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parce qu'au théatre les traits de chaque phyfionomie doivent être plus fortement prononcés que dans un poëme épique, & dans l'hiftoire. Ainfi quoique Valérius Potitus eût ef fectivement l'ame douce & populaire, il falloit lui donner l'énergie propre à réveiller un fé mat endormi, il falloit le rendre plus agif. fant ainsi, à côté de l'hypocrifie, qui fert de mafque à l'infame Appius, il falloit placer une paffion emportée, dévorante, capable de le conduire plutôt au bouleversement de la république, que de s'amortir ou de s'éteindre ; il falloit que Virginie. fût plus Romaine; enfin, pour préparer le fpectateur au coup af freux qui forme la catastrophe, il falloit pein dre Virginius avec les traits de la plus auftere févérité, de toute, la férocité républicaine, & faire ainfi preffentir qu'il n'étoit rien dont il ne fût capable, pour fauver fa fille de l'in famie.

Les trois premiers actes ont fait un plaifir univerfel le quatrieme eft lent & fans action; le cinquieme a du mouvement; le dénouement eft d'un effet terrible, la fituation du malheureux Virginius eft déchirante, elle imprime la terreur & la pitié, les deux premiers mobiles du genre tragique. On a été choqué de voir Appius fe poignarder; on auroit défiré que défarmé par les lieurs, il eût été chargé de fers, & traîné dans la demeure des crimi nels. Au théatre, où tour eft illusion, on aime à fe flatter qu'un fcélérat peut périr du fupplice réfervé à fes femblables.

Il est bien tems, fans doute, d'arrêter les obfervations critiques, & de donner à l'auteur les juftes éloges qu'on lui doit. Sa fable eft grandement conçue, son expofition eft claire & bien motivée; l'incident qui forme le nœud, eft d'une intention fiere, noble attachante, & faite pour intéreffer la curiofité : la fcene entre Appius & Icilius, qui amene la détention de celui-ci, eft digne d'un maître; le caractère d'Icilius a toute la fermeté d'un citoyen Romain, & toute l'audace d'un jeune homme. Le ftyle, où l'on trouve un peu de déclamation & quelques négligences, eft en général.ferme, bon, & tragique; il annonce une plume dėja exercée, & nourrie des grands modeles. Par< mi les vers faillans, & quelques pensées brillantes que l'on y rencontre, on ne trouve jamais de mauvais goût; observation qui n'a point échappé aux perfonnes inftruites, & qui a fait faire, fur le nom de l'auteur, des fuppofitions peut-être fauffes, mais vraisemblables.

Les rôles de Virginie & de Plautie ont fait honneur à Mile. Vanhove & à Mlle. Raucourt; M. Saint-Phal a rendu avec beaucoup de chaleur & de nobleffe le rôle d'Icilius. Au total, la piece eft jouée avec foin.

Nous obferverons, en finiffant, que le public a vu avec surprise, la Colonne Trajane & la Colonne Antonine faire partie de la décoration d'une fcene qui fe paffe au commencement du 4e. fiecle de la fondation de Rome.

(Mercure de France; Journal polytyp des fciences & des arts.)

HISTOIRE-NATURELLE.

PHYSIQUE.

CHYMIE. BOTANIQUE.

I.

LETTRE de M. BERTHOUT VAN BERCHIN, fecrétaire-adjoint de la fociété des fciences phyfi ques de Laufanne; à M. DE LA METHERIE, contenant des obfervations fur le bouquetin.

P

MONSIEUR,

ERMETTEZ que je vous adreffe quelques remarques au fujet des obfervations fur le bouque-. tin, qui ont paru dans votre journal de phyfique (*). Le bouquetin a été pendant quelque tems l'objet de mes recherches, & j'ai remis le 28 octobre 1785 à la fociété des sciences phyfiques de Laufanne, une hiftoire-naturelle de cet animal. Je l'ai vu plufieurs fois vivant, & j'ai pris des

(*) Esprit des Journaux, Juin 1786, pag. 321,

informations fur fes mœurs dans le lieu même où l'on trouve les plus habiles chaffeurs. Comme plufieurs des affertions de l'auteur font con éraires à mes propres observations & à des faits connus de tous les zoologues, je ne crois pas inutile de faire voir en quoi je penfe qu'il s'ek trompé, & j'ofe me flatter qu'il fera perfuadé que je n'ai d'autre but que le progrès & l'avancement de la fcience.

1o. M. Girtaner avance à tort, ce me femble, qu'il eft le premier qui diftingue l'efpece du bouquetin, & lui donne fes caracteres fpé cifiques; M. Daubenton a décrit les parties extérieures & donné l'anatomie d'un jeune bou. quetin (1). M. Pallas a auffi donné une fort bonne description de cet animal dans les Spicilegia zoologica (2). Il est vrai que fes mœurs font, jufqu'à préfent, peu connues, mais nous efpérons que le mémoire que nous annonçons, & qui paroîtra dans le fecond volume de ceux de la fociété de Laufanne, les fera mieux con.. noître.

2o. L'auteur dit que le bouquetin des Alpes differe effentiellement des chevres fauvages qu'on trouve fur les Pyrénées, les montagnes de la Grece & les ifles de l'Archipel, avec lefquelles on l'a confondu. Nous remarquerons que l'on trouve dans ces deux derniers endroits & dans l'ile de Chypre, le mouflon (3), qui eft la

(1) Buffon, Hift. Nat. &c. tom. XII, page 166.

(2) Falc. XII, page 52

(3) Buffon, tom. XI, Hift. du moulon.

race fauvage des brebis, & que perfonne ne confond avec le bouquetin: que M. Pallas y foupçonne auffi l'exiftence de l'ogagre (1), qu'il regarde comme l'origine des chevres; mais ce foupçon, fondé, en partie, fur ce que Bellon dit que l'on trouve dans l'ifle de Crete deux efpeces de bouquetin, prouve précisément qu'on a diftingué cet animal; d'ailleurs, l'ogagre n'eft probablement qu'une race dans cette efpece. Le chamois, qui fe trouve dans les Pyrénées, eft auffi diftingué du bouquetin par les naturaliftes. Il ne refte donc plus, en fait de chevres fauvages dans les montagnes défignées ci-deffus, que le bouquetin lui-même, celui dont il ek question dans ces obfervations & qui habite nos Alpes; non-feulement c'est l'opinion de M. de Buffon & de M. Pallas, qui dit (2): Ibices ita que pariter atque mufimon per omnes tra&tus altif fimorum montium temperatiorem Europam & Afiam univerfam pervagantes (de Africa enim nondum. conftar ) Speciem propagarunt. Notiffimum eft in. Pyreneis Helveticifque Alpibus & in Carpathi jugis fuperefe; mais encore il fuffit de voir ce qu'en dit Bellon (3), & de comparer la figure qu'il. en donne (route mauvaise qu'elle eft) avec celles que nous avons du bouquetin, pour fe convaincre que fon bouquetin de Crete & de

(1) Spic. Zool. fasc. XII, pag. 47 & 48. (2) Spic Zool, fafc, XII, pag. 23.

(3) Obferv. de Bellon, feuillet 14 redo fig. feuillet 14 verfo.

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