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Else en parlant des cataractes dit, que fi la cataracte branle & se remüe ça & la, à peine y peut-t'on jamais remédier par chirurgie: mais il ne nous à point dit la nature de cette cataracte, & pourquoi elle étoit incurable: aparemment qu'il ne la connoiffoit pas, puifqu'il n'auroit pas dit, à peine y peutt'on remedier par chirurgie, laiffant ainfi la chose douteuse; mais auroit dit abfolument, on n'y peut jamais remedier par chirurgie.

Cette maladie eft auffi une altération toute particuliére du cristallin, qui fuit ordinairement la fonte ou la corruption du corps vitré, par laquelle il fe diminüe. s'endurcit, blanchit ou jaûnit & perd fa tranfparence, en confervant fa fituation, & demeurant fufpendu, & flotant dans les eauës.

Quoiqu'il femble que cette altération du cristallin, ait beaucoup de raport au glaucoma, l'altération du criftallin dans ces deux maladies fe trouvant prefque égale je n'ay point crû devoir en traiter en parlant du glaucoma, parceque fa caufe en est entiérement differente, & que de tous les Auteurs qui en ont par- . lé, & qui ont fuivi Celfe, aucun ne l'a pris pour un glaucoma, mais veritablement pour une cataracte, selon leur manière de parler.

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En exposant la caufe de cette maladie, je me vois engagé de parler De la fonte corruption du corps vitré,. quoique je n'euffe refolu d'en traiter que lorsque j'expliquerois les maladies de cette partie : mais cette maladie du cristallin me force d'en parler ici. Ce fera donc une chose faite, & on aura recours en ce lieur quand je parleray des autres maladies du corps vitré.

Entre les maladies du corps vitré, Sa fonte ou corrup tion, comme on voudra l'apeller, eft la plus confiderable. Elle a deux caufes. La première vient d'un prompt dépoft d'humeurs fur cette partie, qui lui diminüent d'abord fa transparence; enfuite ces humeurs s'aigriffants, les détruifent les membranes & fibres delicates de cette partie, & enfin la fondent ou corrompent entiérement.

Que ce dépoft foit prompt, tous les malades affligez de cette maladie que j'ay interrogez, m'ont dit qu'ils s'étoient aperçeus tout à coup de la diminution, & enfuite de la perte de leur vue. Que ces humeurs s'aigriffent, l'expérience nous fait affez connoître les que humeurs amaffées en une partie, s'y fermentent & aigriffent, & confomment enfin les parties dans lesquelles elles font épanchées.

La feconde caufe de la fonte ou corruption du corps vitré, vient d'un pus qui s'amaffe au dedans de l'œil, foit enfuite de quelque abcez qui fe forme dans le criftallin,, ou entre ce corps & fa membrane, comme je le diray dans le chapitre fuivant: foit enfuite d'autres abcez qui arrivent ou à la membrane uvée, ou en la fuperficie intérieure de la cornée: foit enfin par un pus

qui fe forme d'un fang extravafé au dedans de l'œil enfuite de quelque coup, & qui n'a pû se résoudre pour fa trop grande quantité. De telle maniére donc que ce pus foit épanché, par fon acrimonie ou fon acidité, il altere, corrode, détruit & fond le corps vitré.

Ce corps étant fondu & refoût en une eau claire & jaunâtre, quand cette fonte vient par un dépoft d'humeurs, ou en une eau blanche & trouble; quand elle vient d'un amas de pus, cette eau fe mefle avec l'humeur aqueuse & en détruit en même tems sa vifcofité, elle paffe au travers des pores de la rétine & la détache de l'uvée, elle altere les conduits qui portent la nourriture au cristallin, elle pénétre la membrane qui recouvre ce corps, & lafubstance de ce corps même quelle corrompt enfin entiérement.

