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DE L'ÉDITEUR.

IL parut, il y a près de soixante-dix ans,

un livre où le sujet le plus sublime étoit traité avec tant de graces et une clarté si élégante, que les savans et les ignorans en furent également charmés. (La Pluralité des Mondes.) Cet ouvrage ci du même auteur, mais d'un ton plus sérieux, donne bien long-temps après une démonstration à quelques égards, de ce qu'il n'avoit fait que supposer dans le premier. C'est le fruit d'une profonde méditation et d'une sagacité merveilleuse, qui se font par-tout sentir, sans préjudice de cette aménité naturelle, qui règne dans tout ce que l'auteur écrit, et que l'âge n'a jamais pu altérer. S'il a négligé de produire cet ouvrage, sa réputation, parvenue depuis long-temps au

plus haut point, n'en avoit pas besoin pour

recevoir aucun accroissement : mais ceux au pouvoir de qui il est venu, l'ont jugé trop utile au bien de la saine physique, pour le dérober plus long-temps au public, et ont cru ne pouvoir donner de meilleur préservatif contre la séduction de ce qu'on appelle aujourd'hui Newtonianisme. Les partisans les plus habiles de ce systême n'ont pu s'empêcher, malgré leurs préjugés, de rendre justice à cet ouvrage, dont le manuscrit leur avoit été communiqué. L'un d'eux, le plus impartial, avoue qu'il renferme quantité d'idées neuves, disposées avec un art infini pour les faire entendre et les faire goûter; et tous en reconnoissent unanimement la netteté, la précision et la force. Les objections qu'on leur demandoit bien plutôt que des éloges, si l'on en excepte la principale qui regarde les comètes, dont il sera parlé ici sur la

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fin, sont presque toutes tirées d'abstrac

tions méthaphysiques, comme l'équilibre absolu et la parfaite immiscibilité, qu'ils

exigent dans la théorie des tourbillons.

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Sans entrer dans aucun détail, on se contentera de dire, en général, que de pareilles objections n'ont de force que dans les idées de choses qui n'ont aucune existence physique. Il n'y a réellement dans la nature, ni d'équilibre absolu (ou pour mieux dire actuel), ni de parfaite immiscibilité; il suffit que l'un et l'autre se trouvent à-peu-près entre les couches du tourbillon, seulement au point nécessaire pour la perpétuité de sa conservation.

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Le fluide de toutes les couches du tour.billon, sans cesser de suivre un cours réglé, est toujours dans une espèce d'ondulation les planètes aussi en ont une particulière. Nous concevons que, par une oscillation continuelle, elles doivent se trouver alternativement dans ce qu'on appelle leur aphélie et leur périhélie propres,

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sans sortir pourtant de certaines limites de leurs orbes. Quoique ce balancement se dérobe dans les planètes les plus éloignées, on est bien fondé à l'y présumer', tel que celui qui se manifeste dans la lune. Le voisinage de cet astre rend visibles aux observateurs ses inégalités, qui dépendent 'd'une pareille cause dans son mouvement : c'est ce qui l'a fait appeller par Képler, Sidus contumax.

Il y a, pour ainsi dire, deux mondes bien différens, l'un mathématique et l'autre physique. Le mathématique, qu'on peut appeller aussi métaphysique, n'existe que dans les idées du géomètre il suppose des infiniment petits, le point sans dimension, la ligne sans largeur, la surface sans profondeur, le cercle et toutes les figures polygones d'une perfection seulement imaginée; ajoutons le repos absolu, des corps d'une dureté invincible, &c. L'équilibre parfait est dans cette même classe, aussi

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