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fournie des fibres moëlleufes de ce nerf, à un fentiment plus vif. C'est pourquoi on remarquera que des rayons de lumière qui se réfléchissent des objets, il · n'y a que ceux qui font voifins de l'axe optique, & qui frapent le centre de la rétine ou les parties les plus prochaines, qui faffent voir distinctement la partie de l'objet d'où ils partent, tous les autres rayons qui se peignent fur la rétine ne font voir que confufément les autres parties de l'objet. Ainfi lorfque je lis dans ce livre, quoique je découvre d'une même fituation d'œil, une ou deux pages & même les objets voisins; cependant je ne vois diftinctement que les lettres qui fe rencontrent dans l'axe visuel, ou celles qui en aprochent; & pour peu qu'un mot foit long, je ne le puis lire fans changer fucceffivement la fituation de mon ail depuis la premiére lettre jufques à la derniére. ·

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De tout ce que je viens de dire, il paroît que la rétine eft l'organe de la vue; puifque c'est elle à qui toutes les autres parties de l'œil fe raportent, & que elle feule qui reçoit les impreffions des rayons de lumiére, qui tracent fur elle les images des objets d'où ils réfléchiffent, & dont le caractere ou l'impreffion eft portée au cerveau par le moyen des efprits contenus dans les fibres du nerf optique qui la compofent, & cela à la maniére des autres fens: ce qui fait que l'ame aperçoit les objets.

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Sçavoir file Cristallin eft abfolument nécessaire pour voir..

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CHAPITRE XXI I.

'Aurois pû, en suivant mes expériences, en raporter quantité d'autres affez curieufes, & expliquer par mes principes plufieurs autres queftions d'optique, fi j'avois eu deffein d'en faire un traité complet: mais ayant seulement réfolu de faire connoître dequelle maniére les rayons de lumiére fe portent fur la rétine pour y exciter le sentiment de la vie, en expliquant à ce fujet l'usage des parties principales de l'œil, afin de faire mieux comprendre dans la fuite quelques-unes de leurs affections. Je crois m'étre fuffifamment acquité de mon entreprise, & je finirois même en cet endroit cette defcription, fi je ne me trouvois obligé de prévenir la furprise que pourroient avoir quelques-uns de ceux qui liront la fuite de ce traité, lorfqu'ils y verront que la cataracte eft une altération entiére du cristallin: c'est pourquoi je vais montrer en peu de mots que le cristallin n'eft pas abfolument néceffaire pour voir.

La première expérience que j'ay raportée en commançant à expliquer la vue, peut feule faire connoître la verité que j'avance; puifque par cette expérience on voit manifeftement que les faifceaux de rayons qui paffent par le trou du carton, étant reçeus fur un papier ou fur un linge blanc, y expriment la figure & la couleur des objets de dehors, quoique ces rayons ne fouffrent aucune réfraction. Il est vrai que cette fi

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fe gure trouve grande & confufe, & que fi cela se faifoit ainfi dans un œil dont le criftallin feroit détourné on ne verroit que bien confufément les objets. Mais on remarquera que l'éminence de la cornée tranfparente tenant lieu du verre convéxe qu'on met en dehors audevant de ce trou; il arriveroit que les rayons qui y pafferoient & par l'humeur aqueufe fe briferoient comme ils fe brifent effectivement, en s'aprochant de la perpendiculaire: ainfi la figure des objets qui se traceroit fur la rétine feroit moins confufe, comme on le voit dans l'expérience susdite.

Dailleurs le cristallin ne peut être détourné, qu'en même tems le corps vitré n'occupe fa place, comme je le prouveray ci-apres, & ne forme une boffe ronde qui imite en quelque façon la fuperficie antérieure du criftallin, par laquelle ces rayons continuant leur chemin, apres s'être croifez en paffant par la pupille, peuvent fe briser une feconde fois en s'aprochant encore de la perpendiculaire, & venans en cette difpofition fe terminer fur la rétine, ils doivent tracer une figure encore moins confuse.

