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ENCAUMA
CAUM
o Ulcus
fordidum.

une faniê épaiffe, inégale & mauvaise. Il retient le nom d'Ulcere fordide.

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Voila toutes les efpeces d'ulceres que nos Anciens ont décrit, avec les noms qu'ils leurs ont donné, dont on ne doit pas fort fe mettre en peine, pourvû que l'on connoiffe bien la nature de chaque ulcere. Si on vouloit s'attacher à examiner plus particuliérement toutes les autres circonstances qui les peuvent accompagner, on en trouverroit un bien plus grand nombre; mais comme toutes ces circonftances ne font point changer l'ordre de leur traitement, il est inutile d'augmenter le nombre des efpeces de nos Anciens: il fuffit qu'un Chirurgien Oculifte s'applique à reconnoître toutes leurs complications effentielles & principales pour en tirer fes indications curatives.

Les ulceres des yeux font fiaifez à connoître, qu'il ne faut qu'ouvrir l'œil malade pour découvrir leur nature, & dailleurs ceque j'ay dit de leurs différences, renferme en même tems leurs fignes diagnostics.

Pour le prognostic, en général, on peut juger que les ulceres des yeux font des maladies tres fâcheufes, tant pour la difficulté qu'il y a de les guérir, à cause des cruelles douleurs qu'ils caufent à l'œil & à la tête, des violentes inflammations qui les fuivent, & de la nature des parties ulcèrées, que par les autres fymptomes qui les accompagnent fouvent, comme la rupture de la cornée, les excroiffances de chairs, les fiftules, & enfin par les cicatrices qui reftent toûjours apres leur guérifon. Tous fymptomes qui détruifent entièrement la vie, ou qui la diminuent au moins confiderablement.

En particulier, les ulceres qui n'occupent que la conjonctive font moins dangereux que ceux qui paffent à la cornée, & ceux qui font en la cornée opaque, ou dans la transparente, vis-à-vis de l'iris, quand ils guériffent, n'incommodent point la vie par leurs cicatrices reftantes, comme ceux qui fe trouvent vis-à-vis de la pupille.

Plus les ulceres font fuperficiels, plus ils font aifez à guérir, & moins ils incommodent par leurs cicatrices : & plus les ulceres font profonds, plus.il y a à craindre que la cornée fe rompe, que l'œil se flétrisse & que l'uvée forte par la rupture.

Les ulceres qui rendent une fanie claire ou rouffe, & qui eft fi acre, quelle ronge les parties voisines de l'ulcere, les paupières & les autres parties fur lesquelles elle s'épanche, font difficiles à mondifier : & ceux qui rendent une fanie inégale, crouteuse, noirâtre & mauvaise, font auffi tres difficiles à mondifier & doivent faire craindre la fuppuration de tout l'œil.

Ceux qui font entretenus par une fluxion habituel le d'humeurs acres qui fe fait fur les glandes de l'œil, ou fur celles des paupières, comme il arrive fouvent dans les enfants fujets aux tumeurs fcrophuleuses, dans ceux qui font travaillez de fcorbut, verole, ou autre infigne intemperie du fang, ne guériffent point qu'on n'ait auparavant détruis toutes ces mauvaises causes. Et quand ils font entretenus par les poils des paupières qui fe renverfent dans l'œil, ils ne guériffent qu'apres qu'on a arraché ces poils, ou qu'on les a détournez. Les yeux affoiblis par des ulceres précédents ou par

des fluxions, ou par un grand âge, & pour être continuellement expofez aux injures extérieures, faute d'être recouverts des paupières, font fort sujets à être ulcerez, & quand ils le font, les ulceres en font difficiles à guérir,

Un fymptome commun à ceux qui font travaillez de violentes ophthalmie, de playes, de puftules, d'abcez & d'ulceres à la cornée, & de quelques autres maladies, c'est de ne pouvoir fouffrir la lumière du grand jour fans de grandes douleurs : cequi oblige les malades à tenir toûjours les yeux fermez à la prefence du grand jour, & de ne les ouvrir que dans les tenebres, ou lorfque la lumière eft fort foible.

En parlant des maladies de la rétine, j'en ay attribué la caufe à la difpofition inflammatoire de cette membrane, parcequ'il eft impoffible que toutes les parties fenfibles de l'ail, & particuliérement la rétine, ne se reffentent de l'inflammation douloureuse de la conjonctive & de la cornée, foit que cette inflammation foit feule, ou quelle accompagne les playes, les puftules, les abcez, ou les ulceres, puifque même les autres parties voifines de l'œil s'en reffentent.

