore bonnes gens, Les plus ennuyeufes de France, Qui changeront avec le tems.. Bientôt, à la façon d'Horace, Le front, de myrthe couronné,
Je vous furprends, je vous embraffe arviot at akk
Chez vous, à l'heure du diné. Songez, en me faifant la chere Que vous devez aux arrivans, Que, comme lui, je n'aime guere Tous ces vains apprêts des Perfans. Toi, C, plein de ta folie, Auff gourmand qu'audacieux, & Ne vas pas manquer, je t'en prie, De nous répéter que tu yeux on De Equiper ta gondole impia
Pour vérifier chez les dieux et Ce qu'au jufte et leur ambroisie. Toi, plus fenfé, mon cher F** En le détrompant de la gloire 17 D'entrer comme un fou dans l'histoire Des héros du peuple Nantais;reltulisa Profitant, en auteur habile,
Des droits de la tranfition, to Tu pourras metire eny queftion Si Namnès fur de votre ville Les plussa éien légiflateur, Et fi de Noé, fon grand-pere, Imitant l'exemple profpere,
11 fut fon premier armateur
Non le féjour de tant de belles, De Guftine l'heureux Téjour,
Pour légiflateur eut l'Amour, 50m 2 Avant que l'Amour éût des ailes.
RAME nouveau: la terreur y domine, Acte premier, la guerre & fes fureurs ; A&te fecond, la pefte & fes horreurs. *** Dans le fuivan j'ai placé la faminedɔuĮui.
Le quatrieme eft d'un effet très beau : Au bruit affreux du tonnerre qui gronde
Le genre humain defcend dans le tombeau. 291 Mon dénouement... fera la fin du mondeck ¿5 Par M. PONS, de Verdun, PONS,
C'EST UN RIEN.
A bien! ta piece a-t-elle du fuccès ?
Couffi, couffi Ma foi
On eft févere au théatre françois.
-Oh! diablement : car au fond elle eft bonne.
- Peux-tu du moins?... — Oui, je puis la changer; Et puifqu'on veut fa marche plus exacte,
Pour opérer ce changement léger,
De mon premier je fais mon dernier acte.
ODE à mon Harmoniga (*); pană M. lexcamis FRANÇOIS D'HARTIG, en juin 1786.
IVINE harmonica! quels fons viens je d'entendre? Quoi! fous mes doigts brûlans ils marquent tour-a-four',
(*) » Inftrument compofé de globes de verre, percés » au fond, par où ils font ennés dans une verge en » cylindre de fer, autour de laquelle ils tournent com» me fur leur axe au moyen d'une pedale; on touche » délicatement les verres avec les doigts mouillés dans "de l'eau fraiche. Cet inftrument, d'une invention mo»derne & encore peu connu, eft le plus mélodieux » qui exifte. On en tire des fons enchanteurs. Chaque » verre a lon ton, & le fon qui lui eft propre; & » veut être proffé des doigts d'une façon différente, q
Les défirs, les regrets, les plaintes d'un cœur tendre, Les cris de l'amitié, les soupirs de l'amour !? - Si tes tons languiffans refpirent la tristesse ;
La douleur en est douce; & j'aime à m'y livrer; Tes fenfibles accens expriment la tendresse; Je plains le froid mortel qui ne fait point pleurer.
Quand, dans les régions de la céleste sphere, Des êtres plus parfaits que le foible mortel, Dégagés des liens, qui pesent fur la terre, En cantiques touchans célebrent l'éternel; Les chants mélodieux, les raviffans mêlanges De douceur, de tendreffe, & d'immortels tranfports De ces chantres heureux, que nous nommons les anges, De mon harmonica faififfent les accords.
Oui, lorsqu'Orphée, en proie à sa douleur profonde, De fa chere Euridice efa rompre les fers; Quand, perçant à travers de l'abîme du monde, : Son amoureufe voix attendrit les enfers;
Sous fes doigts enchanteurs ce n'étoit point la lyre; Qui des fombres tyrans put arracher les dons ; Pour amollir les cœurs au fond du noir empire, L'harmonica fans doute a modulé fes fons.
Ah! fi la froide main de la Parque ennemie Se lafoit de filer ces jours de mon bonheur ; De mes bras défaillans fi Lore étoit ravie ! L'enfer rétentiroit des cris de ma douleur; Et mon harmonica, montée en tons funebres, Rendant de més regrets les déplorables fons,
Dans les coeurs endurcis, des monftres des tenebres, De Lore & de l'Amour graveroit les doux noms.
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