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Mais comme ces rayons ne fouffrent que deux réfractions, & que même la feconde est moins parfaite, parce que le corps vitré, quoi qu'alors éminent en fa partie antérieure, n'a pas la dureté du cristallin; ce qui fait que les réfractions qui fe font chez lui aprochent de celles qui fe font dans l'humeur aqueuse; il s'enfuit que tous ceux qui partent d'un même point d'un objet, ne peuvent pas affez fe rompre pour se reünir en un feul point fur la rétine: ainsi agissans en mê

me tems fur differentes parties de la rétine, ils ne peuvent faire voir l'objet d'où ils réfléchiffent qu'avec quelque confusion. C'est auffi ce qui arrive à ceux aufquels on a détourné le cristallin, comme je le diray ci-apres en parlant de la cataracte. Il est donc constant criftallin n'est pas absolument nécessaire pour voir, mais feulement pour mieux voir.

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Je ne fuis pas le premier qui ay été de cette opinion; Plempius celebre Medecin d'Amsterdam s'en est expliqué avant moi au chapitre 14. du 3. livre de fon ophthalmographie ou, réfutant l'opinion de ceux qui croient que la vie fe fait dans le criftallin, il dit. Dicamne verò etiam omnibus inopinatum quidpiam ? aio enim verò cristallinum non nobiliori in oculo fungi officio, quàm aqueum. Et exempto cristallino, oppletoque loco ab humore vitreo vifionem nihilominus celebratum iri: verum non tam diftinctè, quam nunc confufa enim eßet in retiformi picturâ, nifi alio fitu, quam quem nunc obtinet, retiformis locaretur. Ce fçavant homme n'avoit cependant point d'expérience que le cristallin fe pût détourner; puifqu'en parlant de la cataracte il a fuivi l'opinion ancienne : il n'y à donc eu qu'une profonde meditation fur les expériences d'optique qui lui ait pû faire embraffer cette opinion.

Conclufion de la defcription de l'Oeil.

C'est un jeu pour un Anatomiste lorsqu'il travaille à examiner des os, à féparer des muscles, à conduire des nerfs, des arteres & des veines, ou à rechercher la Atructure de quelque partie fenfible: mais lorsqu'il s'a

tache à quelque petit organe, & qu'il en veut découvrir parfaitement la nature, c'eft un veritable travail; puifque fouvent il ne rencontre que des parricules dont la delicateffé eft fi grande quelles fuyent ses sens, bien loin de les pouvoir féparer avec son scalpel. Et il a besoin dans cette rencontre d'une grande patience pour furmonter les difficultées qui fe prefentent à tout moment & d'une industrie fingulière à imaginer des moyens pour parvenir à fon dessein.

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Je me fuis vu dans cet embaras apres avoir commencé la defcription de l'œil, je m'étois dabord fi guré la chofe ailée, parce que je me perfuadois connoître affez bien la ftructure de cet organe. Mais lorfque je me fuis arrêté à chercher exactement toutes les parties qui font renfermées dans fon globe, que j'ay examiné avec foin toutes les particules qui en compofent d'autres un peu plus fenfibles, & que j'ay fait réfléxion fur les fentimens differens des Anatomistes touchant leur nature & leur ufage; j'avoue que le scalpel m'eft prefque tombé des mains & que je me ferois défifté dés lors de ma poursuite, fi je n'avois confideré que l'explication que j'avois entrepris de faire des maladies de l'œil, auroit été defectueufe, fi je ne l'avois apuyée de faits Anatomiques.

J'ay donc continué mon travail, & comme je fuis dans cette opinion qu'un Anatomifte qui veut mettre au jour quelque ouvrage, ne doit écrire que ce qu'il voit, ou au moins ce qu'il conjecture fi clairement qu'on ne lui puiffe raisonnablement difputer : j'ay examiné en général toutes les parties qui entrent en la

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