Voici les fignes de cette maladie. Quand la fonte fe fait par un dépoft d'humeurs, les malades se plaignent dabord qu'ils ne voyent pas ou tres peu, quoi qu'alors on ne remarque aucun changement dans l'œil, hors la pupille qui eft un peu plus dilatée qu'à l'ordinaire, & cette perte ou diminution de vue eft quelques-fois précedée de violentes douleurs à la partie antérieure de la tête & au fond de l'œil, quelques-fois auffi les malades n'en reffentent aucune: peu de tems apres on voit le criftallin fort trouble, & dans la fuite il devient blanc, puis jaune, & alors au moindre mouvement de l'œil on le voit tremblotant & branlant comme une giroüette agitée d'un vent mediocre; l'iris perdant fa couleur naturelle, feridant & fe mouvant tan

tôt en arrière, & tantôt en devant, fuivant qu'il eft agité par ce cristallin flotant.

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Et quand cette fonte eft caufée par un pus amassé au dedans de l'œil, fes fignes font prefque femblables dans fon, commencement, à des cataractes purulentes, ou des autres amas de pus que je décriray ciapres ce qui fait qu'on ne peut dabord certainement juger si ce fera une cataracte branlante, parcequ'on ne fi peut fçavoir fi le pùs aura affez de malice pour corrompre le corps vitré & altérer le criftallin: ainfi ce n'eft que dans la fuite qu'on s'en affûre, & quand on voit que le cristallin alteré branle, comme je viens de le dire.

Ceft cette agitation du cristallin qui a fait estimer à nos Anciens & à nos Modernes, que cette maladie étoit une cataracte de la nature de celles qu'on abaisse, parceque voyants branler ce corps, ils s'imaginoient que c'étoit une membrane qui flotoit dans T'humeur aqueufe : & aparemment qu'en ayant voulu tenter l'abaissement, & ayant reconnu par expérience, que ce corps étant détourné les malades ne voyoient rien, ils auroient conclu de là qu'il y avoit obstruction au nerf optique.

Cette fonte du corps. vitré demeure en cet état pendant le reste de la vie, fans fe communiquer aux membranes qui forment le globe de l'œil, comme je l'ay vû par expérience en beaucoup de perfonnes, travaillez de cette maladie, entr'autres en une femme agée de plus de foixante & dix ans, qui avoit une semblable cataracte depuis plus de trente ans.

On peut rendre raifon de ce fait, fi on confidere que quoique le corps vitré foit détruit & le cristallin alteré, cependant l'humeur destinée par la nature pour nourrir ces corps, ne ceffe pas pour cela de fe filtrer par Fuvée, & par le cercle ciliaire qui ne souffrent aucune altération, & que s'épanchant parmi cette fonte & ce meflange du corps vitré liquifié & de l'humeur aqueufe, elle en adoucit fon acidité, & dautant plus que pouvant circuler de même que je l'ay dit en expliquant la circulation de l'humeur aqueufe, elle peut pareillement entrainer avec elle dans la masse du fang ce qu'il `y a d'acide & d'âcre.

J'ay été fort long-tems fans pouvoir connoître au vray, pourquoi dans cette maladie le cristallin alteré branloit au moindre mouvement de l'oeil, faute d'occafion de pouvoir anatomiser un œil qui fût affecté de cette maladie: mais le 11. de Décembre de l'année 1691. je rencontray par hazard une vache qui en avoit une semblable, je la fis acheter par un boucher pour la tuer, fur l'œil de laquelle je fis l'observation suivante.

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Ayant détaché l'œil de fon orbite, & le tenant à la main, pour peu que je l'agitât, le cristallin s'agitoit auffi de toutes parts.

Je coupay la cornée transparente tout autour du cercle extérieure de l'iris, tenant le fond de l'œil en bas, & le devant en haut, pour empêcher l'humeur aqueufede s'écouler: quand elle fut coupée, il s'en écoula environ une fixiême partie, & j'aperçeus alors le crif

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