Pour te pleurer je devance l'Aurore; PARNY. L'AMANTE ABANDONNÉE. (1) UNE jeune bergère, Les yeux baignés de pleurs, A l'écho solitaire Confiait ses douleurs: Hélas! loin d'un parjure Où vais-je recourir? Tout me trahit dans la nature, Je n'ai plus qu'à mourir. O doux printems, tu viens de naître, Et moi je vais mourir! (1) Cette romance a été défigurée dans plusieurs recueils: alle est ici telle que l'auteur l'avoue. Que de soins le perfide Autrefois sa musette Et je l'entends chanter pour elles Viens voir couler mes larmes Sur ce même gazon Où l'Amour par ses charmes Egara ma raison. Si dans ce lieu funeste Rien ne peut t'attendrir, Adieu, parjure: un bien me reste; Un jour viendra peut-être Tes regrets superflus; Tu verras mon image, Tu m'entendras gémir: Tu te plaindras, berger volage, De m'avoir fait mourir ! LÉONARD. LA FAUSSE INCONSTANCE. SANS effroi pourrez-vous entendre Au sein d'une plaine fertile C'est là que près la jeune Armance D'un autre eût partagé les feux. Lismon d'une si jeune amie Lismon auprès d'autres maîtresses, Chacun veut l'honneur du parjure; De faux amis par des mensonges Dans de vains, mais terribles songes, Leurs parens blâment l'inconstance, Leurs yeux s'ouvrent à la lumière : Vains regrets! pénibles aveux! Le prêtre leur dit la prière. Quelques larmes sont leurs adieux. Au ciel leurs ames élancées Prennent ensemble leur essor. Ils n'étaient plus ; leurs mains glacées Tendrement se serraient encor. |