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épais de la forêt, lui dictoit les confeils dont Numa avoit besoin.

Toutes les reconnoiffances fe font. Zoroaftre donne fa fille à Numa; mais il veut que le peuple Romain ne connoiffe jamais les noeuds qu'ils vont former. Jamais Anaïs, dit ce pere, n'entrera dans Rome; chaque jour, fous prétexte de venir confulter ta nymphe, tu viendras voir ton épouse..... Ainfi ma fille demeurera fidelle à fa religion, & le mystere ajoutera de nouveaux charmes à la félicité de Numa, Ce roi, pour toute réponse, tombe à ses pieds qu'il embraffe : Anaïs fourit en baiffant les yeux; Camille & Léo applaudiffent.

Numa, toujours brûlant pour Anaïs, toujours adoré de fon épouse, régna 45 ans. Pendant ce long espace de tems, jamais ennemi ne parut fur le territoire de Rome, jamais le temple de Janus ne fe rouvrit, &, dans les états de Numa il n'y eut pas un feul homme malheureux par l'oppreffion ou par de mauvai fes loix.

C'est ainsi que fe termine cet ouvrage vraiment eftimable, & plein de beautés de divers genres. On y trouvera, comme nous l'avons déja remarqué, quelques invraisemblances, & du romanefque dans la derniere partie des aventures. On obfervera peut-être auffi que le pere de Camille ne doit point adopter pour fon fils Léo qu'il n'a jamais vu; qu'il n'eft pas vraifemblable que Zoroaftre fe trouve dans l'Apennin & qu'il y rencontre fon fils; que ce n'eft pas un grand moyen de faire jouer à Anaïs

le rôle d'Egérie, & de rendre invifible toute fa vie la femme de Numa, la reine des Romains. Au milieu de ces caracteres bien deffinės, on obfervera, peut-être, que le perfonnage brillant de Léo efface celui de Numa, que la férocité d'Herfilie n'a pas été annoncée d'affez bonne heure, que Camille eft un peu romanefque, Tatia trop inutile & Anaïs trop fa vante & trop grave. Mais, ceux des lecteurs qui poufferont la févérité jusques-là, apprécie. ront auffi mieux que les autres la touche fpirituelle, la fenfibilité, la grace du ftyle de M. de Florian; cette pureté de langage qui fait la critique du néologifme que l'on femble avoir confpiré d'introduire dans une langue dont la clarté fait le premier mérite; & enfin ce but moral que M. de Florian n'a jamais perdu de vue, & qui nous porte à regarder un roi pa cificique comme le plus fage & par conséquent le plus grand des rois.

La premiere édition de cet ouvrage ayant été épuisée d'abord, l'auteur vient d'en donner une feconde en 2 volumes in 18, ornés de treize estampes, gravées avec le plus grand foin, prix 8 liv. broché & 12 liv. en papier vélin. On peut fe la procurer aux mêmes adreffes indiquées au commencement de notre extrait.

(Journal encyclopédique; Journal polytype des fciences & des arts; Journal de Paris; Journal général de France.)

Traité

TRAITÉ des fucceffions légitimes; par M. Du VERGIER, avocat au parlement. Premiere partie. A Paris, chez Froullé, libraire, quai des Auguftins. Avec approbation & privilege du roi. Un volume in 12. de près de 400 pages.

CET important ouvrage eft dédié à Mgr. le

garde-des-fceaux, & après l'épître dédicatoire on trouve un court avertiffement que nous croyons effentiel de tranfcrire ici pour l'avantage de nos lecteurs. » Le droit des fucceffions » légitimes forme une des matieres les plus » vaftes de notre jurifprudence; ce volume » n'en contient que les principes généraux;

ce qui concerne les propres, la légitime, les » inftitutions contractuelles, peut indifférem»ment être compris fous la dénomination gé» nérale d'un traité des fucceffions, ou être » l'objet des traités féparés. On fe propose de » les donner fucceffivement de maniere qu'ils forment enfemble un traité complet des fuc» ceffions, & que néanmoins chaque volume foit complet dans la partie qu'il traitera, & puiffe être acquis féparément. «

Il faut convenir que les livres excellens fur la jurifprudence font prefque auffi rares que les compilateurs font communs; le nouveau traité que nous annonçons nous ayant paru réunir la netteté du ftyle à la folidité du raie Tome IX. C

fonnement, c'eft avec une vraie fatisfaction que nous allons tâcher d'en donner à nos lecteurs une idée la plus nette qu'il nous fera poffible.

L'auteur, après l'épître dédicatoire & l'avertiffement qu'on vient de lire, a mis à la tête de fon ouvrage un difcours préliminaire qui a pour titre De l'influence des écrits des grands jurifconfultes fur le progrès de la législation. Il fait voir que dans tous pays ce font les grands jurifconfultes qui ont préparé les voies aux législateurs; il le prouve fur-tout par l'exemple du droit romain dont la plus grande & la meilleure partie eft compofée des extraits des livres des jurifconfultes; il fait un magnifique éloge des loix romaines; c'eft en vain que les détracteurs de ces loix parlent, de l'adminiftration qu'elles ont infpirée à tant d'hommes illuftres, comme d'une vieille erreur dont, fe. lon eux, on doit être déformais désabusé. Voilà de nos jours un jurifconfulte favant qui en parle comme les Cujas, les Gravena & les d'Agueffeau; il défire à la vérité que nos jurif confultes prennent un effort affez élevé pour former dans notre langue une raison écrite qui puiffe nous difpenfer d'avoir recours au droit romain; mais la poftérité devra toujours fes premiers hommages à ceux qui ont ouvert la carriere, & dont les écrits ont inftruit l'Eu des rope, en proie à des coutumes barbares, véritables principes de la diftribution de la juf tice. L'union & le rapport des différentes parties de ce discours ne nous permettent pas d'en

'donner ici l'extrait, ce feroit le morceler, & nous croyons qu'il mérite d'être lu & médité en fon entier par les hommes d'état & les vrais philofophes, auffi bien que par les jurifconfultes.

La premiere partie du traité des fucceffions légitimes renferme les principes généraux fur les fucceffions des defcendans, des afcendans, des collatéraux, du mari & de la femme; l'auteur développe auffi les principes des fucceffions & les caufes qui rendent les héritiers indignes de les recueillir.

Il remonte toujours à la fource des principes: L'ordre des fucceffions a fes premiers fondemens dans la nature; l'efpérance de tranfmettre fes biens à fes defcendans eft le plus puiffant aiguillon de l'induftrie, elle feule peut engager les hommes à fe livrer aux travaux néceffaires pour élever les monumens des arts, pour fé conder la terre & pour l'embellir. Comme rien n'eft plus conforme à la nature & à la raison que de faire fuccéder le fils à fon pere, il femble que rien n'y eft plus conforme auffi que de faire fuccéder également tous les enfans; cependant telle eft la différence des vues & des inftitutions humaines, & quelquefois leurs bizarreries, que beaucoup de législateurs ont établi des principes entiérement oppofés à cette égalité; cependant les loix qui, dans de certains cas, mettent de l'inégalité dans les partages entre les enfans, ont quelquefois un jufte fondement. Lorsqu'il y a dans une fucceffion des droits d'une nature indivifible la qualité d'aîné

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