Une preuve que cette difficulté de fouffrir la lumiére, ne vient point de la sensibilité extraordinaire que la conjonctive ou la cornée contractent dans ces maladies, c'eft que lorfque les ulceres, fi enflammez & fi sensibles qu'ils foient, occupent la cornée transparente, & empêchent entiérement les rayons de lumière de pénétrer l'œil & de fe porter fur la rétine, les malades ouvrent aisément l'œil à la prefence du grand jour fans

en

en fouffrir aucune douleur; & au contraire, quand ils font dans dautres parties de la cornée & qu'ils n'empê chent point le paffage des rayons de lumiére, ou que la cornée ulcérée à encore affez de transparence pour être pénétrée par les rayons de lumière, comme il arrive dans les ulceres les plus fuperficiels & dans quelques autres, fi en même tems il y a de l'inflammation, les malades fouffrent de fi grandes douleurs de la lumiére, qu'ils ne peuvent tenir l'œil ouvert : cequi fait qu'on a beaucoup de peine à faire ouvrir les enfants peu raifonnables, & qu'on eft obligé de leurs ouvrir de force pour reconnoître leurs maladies, ou pour y introduire des remedes.

yeux aux

Cette difficulté de souffrir le grand jour sert même pour le prognoftic des ulceres ou des autres maladies qui la caufent; parceque fi-tôt que l'on voit un malade qui ne peut ouvrir l'oeil fans de grandes douleurs, on juge avant que de l'éxaminer, que la vüe n'est point perdüe.

Pour la cure des ulceres des yeux, on travaille dabord. à réprimer l'inflammation fi elle eft grande, en diminuant, détournant & dérivant les humeurs qui la causent, par le régime de vivre, les lavemens, la faignée, les veficcatoires, les cauteres, & les autres remedes généraux, administrez dans l'ordre & comme je l'ay dit en parlant de l'ophthalmie, & cela, fuivant le degré de l'inflammation,

On doit auffi en même tems fe fervir des remedes topiques qui conviennent à l'inflammation & dont j'ay auffi parlé en la cure de l'ophthalmie, & de ceux qui

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peuvent mondifier les ulceres : & voici l'ordre qu'il faut tenir dans l'usage de ces remedes.

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Si l'ulcere eft fuperficiel, & que l'inflammation foit péu confidérable, on fe fert du collyre fait Avec cinq grains de vitriol blanc, cinq grains de fel de faturne, vingt grains de trochifques blancs de Rhafis, un fcrupule de fucre candit, qu'on diffoût dans Trois onces des eaues diftillées de rofes, de plantain & d'eufraife, dans lesquelles on a fait fondre auparavant Dix grains de gomme arabique en poudre, pour les rendre muccilagineufes: on en fait couler quelques goutes tiedes dans l'œil malade dix ou douze fois par jour, & par deffus l'œil on applique une compreffe trempée dans un collyre rafraichissant, fait Avec un blanc d'œuf, les eaues de rofes de plantain, battuës ensemble.

Ou bien on se sert du collyre de camphre que l'on fait Avec dix grains de camphre, autant de vitriol blanc, &

4. NOTE. Les trochifques qu'on appelle chez les Apotiquaires, Troch fques blanc de Rhafis, ne font pas tout à fait semblables à ceux de Rhafis; puifqu'on en ôte L'opium, auquel on fubftitüe Le camphre, & qu'on y ajoûte La gomme arabique & l'amydon: cependant comme c'est de ces trochifques officinaux dont j'entens parler, j'ay crû qu'il étoit à propos de n'en pas taire la defcription.

On prend Dix drachmes de ceruse lavée, comme je le diray ci apres, Six drachmes de farcocolle fubtilement pulverifee, quatre drachmes d'amydon, des gommes arabique & tragacanth bien pulverifées, deux drachmes de chacune, & une drachme de camphre. On broye le camphre avec un amande pelée dans le petit mortier, on y ajoûte peu à peu une cuillerée D'eau rofe, puis les poudres qu'on triture bien, y ajoûtant encore De l'eau rofe, s'il en eft befoin, pour rendre le tout en confiftance de pâte un peu folide, dont on forme des trochifques, qu'on fait feicher à l'ombre. Il eft affez inutile de nourrir la farcocolle avec le lait de femme puifque ce qu'il en refte quand les trochifques font fecs, ne peut être d'une grande vertu, & que dailleurs on peut ajoûter le lait, fi on le juge neceffaire, dans les collyres que l'on fait avec ces trochifques..

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