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a encore cela de particulier, que les particules qui le compofent font fi preffées les unes contre les autres qu'il eft un des corps les plus pefants qui fe rencontrent dans l'homme & dans les autres animaux, à. proportion de fon volume: comme on le connoît lorfqu'on le plonge dans un verre plein d'eau, au fond duquel il fe fe précipite auffi promptement que promptement que feroit une pierre. J'en ay même plongé dans l'efprit de vitriol & dans l'eau-forte qui font les liqueurs les plus pefantes que je connoiffe, & il s'y eft précipité également.

Je diray à l'occafion de la pefanteur du cristallin, que le corps vitré n'eft pas à beaucoup prés si pesant; car fi on le plonge dans de l'eau, il y flote à peu prés comme fait la cire : cequi fait connoître que lume pefe auffi à peu près comme un femblable volume d'eau.

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Que le cristallin fe nourriffe, je crois que perfonne n'en doute: mais de fçavoir d'où il peut tirer la nourriture puisqu'il n'est adhérent à aucune partie, c'est une queftion que nos Auteurs n'ont encore gueres éclaircie. J'en donneray mes conjectures ci-apres au Chapitre quatorziême & j'expliqueray l'usage de cette partie au Chapitre vingt-uniême.

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De l'humeur Aquenfe.

CHAPITRE XII

E que j'ay dit dans les deux Chapitres précédents du corps vitré & du christallin, fuffit ce me femble, pour prouver que ce ne font point des humeurs congelées & plus ou moins épaiffies, comme on se l'eft perfuadé : car fi par humeur on entend une fubftance liquide qui s'engendre felon nature dans le corps de l'animal, de l'aliment digéré, & qui fert pour la nourriture du corps ou pour d'autres ufages; il eft conftant qu'on ne peut mettre le cristallin ni le corps vitré au nombre des humeurs, puisqu'ils n'ont point la fluidité requife aux humeurs, & qu'au contraire ils fe contiennent aifément dans leurs limites ayant chacun leur propre ftructure, comme je l'ay fuffifamment prouvé ci-deffus: Ainfi on ne doit reconnoître dans l'œil qu'une feule humeur, qui à caufe de fa pureté, de fa tranfparence, & de fa confiftance fe nomme l'Humeur Aqueuse.

Il ne faut pas cependant fe perfuader que cette hu

meur reffemble entiérement à de l'eau : elle a une vifcofité que l'eau n'a pas, & j'ay toûjours reconnu cette vifcofité dans l'opération de l'abaiffement des cataractes, où il fort de cette humeur plus ou moins par le trou qu'on a fait avec l'éguille. J'ay même percé de propos délibéré des yeux d'animaux vivans pour m'en éclaircir davantage, chez lefquels j'ay trouvé que cette humeur

humeur étoit pareillement vifqueufe. Il eft vrai qu'elle l'eft plus ou moins felon que ces animaux se portent plus ou moins bien, & cette différence se remarque même chez les hommes comme je l'ay fouvent expérimenté. Ajoûtez que fi on recueille une quantité fuffifante d'humeur aqueufe, qu'on la faffe évaporer à feu doux il reftera une gelée qui fera affez connoître la nature de cette humeur.

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L'humeur aqueuse remplit tout cet efpace qui se rencontre entre la cornée tranfparente, le cristallin & les côtez antérieurs du corps vitré: ainfi la partie de l'uvée qui forme l'iris baigne dans cette humeur. Elle ne peut paffer au fond de l'œil, parce que le corps vitré l'occupe entierement: d'où vient que dans les oiseaux chez lefquels le corps vitré eft un peu plus petit à proportion du globe de l'œil, que dans l'homme & dans les autres animaux, l'humeur aqueuse se rencontre auffi bien au fond de l'œil comme à la partie antérieure, quoi qu'en moindre quantité, parce qu'elle doit chez eux remplir l'espace que le corps vitié ne peut entiére

ment occuper.

Lorfque cette humeur s'écoule par quelque ponction de la cornée, ou qu'elle fe diminüe par quelque violente maladie, ou par une extrême vieillesse, le globe de l'œil s'affaisse, l'iris fe ride, & les malades ont plus de peine à difcerner les objets. Fort souvent elle se rengendre affez promptement lorsqu'elle s'est écoulée comme je l'ay vû arriver plufieurs fois, & j'en raporteray même quelques exemples dans la fuite, ou qu'elle s'eft diminuée par maladie lorsque les malades viennent

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en convalefcence, & alors la vie fe rétablit ; mais quand elle s'eft diminuée par une extrême vieillesse, il est rare qu'elle fe rengendre. Nos Auteurs en citent cependant quelques exemples.

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De dire précisément d'où cette humeur vient, il me feroit affez difficile, puifque les parties qui la fournisfent, ou plûtoft qui la filtrent de la maffe du fang font d'une délicatesse fi grande, qu'il eft impoffible d'en connoître parfaitement la ftructure; je n'en ay que jectures qui font d'autant plus probables qu'elles s'accordent à la difpofition commune de l'œil & à la regle génerale des filtrations. Je les expliqueray ci-apres au Chapitre 14. & je parleray de l'ufage de cette humeur au Chapitre 21.

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N décrivant l'uvée, la rétine & les deux corps transparens, je me fuis vû engagé de parler du Cercle ciliaire, parce que toutes ces parties s'y attachent; enforte que ce cercle femble être un lieu commun pour les retenir dans la fituation qu'elles doivent garder. Mais comme je n'en ay pas fait une description suivie, ne la pouvant faire entiérement avant que d'avoir décrit ces mêmes parties; j'ay jugé à propos, pour donner une idée moins confuse de cette partie, & pour mieux faire comprendre fon ufage, d'en faire de nouveau une histoire abregée & suivie, auparavant que

d'établir mes conjectures touchant la nourriture des deux corps transparens, & l'entretien de l'humeur aqueuse.

Le Cercle ciliaire eft une manière de petite couronne qui entoure l'uvée avant qu'elle forme l'iris, & qui femble faire partie de l'uvée même, qui eft cependant d'une fubftance différente, & qui colle & attache cette membrane fur le bord de la partie intérieure de la cornée opaque avant qu'elle devienne transparente,

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On diftingue ce cercle le dehors de cette membrane lorfqu'on la fépare de la cornée & apres même qu'elle en eft féparée, car il eft blanchâtre dans l'homme & dans quelques animaux : on le distingue aussi à l'occafion de cette même couleur par le dedans de cette membrane ou on voit fes attaches avec la rétine & avec la membrane du corps vitré.

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De forte que la substance qui forme ce cercle pénétre l'uvée, je veux dire qu'elle paffe entre les interstices des fibres de l'uvée qui fe continuent à l'iris, qui font entiérement remplis par cette fubftance; ou fi on veut l'entendre autrement, que ces fibres de l'uvée passent au travers de la substance de ce cercle. C'est delà que quelques Anatomiftes ont crû que l'uvée finiffoit à ce cercle, & que l'iris n'êtoit joint à l'uvée que par fon moyen, faisans ainfi deux membranes diftinctes de l'uvée mais dans la defcription que j'ay ci-devant faite de l'uvée j'ay tout compris fous une feule memBrane, tant pour ne point multiplier les membranes, que parce que j'eftime que les fibres moyennes de l'iris, font une continuité des fibres membraneufes de l'uvée.

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