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Pour te pleurer je devance l'Aurore;
L'éclat du jour augmente mes ennuis:
Je gémis seul dans le calme des nuits;
La nuit s'envole, et je gémis encore.
Naissez, mes vers, etc.

PARNY.

L'AMANTE ABANDONNÉE. (1)

UNE jeune bergère,

Les yeux baignés de pleurs,

A l'écho solitaire

Confiait ses douleurs:

Hélas! loin d'un parjure

Où vais-je recourir?

Tout me trahit dans la nature,

Je n'ai plus qu'à mourir.

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O doux printems, tu viens de naître,

Et moi je vais mourir!

(1) Cette romance a été défigurée dans plusieurs recueils: alle est ici telle que l'auteur l'avoue.

Que de soins le perfide
Prenait pour me charmer!
Comme il était timide
En commençant d'aimer !
C'était pour me surprendre
Qu'il semblait me chérir,
Ah! fallait-il être si tendrę
Pour me faire mourir !

Autrefois sa musette
Soupirait nos ardeurs ;
Il parait ma houlette
De rubans et de fleurs:
A des beautés nouvelles
L'ingrat va les offrir,

Et je l'entends chanter pour elles
Quand il me fait mourir!

Viens voir couler mes larmes

Sur ce même gazon

Où l'Amour par ses charmes

Egara ma raison.

Si dans ce lieu funeste

Rien ne peut t'attendrir,

Adieu, parjure: un bien me reste;
C'est l'espoir de mourir.

Un jour viendra peut-être
Que tu n'aimeras plus:
Alors je ferai naître

Tes regrets superflus;

Tu verras mon image,

Tu m'entendras gémir:

Tu te plaindras, berger volage,

De m'avoir fait mourir !

LÉONARD.

LA FAUSSE INCONSTANCE.

SANS effroi pourrez-vous entendre
La cause de si grands malheurs?
Enfans, il faut bien vous apprendre
Ce qui fit verser tant de pleurs.
Ah! laissez sans art, sans contrainte
S'exprimer vos cœurs ingénus:
Par trop d'orgueil, par trop de feinte
Combien d'amans se sont perdus!

Au sein d'une plaine fertile
Que le Cher baigne en ses replis,
Est un hameau, long-tems l'asile
Des Amours, des Jeux et des Ris.
Des familles, suivant l'usage,
S'assemblaient au déclin du jour:
L'Amitié par son doux langage
Y prêtait un voile à l'Amour.

C'est là que près la jeune Armance
Lismon formait de tendres vœux.
Armance avec indifférence

D'un autre eût partagé les feux.
Leur ame,
douce et généreuse,
Etait belle comme leurs traits,
Et dans cette contrée heureuse
On vantait déjà leurs bienfaits.

Lismon d'une si jeune amie
Croyant voir le feu s'affaiblir,
Par un peu de coquetterie
S'efforce de l'entretenir.
Armance seconde la ruse,
Feint aussi d'aimer un rival.
Ah! que ce jeu qui les amuse
Dans peu
leur deviendra fatal!

Lismon auprès d'autres maîtresses,
Armance avec un autre amant
Se font de leurs fausses tendresses
Un art cruel, un vrai tourment.
Bientôt l'amour-propre se pique;
Les propos respirent l'humeur:
Loin qu'avec franchise on s'explique,
On affecte un air de froideur.

Chacun veut l'honneur du parjure;
L'orgueil prend le ton du mépris.
Las! si profonde est la blessure,
Qu'ils languissent dans les ennuis.

De faux amis par des mensonges
Alimentent ces noirs poisons.

Dans de vains, mais terribles songes,
Se réalisent leurs soupçons.

Leurs parens blâment l'inconstance,
Mais, prenant au mot leurs discours,
Veulent qu'une prompte alliance
Couronne leurs nouveaux amours.
L'amant, plus que jamais fidelle,
Abhorrant tout autre lien,
Par une épreuve trop cruelle
Répand le bruit de son hymen.
Lismon, de ta feinte inhumaine
A quoi sert de te repentir?
Armance succombe à sa peine:
Hélas! rien ne la peut guérir.
La cloche par une agonie
Trouble le repos de la nuit.
Lismon vole chez son amie,
Et mourant tombe sur son lit.

Leurs

yeux s'ouvrent à la lumière :

Vains regrets! pénibles aveux!

Le prêtre leur dit la prière.

Quelques larmes sont leurs adieux.

Au ciel leurs ames élancées

Prennent ensemble leur essor.

Ils n'étaient plus ; leurs mains glacées Tendrement se serraient encor.

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